Étienne Loraillère. Directeur de la rédaction de la chaîne KTO.
– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
–Étienne Loraillère: Les chants des Fraternités monastiques de Jérusalem, qui accompagnent souvent ma prière…
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Oui, sinon il aurait depuis longtemps demandé aux anges et aux psalmistes de se taire…
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Celles que nous aimons. Sans doute s’harmonisent-elles enfin, comme nous.
– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Je suis particulièrement sensible au chant polyphonique. La voix humaine qui monte du fond d’un coeur jusqu’au Ciel, mais qui ne peut s’ajuster qu’avec l’écoute simultanée de l’autre… L’expérience du chant dit quelque chose de la communion possible des coeurs, sur la terre, orientée vers Dieu.
– Que chantent les anges musiciens ?
Dans nos campagnes ? L’angélus ! Sinon, L’Agnus de Samuel Barber ou le Miserere d’Allegri.
-Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Le Stabat Mater de Pergolese. Devant le Christ en croix, mais aussi auprès de ceux qui souffrent, suis-je capable de me tenir là en prière comme la Vierge Marie, sans fuir ? Fac me tecum pie flere, crucifixi condolere, donec ego vixero…
– Qu’aimeriez-vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Un Kyrie eleison probablement ?
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
Allez, un peu d’éclectisme…
I still haven’t found what I’m looking for, de U2
Brothers in arms, de Dire Straits
Summertime interprété par Ella Fitzgerald
Stabat Mater, de Pergolese
Musique pour les funérailles de la reine Mary, de Purcell
Le Requiem de Fauré
La grande messe en Ut mineur de Mozart
La quête, de Jacques Brel
Un monsieur attendait, des Frères Jacques
Dans la joie, de Glorious
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Veni creator spiritus…
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Voir l’avant-dernière réponse…. Au-delà des grands du passé, j’aime bien découvrir les générations actuelles d’auteurs-compositeurs, comme dans Concert Intime sur KTO avec Grégory Turpin et ses invités: Alexia Rabé, Matt Marvane, Twins Phoenix, Yasmina di Meo… Et ce mois-ci, Jessica Dorsey. On les retrouve tous ici: http://www.ktotv.com/emissions/visages-de-l-eglise/rencontres/le-concert-intime
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Le Magnificat en Ré majeur de Bach, notamment le Et Misericordia, par le Concentus Musicus Wien de Nikolaus Harnoncourt. Probablement du fait de l’Année Sainte de la miséricorde et tout ce qu’on peut entendre à ce sujet…Dommage que le Magnificat en français ne retienne pas le mot même de miséricorde. La miséricorde du Seigneur s’étend d’âge en âge: c’est parlant, non ?
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Si ce n’est par le visage du Fils, comment imaginez Dieu en une chanson ? La question amusante me plonge dans une réflexion étrangement silencieuse, après avoir « réentendu » toutes ces musiques à travers ce questionnaire… Dieu serait pour moi silence, non pas du silence vide mais le silence de la prière d’oraison qui comble le coeur ?
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A lire dans LA CROIX du 23 septembre 2016:
KTO, c’est soixante-dix permanents, pour moitié journalistes et animateurs. / Stéphane Ouzounoff/Ciric
La chaîne KTO a aménagé l’an dernier dans la banlieue sud de Paris, à Malakoff, dans l’ancienne usine d’un sous-traitant de l’aéronautique. Soixante-dix permanents, dont une trentaine de journalistes et animateurs, travaillent sous cette cathédrale métallique, aux murs blancs immaculés. Après cinq déménagements en quinze ans, la chaîne a acquis ce siège de 1 900 m2, en payant moins chaque mois pour le remboursement de son emprunt qu’aupa – ravant pour ses loyers à Issy-les-Moulineaux.
Une collecte de 9,2 millions d’euros
« Devenir propriétaire avait un intérêt pour la survie de la chaîne », souligne sa directrice générale, Philippine de Saint-Pierre. Les téléspectateurs ont largement répondu aux campagnes de dons pour ses travaux d’aménagement. En 2015, la chaîne enregistrait ainsi la collecte la plus importante de son histoire, avec 9,2 millions d’euros venus de 265 000 donateurs (contre 8 millions d’euros et 245 000 donateurs en 2014).
