L’invitée du blog: Anne-Laure Danet. Pasteure, Responsable du Service des relations avec les Eglises chrétiennes de la FPF (Fédération protestante de France) , co-secrétaire Conseil d’Églises chrétiennes en France.
A écouter sur Radio France, le dialogue protestants catholiques. Avec Miguel Desjardins De la Communauté de Chemin Neuf et directeur du Service national pour l’unité des chrétiens
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–Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
– Anne-Laure Danet; La cantate 62 de Buxtehude « Jesu meines Lebens Leben », la cantate 161 de JS Bach « Komm, du süße Todesstunde » que je prépare pour des concerts
–Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
La création tout entière est rythme, son, souffle. Commentant le Psaume 96,1 « chantez pour le Seigneur un cantique nouveau, chante pour le Seigneur, terre entière ! », Saint Augustin affirme « le chant est l’expression de l’amour. Le cri du chantre sacré est la ferveur de l’amour divin ». Dieu est amour.
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Le chant de louange de toute la création, de toutes les créatures remplies de la joie parfaite et de la paix de Dieu
–Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Comme le rappelle l’épître aux Colossiens (1,17), psaumes, hymnes, cantiques inspirés et toute musique qui provoque l’émotion juste, touchant tout l’être dans ce qu’il est, dans ce qu’il ressent et dans ce qu’il vit le conduisant à se laisser saisir par la présence de Dieu.
–Que chantent les anges musiciens ?
« Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, paix sur la terre et bienveillance parmi les hommes » Luc 2,14
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Le Psaume 117
– Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
« Mon Seigneur et mon Dieu »
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
Dixit Dominus de Haendel
Les concertos pour mandoline de Vivaldi
La flûte enchantée de Mozart
La symphonie n°5 de Vaughan Williams
La Stravaganza de Vivaldi
Le cornet et la musique germanique, Dietrich Buxtehude
Les nocturnes de F. Chopin
Les psaumes de la Réforme
Quand on a que l’amour, J. Brel
Je te donne, Jan-Jacques Goldman
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Ce cantique du XX ème « chante alléluia au Seigneur » chanté par plus de 3000 personnes
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Ceux dont je joue le plus souvent les oeuvres : JS Bach, Marin-Marais, Telemann, Vivaldi
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Le requiem de Fauré
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Parmi bien d’autres, l’Oratorio de Noël de J. S Bach
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A lire dans La Croix
Anne-Laure Danet : « Tout dialogue est une démarche de conversion »
Préparer le synode sur l’avenir de l’Église (4/9) : « Avec les confessions chrétiennes ». Des témoins réfléchissent à partir des questions du Document préparatoire envoyées aux catholiques du monde entier. Entretien avec Anne-Laure Danet, pasteure, responsable des relations avec les Églises chrétiennes à la Fédération protestante de France.
Pour la pasteure, « la question de la synodalité touche toutes les traditions chrétiennes ». Bruno Levy pour La Croix
La synodalité est dans l’ADN des protestants. Que représente-t-elle pour vous ?
Anne-Laure Danet : C’est une organisation de l’Église. Pour les protestants, l’Église est d’abord un événement. Elle naît de la proclamation de la parole de Dieu par le moyen de la prédication et des sacrements (le baptême et la cène). Le culte a une place centrale parce que c’est un lieu de ressourcement où entendre cette Parole. Le pasteur a cette fonction de prédication et d’administration des sacrements au service de l’Église. Il n’a pas un état de vie qui le met à part comme le prêtre dans l’Église catholique.
La vie de l’Église est l’affaire de tous, c’est pourquoi nous sommes organisés selon un système presbytéro-synodal. Tout sujet est d’abord étudié dans l’Église locale pour ensuite être travaillé dans le cadre du Synode régional s’il y en a un comme en France, puis au Synode national. Dans ces assemblées, un pasteur a la même place qu’un laïc et un savant équilibre permet que l’ensemble de l’Église soit représenté. Enfin, la conception de l’autorité n’y est pas à sens unique. L’Église comme le Synode renvoient à la seule autorité de Dieu. C’est pourquoi, il y a toujours des allers et retours. Nous parlons d’une autorité circulaire, partagée.
Quel regard portez-vous sur le synode de l’Église catholique ?
A.-L. D. : Ce synode est une chance inouïe. Les fortes secousses produites par le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) et par la crise sanitaire ont induit une souffrance dans le peuple de l’Église catholique et le clergé. Je sens chez de nombreux fidèles une attente considérable, une volonté de changement. Cette question de la synodalité touche toutes les traditions chrétiennes. Je pense que nous pouvons travailler ensemble ce sujet pour nous enrichir les uns les autres. Notre expérience protestante ne se pose pas en exemple mais peut contribuer à apporter une aide dans la réflexion. N’oublions pas que l’enjeu est de permettre à chaque croyant de devenir adulte dans la foi et de partager cette bonne nouvelle de Jésus-Christ avec les autres. Pour moi, c’est un sujet fort de prière parce que je crois que, là où les choses sont grippées, Dieu ouvre des possibles.
Vous êtes engagée dans le dialogue œcuménique depuis une trentaine d’années. Où en est aujourd’hui ce dialogue, en particulier entre protestants et catholiques ?
