A 55 ans, Titi (Thierry) Robin revendique un parcours singulier. Autodidacte, il compare son langage musical à l’œuvre du poète, ou du peintre, puisant dans sa palette, sonore en ce qui le concerne, constituée au fil des ans. À la source de sa passion durable, le musicien moustachu, à la voix douce, cite le chanteur persan Mohamed Reza Shajarian ainsi que le virtuose de l’oud, l’Irakien Munir Bashir. L’Andalousie n’est jamais loin. Joueur de cordes (guitare, oud et bouzouq), il s’est imposé peu à peu comme auteur compositeur.
C’est au début des années 1980 que la carrière professionnelle de Titi Robin a pris son essor, soutenue par un bouche-à-oreille fidèle et flatteur. On l’entendit, une première fois, sur disque aux côtés du tablaïste indien Hameed Khan puis en compagnie d’Erik Marchand (disque récompensé par un prix Charles Cros) , pionnier des musiques bretonnes sans frontières. Il n’a cessé, depuis, de partager ses voyages intérieurs, en alternant les formules musicales. Que ce soit en trio ou en quintet (avec un chanteur de flamenco), des albums et des spectacles conjugués avec des projets spéciaux tels que le Kali Sultana, objet d’un disque (chez Naïve).
Titi Robin est donc un de ces « étonnants voyageurs » qui s’impose sur la durée : parti de Rochefort sur Loire en Anjou il a abordé d’autres rives. Jusqu’à vouloir marquer aujourd’hui les étapes de son périple pour le plus grand nombre. Ce fan de Django, dès sa jeunesse, a décidé de présenter ce qu’il appelle sa descendance artistique. Deux ans durant il a enregistré ses musiques aux sources qui les ont inspirées : l’ Inde du Nord, la Turquie et le Maroc. Ce juste et généreux hommage se concrétise en un coffret de 3 CD et 1 DVD (label Naïve) « Les rives », augmenté d’ un livret pour la version « export ». Chaque disque réalisé avec des musiciens et des techniciens locaux est par ailleurs distribué sur place . Beau tour de force en ces temps de « blues » discographique.
Dans son texte de présentation Titi Robin rappelle que sa musique « exprime ce que les mots ont souvent du mal à capter : elle parle de l’extrême solitude de l’âme, de la vérité nue de l’émotion, de la grandeur délicate de l’amour parfois teintée de violence. ». Reliée à l’histoire de peuples de moins en moins étrangers à notre monde cette aventure se poursuivra certainement avec de nouveaux rendez-vous. Titi Robin répond aux questions du blog de La Croix.
– Quelles sont les chansons, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
– Titi ROBIN: Le chant à la Vierge : « Chez nous soyez Reine » que j’adore depuis l’enfance,
La sourate « Yasin » par le Sheikh Abdel Basset Abdel Samad,
La saeta « Ay Pilato » par la Nina de Los Peines,
Le chant de l’Iftar (rupture du jeûne) par Mohammed Reza Shajarian (Mowlana en afshari),
L’angelus du Barzaz Breizh chanté par Yann Fanch Kemener,
Le qawwali « Dhyahar-Eh-Ishq Meh » par Nusrat Fateh Ali Khan,
– Selon vous, Dieu aime-t-il les chansons ?
Dieu contient les chansons, comme il contient tout message d’amour, comme il est présent dans tout art qui recherche la beauté.
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Je ne sais rien de ça, mais ici bas, la musique est un reflet, un écho du paradis.
– Que chantent les anges musiciens ?
Ici bas, chaque musicien est un ange s’il transmet ce reflet du paradis à travers la musique.
– Si la prière était une chanson laquelle choisiriez-vous ?
La chanson est une prière, comme tout acte d’amour, et la prière est une chanson dans la mesure où elle est une parole qui vise à la fusion avec l’absolu, la recherche de la beauté et celle du divin sont liées.
– Qu’aimeriez vous chanter à Dieu en le rencontrant ?
Chaque jour, ma chanson est une prière lorsque je cherche à Le rencontrer.
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les chansons qui sont vos préférées. Les dix chansons à emporter sur une île déserte?
Choix impossible, je le fais sans réfléchir, en laissant de côté d’autres tout aussi importantes:
Camaron de la Isla / Paco de Lucia: « Que mis ojitos te vean »,
Edith Piaf: « Je ne regrette rien »,
Maria Callas: « Casta Diva »,
Georges Brassens: « La non-demande en mariage » ou « Les passantes »,
Mohammed Reza Shajarian: « Tasnif – Ze Dast-E Mahboub »,
Bob Dylan: « I want you »,
Abida Parween: « Sheher Sunsaan Hain »,
James Taylor « Places in my past »,
Mohammed Rafi: « Rang aur noor ki barat »,
Billie Holiday: « This is heaven to me ».
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Je ne sais pas. Peut-être « Je ne regrette rien » de Piaf.
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Il y en a trop: Quelques uns: Jean-Sébastien Bach, Munir Bachir, Camaron de la Isla, Mohammed Reza Shajarian, Naushad, Mohammad Rafi, Maria Callas, Georges Brassens, …
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une chanson, laquelle était-ce ?
Ce matin, Mohammed Reza Shajarian chantant le Masnavi de Mowlana Rumi.
– Si Dieu était une chanson laquelle serait-ce ?
Toute chanson qui reflète un coeur pur.
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Le site: www.thierrytitirobin.com. Très complet, avec dates des prochains concerts en France et à l’étranger.
Facebook:
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Blog « Les Rives » (français)
http://les-rives.thierrytitirobin.com/
Blog « River Banks » (english)
http://river-banks.thierrytitirobin.com/
Videos on line:
http://www.youtube.com/user/TITIROBINVIDEOS
A lire, numéro 141 (janvier-févier 2012) du magazine Trad Mag, avec Titit Robin en couverture et dossier: http://www.tradmagazine.com/
Un texte
« L’âme est légère, telle un souffle, elle traverse les corps, L’âme est lumière… / Je suis en
chemin, seul, sous le ciel d’un crépuscule automnal, je t’en prie, prends ma main et guide
moi. / Les pierres sur le sentier me parlent de toi, les brindilles que le vent balaie me parlent
de toi, le vent siffle ton nom, le rossignol se souvient de ton passage, et moi, je cherche
tes traces en ce monde… / L’âme est légère, telle un souffle, elle traverse les corps. L’âme
est lumière… / (taqsîm ney) / Quand l’orage a éclaté dans le ciel, j’y ai vu un signe de ton
amour. Quand la pluie a inondé le jardin de mon coeur, j’y ai vu un signe de ton amour.
Quand le feu a brûlé mon âme si fragile, j’y ai vu un signe de ton amour. Quand le monde a
oublié jusqu’à mon nom, j’y ai vu un signe de ton amour… / L’âme est légère, telle un souffle,
elle traverse les corps. L’âme est lumière. »
Avec l’extrait du commentaire de Titi ROBIN
« Mon bouzouq, marié dès sa naissance au chant gitan méditerranéen, ressent une parenté forte et ancienne
avec le chant soufi de Turquie et d’Asie Centrale. Il lui semble familier, intime. La poésie mystique de
l’Islam est une source profonde d’inspiration et je suis très heureux d’avoir pu rencontrer Aziz Hardal pour
interpréter ce poème original. »
Mon commentaire Merci Yann pour votre ouverture du coeur
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