> À lire : La chaîne KTO fait appel aux dons pour s’installer à Malakoff
Au total (avec les produits exceptionnels de l’exercice, les abonnements, la publicité…), la chaîne disposait l’an dernier d’une enveloppe de 13 millions d’euros, dont 79 % ont servi à l’exécution de sa mission de production de programmes (59 % d’émissions, 21 % de directs et 20 % de documentaires).
La « chaîne de télévision catholique francophone » créée en 1999 par l’archevêque de Paris, le cardinal Jean-Marie Lustiger, a ainsi pris un nouvel envol, deux ans après un troisième échec de sa candidature à la TNT. Un mal pour un bien ? « Comme toutes les chaînes à l’époque, KTO devait se financer par la publicité, elle-même fondée sur l’audience, qui supposa l’accession à la TNT, résume la chaîne dans son dossier de présentation. Le CSA refusa cet accès, ce qui remit en cause le modèle. Il fallut en inventer un autre : le recours aux dons, c’est-à-dire à l’abonnement volontaire. »
La multiplication des canaux de diffusion (box ADSL, réseaux câblés, satellite AB3, Web et réseaux sociaux) et le succès des collectes ont conduit la chaîne à renoncer à demander un canal sur la TNT. « Nous n’avons pas été recalés pour des raisons de manque de solidité de dossier, puisque même nos concurrents louaient la qualité de notre travail et notre ouverture aux autres religions. Nous l’avons été pour des raisons idéologiques », estime Philippine de Saint-Pierre, tout en soulignant que ce refus a permis à la chaîne de prendre très tôt « le virage de la révolution numérique ».
Rajeunir les donateurs
L’« immense masse » de la collecte provient aujourd’hui de petits donateurs, qui envoient des chèques de quelques dizaines d’euros. « Nous allons continuer à élargir le nombre de donateurs, et aussi à les rajeunir », souligne Vincent Redier, le président du conseil d’administration de KTO.
> À lire : KTO, la « différence catholique » sur le petit écran
« Nous travaillons aussi sur les micro-dons, renchérit Philippine de Saint Pierre. Nous sommes très présents sur YouTube, les applications mobiles, la télévision connectée, ce qui nous permet de toucher de plus en plus de jeunes », intéressés par des dons ponctuels ou sous forme d’abonnements via des modes de paiements numériques.
Les programmes courts (de 3 à 7 minutes), qui connaissent un succès auprès des plus jeunes et se diffusent très vite sur le Web, ont été démultipliés dans la nouvelle grille (avec 11 nouveautés sur 14).
Parmi les nouveautés, citons « Le Caté en 3 minutes » – un dessin animé en 72 épisodes, dans lequel le P. Johannes M. Schwartz explique de façon simple et ludique les enseignements de l’Église –, « Écologie humaine » – à travers des exemples concrets de nouveaux comportements, Tugdual Derville appelle à une « révolution de la bienveillance » – ou encore « Quèsaco », où le P. Bernard Klasen explique un mot ou un concept catholique.
Bon sens et plaisir des sens
Quatre nouvelles émissions sont aussi proposées cette année. Le vendredi soir (à 20 h 40) alterneront une fois par mois les émissions de débats « Sans langue de buis » (discussion entre des chrétiens et un évêque sur un thème) et « Déo et Débats » (échange libre sur l’actualité autour d’invités).
Le jeudi (à 19 h 40), les téléspectateurs s’initieront à « la vie concrète des entreprises » dans « Le travail dans tous les sens » (débat entre Joseph Thouvenel et Édouard Tétreau) ou au plaisir des sens et au bon sens avec « La cuisine des monastères ». Un moine ou une religieuse feront découvrir à François Lespes une « recette simple, pas chère, de saison, et emplie de spiritualité ».
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