Vatican II avait été l’occasion d’une contribution significative de laïcs, hommes et femmes, aux travaux conciliaires, en particulier pour penser le dialogue de l’Église avec le monde. Le thème du prochain Synode des évêques, « Pour une Église synodale : communion, participation et mission », incite à une participation renouvelée des laïcs. Le pape François a insisté dessus à diverses reprises récemment et l’a marqué avec force en ouvrant les ministères institués aux femmes.

Une Église synodale est en effet une Église où tous les fidèles, qui jouissent d’une égale dignité, cheminent ensemble, en communion les uns avec les autres. Chacun est invité, selon sa vocation propre, à participer activement et effectivement à la mission commune de l’Église. Comme disciple-missionnaire, chacun est appelé à annoncer l’Évangile là où il est et, par là même, à être coresponsable de la destinée de l’Église, en chemin.

Dès lors, il apparaît crucial pour l’avenir de l’Église, secouée par les crises, que la participation des laïcs au prochain Synode soit marquée par une certaine effectivité, dans le respect de la nature même de l’institution synodale, Synode « des évêques ». La récente nomination d’une religieuse comme sous-secrétaire au Synode des évêques, avec droit de vote, laisse espérer que des laïcs, hommes et femmes, puissent avoir également le droit de vote au prochain Synode. L’exercice de la coresponsabilité des laïcs s’enracine dans leur dignité de baptisé. Toutes les vocations sont nécessaires à l’Église, participent du plan de Dieu et sont destinées à s’épanouir en relation – non pas dans une logique de concurrence ou de quête d’espace de pouvoir, mais au service de l’Église et de l’humanité.

L’effectivité d’une telle coresponsabilité, signalée par l’accès de laïcs au droit de vote, est rendue particulièrement urgente du fait à la fois de la crise actuelle des abus sexuels et de la situation de pandémie. Ce sont le plus souvent les laïcs qui ont dénoncé, de manière prophétique, les abus dans l’Église. Leur mission d’interpellation au concile, traditionnelle dans la vie de l’Église, comme l’a très justement relevé par le passé Yves Congar (2), est plus que jamais d’actualité. La situation de pandémie a également mis davantage au jour combien les laïcs sont des missionnaires de proximité auprès de leurs frères et sœurs en humanité en souffrance.

Le chemin synodal, qui est écoute commune de l’Esprit, peut être commencé dès maintenant. Sans attendre la rencontre de Rome d’octobre 2022, il est nécessaire que, au niveau local, une réflexion s’amorce : comment vivre davantage de la synodalité dans nos paroisses et nos diocèses, dans nos mouvements (3) ? Expérimenter la coresponsabilité en Église, c’est aussi témoigner de notre foi auprès de nos contemporains.

(1) Auteure de L’Heure des laïcs. Proximité et coresponsabilité, Salvator, 2021.

(2) Yves Congar, Jalons pour une théologie du laïcat, Paris, Cerf, 1954, p. 337.

(3) Joseph Komonchak, Theological Perspectives on the Exercice of Synodality, in Lorenzo Baldisseri ed., A cinquant’anni dall’Apostolica Sollicitudo : Il Sinodo dei Vescovi al servizio di una Chiesa sinodale, Vatican, Libreria editrice vaticana, 2016, p. 355.

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