Véronique Stouls a mis en musique des textes de Christian de Chergé, moine de Tibhirine.
Il y a 22 ans, 7 moines de Tibhirine étaient enlevés et retrouvés morts assassinés deux mois plus tard. De nombreux artistes évoquent désormais la vie, le destin et l’héritage spirituel des moines. Parmi ceux-ci des musiciens dont le chanteur Daniel Facérias, avec le CD « Tibhirine » ; le slam de Fabrice Bravard que l’on retrouve sur le net en faisant « Slam Tibhirine » lien ci-dessous :http://www.moines-tibhirine.org/accueil/36-articles/147-intro-testament.html; et le cantique « en hommage à l’abbé Christian de Chergé (1937-1996) », musique Christopher GIBERT 2016 (Rocamadour).
Véronique Stouls vient de rejoindre ces premières œuvres. Il s’agit de 8 chants inspirés par les écrits du prieur de Tibhirine. Ces compositions ont été déjà chantés dans l’église d’Ancône (Drôme), qui garde la mémoire des moines de Tibhirine et de frère Christophe en particulier, dont la sœur habite le village. Des veillées doivent être aussi organisées à Valence, puis à Nice. Les titres mis en musique : « Priants parmi d’autres priants » reprend la devise que le monastère s’est donnée à partir de 1975 ; « Église en Visitation » reprend la méditation de Christian sur l’Évangile de la Visitation… rencontre de Marie et d’Elisabeth image de toute rencontre, en particulier de l’Église catholique en terre d’islam ; « Chemin de croix », méditation sur la croix, après la question d’un ami soufi à Christian. Quand je regarde Jésus en croix, je vois 3 croix : il y a celle de devant, celle de derrière, et… le passage de la croix de derrière à celle de devant. Apprendre à ré-ouvrir les bras sur le lieu même de nos blessures ; « Pour contempler avec le Père », inspiré par une phrase du testament : « Voici que je pourrai, s’il plait à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui ses enfants de l’islam tels qu’il les voit… » ; « Jusqu’à l’extrême », inspirée par une homélie du jeudi saint : « il m’a aimé jusqu’à l’extrême » ; « Eucharistie », inspiré par la même homélie (je rêvais d’une fusion de moi en Lui, c’est une transfusion qu’il me faut. Son sang dans mon sang, sa chair dans ma chair, son cœur dans le mien » ; « De naissance en naissance ». Relecture par Christian de Chergé la veillée de Noël 1993, avec la « visite » du GIA. Fêter Noël au milieu de la violence. Notre identité d’homme va de naissance en naissance. » ; « Visitation » autre chant sur l’Évangile de la Visitation.
Véronique Stouls est née en 1967 à Valence. « Très tôt j’ai eu la chance de faire partie d’une chorale d’enfants. J’y ai développé mon oreille et ma mémoire musicale, et j’ai découvert le bonheur de chanter en chœur. J’ai découvert la composition grâce aux hymnes de Didier Rimaud. Je ne connaissais pas leur mise en musique et j’avais très envie de les prier, alors je me suis mise à composer mes propres mélodies. Des ami(e)s nous ont encouragés à les faire connaître. Puis, petit à petit, j’ai commencé à écrire aussi le texte de mes chansons. Nous avons alors proposé, avec mon amie Christel, guitariste, des veillées où nous faisions entendre ces chants. Notre spécificité, c’est que nous apprenons à l’assemblée les refrains, pour qu’ils puissent chanter avec nous. Des ami(e)s proches travaillaient sur les écrits de Christian de Chergé, prieur des moines de Tibhirine. J’ai donc eu l’occasion de lire beaucoup de ses textes, et de découvrir l’histoire des moines. Cela m’a profondément touchée. Quand un texte résonnait fort en moi, je souhaitais qu’il m’aide à prier… j’ai alors écrit des chants inspirés par les écrits de Christian. … avec le désir de faire connaître ces chants plus largement, et grâce à eux la spiritualité de la rencontre qui a fait vivre les moines. »
Présentation de l’auteur.
