Olivier LANDRON, regard sur une sacrée histoire

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L’invité du blog: Olivier LANDRON. Universitaire, professeur en histoire du christianisme contemporain à la Faculté de théologie de l’Université Catholique de l’Ouest-Angers.
Olivier Landron vient de publier un gros ouvrage, passionnant, qui retrace quelques décennies déterminantes en matière de chant et de musique au sein du catholicisme français. Nous reviendrons dans le détail sur cette somme où sont évoqués les grands noms du renouveau, quelques sujets qui fâchent encore et bien des courants de création. Ce parcours agrémenté de nombreux détails nous mène jusqu’aux années 2 000 où s’affichent désormais de nouveaux styles, comme celui de la pop louange. Nouvelle étape dans un univers qui ne cesse de se renouveler grâce à des générations d’ artistes et auprès d’un  public intéressé.  Le catholicisme français au rythme du chant et de la musique (XXème-XXIème siècle). Editions Parole et Silence 578 p., 32 €.
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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
 – Olivier LANDRON: je pense au grégorien en général et au Te Deum, de Charpentier, en particulier.

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Assurément. Tout ce qui touche l’intime de l’homme ne peut qu’aiguiser l’intérêt de Dieu pour ce dernier.
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
On pourra y entendre sûrement du grégorien, des negro-spirituals et des cantiques populaires.
Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
 Toutes les musiques méditatives.
 Que chantent les anges  musiciens ?
La gloire de Dieu.

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
L’Ave Maria, de Gounod.

Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Le Magnificat
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?
1-Le concerto d’Aranjuez, de Rodrigo
2-L’hymne israélien
3-Vingt regards sur l’enfant Jésus, de Messiaen
4-Jésus que ma joie demeure, de Bach
5-La symphonie fantastique, de Berlioz
6-Le boléro, de Ravel
7-El condor pasa (de Daniel Alomia Robles)
8-La Passion selon saint Jean, de Bach
9-Stabat Mater, de Pergolèse.
10-Le Messie, de Haendel
 
Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Peuple de Dieu, cité de l’Emmanuel,
Peuple de Dieu, sauvé dans le sang du Christ,
Peuple de baptisés, Eglise du Seigneur,
Louange à toi ! (du frère Jean-Paul Lécot)
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Bach, Piaf, Aznavour, Rodrigo.
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
 Souviens de Jésus-Christ, du père Lucien Deiss.
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Laudate Dominum, du répertoire de  Taizé.
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A réécouter sur le réseau rcf, la série « Chanter c’est prier »: http://www.rcf.fr/radio/rcf69/emission/derniere/860098
A lire sur le blog musical de la librairie La Procure: http://www.blog-laprocure.com/chroniques-de-nos-libraires/le-catholicisme-francais-au-rythme-du-chant/
A lire, dans La Croix datée du 4 septembre 2014

Quand le chant raconte l’Église

landronLe catholicisme français au rythme du chant et de la musique (XXe-XXIe siècle)

d’Olivier Landron,

Parole et Silence, 576 p., 32 €.

 

A travers les rapports entre catholicisme français et le chant et la musique au XXe siècle, l’ouvrage d’Olivier Landron offre un saisissant portrait de l’évolution de l’Église en France durant cette période.

« Un grand champ à moissonner »,  « Terre entière, chante ta joie au Seigneur », « tu es là au cœur de nos vies » « Les mains ouvertes » « au cœur de ce monde », « peuple de baptisés » ou encore « peuple de Frères », « Debout resplendis »… A un moment ou l’autre, tous les pratiquants catholiques français ont entonné l’un de ces chants. Mais rares sont ceux qui savent quels auteurs se cachent derrière ces « hit religieux » (1). Et plus rares encore, sans doute, ceux qui devinent les polémiques qu’ils ont provoqué au sein de l’Église.

Une plongée dans l’histoire de l’Église de France

De ce point de vue, le pari d’Olivier Landron est totalement réussi : pour l’auteur, historien du catholicisme, « le chant raconte l’Église ». Cela transparait totalement à la lecture de cet énorme et magistral ouvrage (576 pages), un peu fouillis parfois, mais d’une grande exhaustivité: à travers les chants et la musique de messe, et leurs protagonistes, qu’ils soient maitres de chorale, organistes ou prêtres et animateurs, il nous invite à une plongée passionnante dans l’histoire de l’Église de France.
Tout commence au début du XXe siècle, avec le retour du grégorien, par le biais des moines de Solesmes, et parallèlement les premières recherches musicologiques pour « inventer » une musique française. Tout fini, au début de ce XXIe siècle, par l’engouement pour les chants des communautés nouvelles, l’arrivée du rock dans les églises et de la pop louange. Et « au milieu », pourrait-t-on dire, Vatican II et la sécularisation de la société.