A.-L. D. : Il a considérablement avancé. Entre catholiques et protestants, nous avons abordé tous les sujets. Il en existe encore trois sur lesquels nous sommes dans des impasses : nous avons des compréhensions et des définitions différentes de l’Église, et donc des ministères et de l’eucharistie. Pour aborder d’une manière nouvelle ces questions, nous sommes dans une phase de renouvellement des méthodes du dialogue.
Quelles sont ces nouvelles méthodes ?
A.-L. D. : Une méthode qui a porté des fruits est celle du consensus différencié. Nous notons des différences, mais celles-ci ne sont pas séparatrices. Et nous nous mettons d’accord sur des éléments communs suffisamment forts pour dire que nous partageons l’essentiel. C’est ainsi que les luthériens et les catholiques ont pu signer en 1999 la déclaration commune sur la doctrine de la justification qui était le point de rupture à la Réforme. Elle a ensuite été signée par les réformés, les anglicans et les méthodistes. Aujourd’hui, il s’agit de la faire connaître dans nos Églises locales car, si nous proclamons le même salut, rien ne nous empêche de faire, par exemple, de la catéchèse ensemble.
Une autre méthode est l’œcuménisme réceptif. Jusqu’à aujourd’hui, chacun exposait à l’autre sa position. Nous voyions les différences et les points communs ; nous cherchions les convergences et nous expliquions les divergences. Dorénavant, au lieu d’exposer ma position, je commence par écouter l’autre en me demandant ce qu’il a de fort, quelle est la spécificité, la richesse de sa tradition. Parfois, ce ne sont pas des différences qui nous séparent, mais des accents. En écoutant l’autre, j’interroge ma propre tradition : que me manque-t-il que, lui, a réussi à développer ? Bien entendu, il ne s’agit pas de faire du copier-coller, mais d’adapter, de traduire ce que je comprends de la tradition de l’autre dans la mienne. Ainsi, une certaine porosité peut avoir lieu, y compris à l’intérieur de chaque Église où il existe différentes sensibilités.
Enfin, une méthode très intéressante est celle de la guérison des mémoires. Pendant très longtemps, les protestants se sont définis contre les catholiques. À l’occasion des 500 ans de la Réforme, un travail de mémoire a abouti à un texte intitulé « Du conflit à la communion », dans lequel catholiques et protestants ont écrit une histoire commune de la Réforme. Nous ne pouvons pas changer l’histoire mais la manière de la raconter peut conduire à des relations apaisées.
Vous évoquez une certaine porosité. Pour qu’il y ait dialogue, faut-il qu’il y ait imprégnation ou déplacement ?
A.-L. D. : Tout dialogue est une démarche de conversion au sens évangélique du terme : un changement de direction. Quand j’en ressors, je ne suis plus la même. Je vois l’autre différemment. Il n’est plus quelqu’un que je découvre, mais quelqu’un que je connais avec qui je vais pouvoir partager, avancer. Quand j’étais pasteure dans le 14e arrondissement à Paris, j’ai beaucoup travaillé avec un ami prêtre catholique. Un jour où nous discutions de notre rapport à Marie, il m’a expliqué pourquoi il avait besoin de la prier. Cela m’a permis de comprendre, non d’adhérer. Quand nous nous retrouvions, nous priions ensemble le Notre Père et il priait aussi Marie. Ces petits déplacements, je les perçois encore plus dans la lecture commune de la Bible. Je développe une version œcuménique de la lectio divina, cette méthode de lecture méditative des Écritures reçue des catholiques. Quand nous sommes en confiance les uns avec les autres, et à l’égard du texte, il se passe quelque chose. Une parole vient tout à coup percuter mon existence et éclairer ma journée. Ces éclats de résurrection me font penser et être autrement. Ils m’aident à prendre des engagements dans ma vie.
Nous sommes dans la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Pourquoi ce temps est-il nécessaire ?
A.-L. D. : Un des enjeux de l’œcuménisme est « la pleine communion », c’est-à-dire de nous reconnaître mutuellement pleinement Église de Jésus-Christ. Cette semaine nous rappelle que nous sommes encore divisés. C’est une souffrance. Prier ensemble est essentiel, dialoguer dans la confiance est une force pour mieux vivre notre foi et partager à nos contemporains notre joie de croire. La vie chrétienne est de l’ordre de l’élan, c’est pourquoi les réformes ont du bon et permettent de se recentrer sur l’essentiel. Dans la Bible, le mot « crise » désigne le carrefour. Il s’agit de discerner la direction à prendre, d’en faire un moment favorable.
« Avec les autres confessions chrétiennes ».Extraits des 10 pôles thématiques duDocument préparatoire pour le Synode des évêques sur l’avenir de l’Église.
• Le dialogue entre chrétiens de diverses confessions, unis par un seul baptême, occupe une place particulière sur le chemin synodal.
• Quelles relations entretenons-nous avec les frères et sœurs des autres confessions chrétiennes ?
• Quels domaines concernent-ils ?
• Quels fruits avons-nous recueillis de ce « marcher ensemble » ?
• Quelles difficultés aussi ?
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