Le décret de béatification de Mgr Pierre Claverie, ancien évêque d’Oran, et de ses 18 compagnons tués en Algérie dans les années 1990 a été rendu public samedi 27 janvier 2018.
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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées ?
– Véronique Stouls : Je garde une tendresse particulière pour le requiem allemand de Brahms. Le messie, de Haëndel. Les passions de Bach. « Amour qui planais sur les eaux », « Voici la nuit », chantés par 3 prêtres de mon diocèse, le trio Apollinaire. (le cd tourne en boucle dans ma voiture, en ce moment). Et puis tant de musiques diverses. Musique classique, musiques traditionnelles, jazz…Un air de guitare, un solo de flûte…Dès que c’est beau, ça évoque Dieu !
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Bien sûr ! Les anges chantent constamment ! Comme dirait Didier Rimaud : « Je n’ai pas voulu créer la musique, dit Dieu, je vous ai laissé le soin de l’inventer pour votre joie et pour ma gloire, afin que vous ajoutiez vous-mêmes à la beauté du monde que je vous donne…Je vous ai faits… pour que vous fassiez de toute chose musique et que vous-même deveniez musique, à l’image de ce que je suis. »
–Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Un peu de tout. Quand je suis à la messe, et que j’entonne le Sanctus, avec les anges et tous les saints, je me dis que le paradis doit résonner de Sanctus à toute heure du jour et de la nuit, et dans toutes les langues. Ça me met en joie.
– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Je suis très attachée aux paroles des hymnes, qui invitent à la prière grâce à de belles mises en musiques. Dois-je l’avouer ? Je suis aussi très attachée au silence. Il y a des silences denses qui portent les prières du monde.
– Que chantent les anges musiciens ?
Sanctus, donc, en une multitude de langues.
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
« Prend Seigneur et reçois tout ce que je possède… et donne-moi seulement de t’aimer ».
– Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Je risque d’être bouche bée… ou alors, j’arriverai à peine à exprimer : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte ?
Il y a celle évoquée dans la première question.
Il y a celles que j’écris… parce qu’elles portent ma prière.
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Je l’ai mis en musique parce qu’il m’a beaucoup marquée, un texte de Didier Rimaud : « Que pour chaque douleur se lève une tendresse, qu’il y ait plus d’amour qu’il n’y a de misère, qu’il y ait plus de paix qu’il n’y a de colère, et bien plus de bonté qu’il n’y a de détresse. »
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Didier Rimaud tout d’abord, souvent mis en musique. En fait, dans une île déserte, outre la bible, je commencerais par emporter l’intégrale de ce qu’il a écrit. Et puis, j’aime particulièrement côtoyer des musiciens, compositeurs ou interprètes. Ceux qui comptent pour moi sont ceux avec qui je peux partager un moment musical… quel que soit leur niveau. Je ne suis pas très « disques ». J’aime par-dessus tout la musique en train de se faire.
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
La chanson qui m’émeut encore quand je pense à elle, elle a été écrite par un ami prêtre. Elle s’appelle « Il n’y a pas de mot ». Elle a été écrite pour un décès. « il n’y a pas de mot pour délier les chaînes entravant ceux qui souffrent et burinant leurs corps, il n’y a pas de mot pour dire toute la peine, l’obscur fond du gouffre où nous plonge la mort… Mais il n’y a pas de mot non plus pour dire la foi, seulement des visages porteurs de paix profonde. Il n’y a pas de mot mais il reste une joie incomprise des sages de notre triste monde… »
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
… ?
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A écouter sur le réseau rcf, l’émission du 27 mars 2018 : https://rcf.fr/actualite/l-heritage-spirituel-des-moines-de-tibhirine.
Mon commentaire Merci Yann pour votre ouverture du coeur
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