Le chant, terrain de combat privilégié des catholiques

L’histoire du chant offre ainsi un miroir fidèle des aléas traversés par l’Église de France. La période qui précède Vatican II est marquée par un impressionnant dynamisme de la recherche musicologique, l’audace  de pionniers, et une volonté de mettre le chant à la portée de tous, qui devance le concile. Une fois de plus, le catholicisme français est aux avants postes. Mais la période post conciliaire, malgré le travail d’auteurs et d’acteurs remarquables aux compositions recherchées, donne le spectacle navrant de guerres sans fin, de choix radicaux, qui, au total, ont sans doute nuit à la beauté de la musique choisie pour « prier Dieu » dans les paroisses. Le chant fut l’un des terrains  de combat privilégié des catholiques de France, où ils s’adonnèrent à leur penchant suicidaire pour la polémique stérile et les procès d’intention idéologiques.
Sous prétexte de favoriser la participation des assemblées, conformément à ce que le Concile avait recommandé, nombre de paroisses rayent d’un trait rapide organistes et chorales, et de ce fait, une certaine exigence musicale. C’est la victoire de « l’animateur de chants », qui a trop souvent manqué de la formation musicale minimale.

Le chant, grand laissé pour compte des années 1970

Comme le note Olivier Landron, ce n’est pas la qualité de ce qui a pu être composé durant ces années qui est en cause, avec des auteurs aussi importants que Didier Rimaud, Jacques Berthier, Guy de Fatto, ou Odette Vercruysse. Mais  plus l’investissement global des responsables catholiques qui a fait défaut. Rares sont les prêtres et plus encore les évêques des années 1970 qui s’intéressent à la musique et furent bien formés. Pour cette génération, la pastorale ne doit pas s’appuyer sur la liturgie, et encore moins sur le chant, grand laissé pour compte de l’époque. Les musiciens délaissent l’Église, après un compagnonnage de plusieurs siècles. Tout comme les « chanteurs en Église », de Jo Akepsimas à Glorious, manquent cruellement de soutien dans les paroisses.  Au fond, le fameux «  Jésus revient », interprété par Patrick Bouchitey dans le film « la vie est un long fleuve tranquille » de 1988, est caractéristique du discrédit dans lequel on tient alors la musique chrétienne.

La musique de messe, formidable lieu d’évangélisation

Mais ces contradictions et difficultés n’empêchent pas la production musicale durant ces années. Côté monastère, grâce aux recherches des abbayes de Tamié, La Pierre qui vire, et du P. André Gouze, le chant monastique français rayonne dans l’Église universelle. Plus largement, avec les JMJ de Paris, les efforts du cardinal Lustiger, la sensibilisation des évêques à cet enjeu, le retour des maitrises et chorales, l’importance du chant pour soutenir la prière communautaire n’est plus nié. La musique de messe est de nouveau considérée pour ce qu’elle est, un art à part entière, formidable lieu d’évangélisation.
ISABELLE DE GAULMYN
(1) Respectivement écrits par  le P. Tassin, Lucien Deiss), Raymond Fau, John Littelton, Didier Rimaud, Jean-Paul Lecot, Michel Scouarnec, Jean-Marc Maurin…

Sur La-Croix.com : le blog de Robert Migliorini « au cabaret du Bon Dieu », et sur le site de la radio rcf.fr, à retrouver la série d’été « Chanter c’est prier », où Robert Migliorini et Martin Féron évoquent soixante ans de chants d’Église.

 
 

3 réponses à “Olivier LANDRON, regard sur une sacrée histoire”

  1. Avatar de pascal guillot
    pascal guillot

    Quelque chose me fait dire qu’il faudrait aussi avoir le pendant  » d’une histoire sacrée « .
    Cette réflexion devrait peut-être être accompagnée par des organistes, maîtres de chapelle, ethno-musicologues ou musicologues afin de ne pas trop perdre en qualité ?
    Je pense également à la situation parfois « électrique » en Corse avec les musiciens…

  2. Avatar de haudemard
    haudemard

    Il semble que l’auteur de l’ouvrage ai fait une omision notoire: les chants du carnet, dit-carnet vert, encore sus-nommé IL-EST-VIVANT, que l’on chante avec joie, et sans difficulté, ( en retenant volontiers par coeur les paroles )… dans les paroisses comme aussi dans les mariages: en particulier –  » je vous ai choisis, je vous ai établis », -« Tu fais ta demeure en nous Seigneur », -Couronnée d’étoile: « Nous te saluons ô Toi, Notre Dame, Marie Vierge Sainte, que drape le soleil »

  3. Avatar de pascal guillot
    pascal guillot

    La parole sacrée est à distinguer de la musique sacrée.
    La confusion générale, crise culturelle oblige, qui règne depuis quelques décennies laisse à croire que des chansons chrétiennes relèvent de l’art liturgique.
    La musique est un langage à part entière et on aimerait bien entendre du silence lorsqu’un interprète joue une pièce d’orgue après que les « animateurs » aient chanté au « micro » lesdites chansonnettes avec une certaine auto satisfaction.

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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