L’invité du blog, Gregory Turpin, auteur, compositeur, interprète.
Un des artistes de référence de la scène chrétienne francophone offre un nouvel album de 14 chansons inspirées par des textes bibliques. Du passage de la Mer Rouge à la Passion du Christ. L’occasion de réunir une dizaine d’auteurs compositeurs. L’album aux couleurs musicales pop invite au partage de la Bonne Nouvelle avec un large public. Le nouvel acte de foi d’un artiste polyvalent sur le front de l’édition, de la musique, de l’image et de la presse.
XII. Un album Première Partie/Decca Records/ Universal.
Le site : https://gregoryturpin.fr/
-Vous revenez avec un sixième album solo en studio intitulé XII (sorti depuis le 17 mars). Qu’évoque ce chiffre XII en chiffres romains ?
– La référence est explicite : il s’agit d’un parcours artistique s’inscrivant dans le droit fil de la Révélation divine. Depuis la promesse faite au 12 tribus d’Israël jusqu’au Christ des Evangiles appelant les 12 disciples et nous-mêmes à leur suite. Il s’agit d’évoquer cet appel, comme en témoigne l’image de la pochette où je tiens une torche éclairant la nuit, à être lumière du monde. Le premier titre « Heureux êtes-vous » (Samuel Olivier) l’indique avec force.
–Vous vous considérez comme en mission ?
– Plus exactement investi d’un quasi ministère, non reconnu certes, celui de toucher par la musique en tant que baptisé un public le plus large possible en leur proposant une chanson de Chrétiens d’aujourd’hui. J’estime que cet album résume pleinement cette ambition qui marque mon parcours. Notamment depuis l’album « Thérèse, Vivre d’Amour » (sorti en 2013) revisitant à frais nouveaux la petite voie de sainte Thérèse de Lisieux.
-Comment mettre ce vaste programme, quasi catéchétique, en chansons ?
-En réunissant une équipe elle-même inspirée. Que ce soit quelques-uns des nombreux auteurs compositeurs venus des églises évangéliques (Canada, France) désormais omniprésentes dans ce registre de la chanson chrétienne et fortes du soutien de leurs fidèles. Comme Sébastien Corn, Samuel Olivier ou Julien Adam. Et, ensuite, mes collaborateurs habituels et des auteurs compositeurs connus dans le registre de la bonne chanson française.
– Plus précisément qu’est ce qui réunit cette diversité?
-A tous j’ai proposé de méditer sur des textes bibliques. Ce qui a donné notamment le titre « La Morsure » où le chanteur Ycare (découvert lors de l’émission La Nouvelle Star) s’appuie à sa façon sur l’épisode de l’Ancien Testament de Joseph et ses frères. Ou encore « L’amour même » où d’autres auteurs connus de la scène musicale française, Lionel Florence et Jacques Veneruso, se sont inspirés d’une lecture de l’hymne à la charité tiré de l’épitre de Saint Paul. Sans oublier « Amour éternel » mon duo avec Natasha St-Pier dans une chanson de Seb Corn et Corinne Simon. Ce n’est donc pas un album à vocation liturgique. Même si le « Notre Père » (avec Sebastien Corn, Samuel Olivier, Pauline Betuel, Tendry et moi-même) ouvre à une prière élargie. A l’image encore de « Communion » en référence à la Sainte Cène et du titre de François-Joseph Ambroselli (Les guetteurs) « L’eau et le sang » évoquant la passion du Christ. Quant aux couleurs musicales je me suis inscrit avec le réalisateur de l’album, Kelyan Horth (collaborateur de Gims, Angèle, M.Pokora) dans le registre de la pop musique.
–L’album offre également une adaptation française d’un titre de Martin Smith (ex-Delirious ? ) «Trouble », traduit par « Tout s’effondre ».
-Mon précédent album « En son nom » proposait vingt-cinq reprises. Je tenais cette fois encore à adapter un grand succès outre-manche « Trouble ». C’est aussi une façon de saluer l’offre désormais majeure que le monde artistique anglo-saxon propose dans le registre de la chanson inspirée par la foi chrétienne.
–Qu’en est-il alors du modèle hexagonal d’artistes chrétiens ? On peut craindre une certaine pénurie ?
– Non. Il y a certes une relève du côté des auteurs et compositeurs francophones. Ceux-là même que notamment mon label Première Partie se donne pour objet d’identifier et de soutenir. Mais il faut admettre que nous ne pouvons plus nous appuyer sur un modèle économique solide. L’industrie de la musique subit une transition radicale. Les ventes d’albums, par exemple, diminuent et, avec, les moyens de vivre de ce métier professionnellement. Notamment pour les petits labels. Le champ est ouvert à des pratiques amateurs qui nécessitent moins de moyens. Alors que le modèle anglo-saxon, notamment dans le domaine de la chanson inspirée, est plus assurée. On peut donc craindre que les artistes chrétiens francophones soient condamnés au silence, faute de moyens et de soutiens. Alors même que le besoin et la consommation de musiques progressent toujours.
–Vous confirmez que ce serait votre dernier album physique dans cette veine ?
-Je le crains même s’il ne faut jamais dire jamais. Il nous faut inventer un autre modèle francophone. Cela dit je vais continuer à chanter sur scène. Comme je viens de le faire à La Martinique. Et prochainement lors de la deuxième édition du Jésus Festival qui se prépare pour cet été. C’est ma vie. C’est ma mission. J’ai nombre de rêves à concrétiser. Et j’aime noter que des artistes aux déjà longues carrières s’intéressent de plus en plus aux concerts dans les églises. C’est le signe d’un renouveau et de fortes attentes. A nous d’être accueillants et de les accompagner dans leurs démarches spirituelle et artistique.
Recueilli par Robert MIGLIORINI
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