Glorious sort un nouvel album intitulé Royaume, volume 1, né en partie lors du premier confinement.
Glorious est en concert ce jeudi 15 décembre 2022 au Palais des Congrès, à Paris.
Voir l’article de Malo Tresca dans le numéro daté du 15 décembre 2022.
https://www.la-croix.com/JournalV2/Vingt-ans-Glorious-garde-place-sommet-2022-12-15-1101246583
Le douzième album du groupe né en 2002 offre l’occasion de faire le point avec Thomas Pouzin, qui conduit le groupe aux côtés de son frère Benjamin, sur l’actualité de Glorious, la place de la musique dans la vie des communautés et celle de la pop louange.
Le site : https://glorious.fr/
Sur rcf, dans l’émission Inspiration, retour sur les premières années Glorious
https://rcf.fr/culture/musique/glorious-au-coeur-de-la-louange-12
Pour Noël le groupe a proposé depuis leur salon un moment de prière à revoir en famille
Sur Rcf, chanson chrétienne de l’année pour l’auteur compositeur Thomas Pouzin
La chanson Viens soit ma lumière, écrite pour Natasha St Pier (Album Croire) vient d’être distinguée par les équipes de rcf (radios chrétiennes francophones) comme chanson chrétienne de l’année 2020.
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–Royaume, volume 1, le nouvel album de Glorious vient de sortir. D’où est inspirée cette vision du royaume ? Du ciel ou de la terre?
-Thomas Pouzin (Glorious) : bonne question ! Les deux, le divin et l’humain, le céleste et le terrien. La réponse est encore dans le visuel de la pochette où apparaissent une même couronne partagée en deux moitiés: d’un côté celle d’un roi et de l’autre une couronne d’épines, à l’image de la Passion du Christ. C’est la dualité de la vie humaine et chrétienne que nous voulons donc évoquer dans ce premier volume. Bien sûr la louange, les chants festifs, sont notre choix de départ mais impossible d’être exempts de souffrance. Nous vivons les mêmes preuves que tout un chacun. Sans toujours comprendre ce qui nous arrive. L’élan de fond de Royaume est que Dieu est là, que son Royaume est parmi nous et qu’il est la lumière au bout du chemin. Y compris en ces temps d’incertitudes. Au terme de la traversée du désert il y a le Père prodigue qui nous attend les bras ouverts. En choisissant de parler de Royaume nous avons également souhaité questionner et nourrir des échanges.
–L’album est né pendant le premier confinement. C’est aussi cette circonstance de pause imposée qui vous a permis d’écrire ces nouveaux titres ?
En partie. Glorious n’enregistre jamais par devoir. Nous comptions avec Benjamin et le groupe sortir un nouvel album. Sans que l’échéance soit précise. Et voilà que notre tournée a été interrompue par le premier confinement. Nous avons donc écrit et composé chacun de notre côté. Nous nous sommes retrouvés en septembre dernier et avons partagé comme à notre habitude le fruit de ces semaines de composition. Nous avons constaté que nous avions des titres assez forts pour enregistrer un nouvel album. Et même que cette première offre serait suivie dans le courant 2021 d’un second volume. En attendant la reprise des tournées.
–Ce qui correspond toujours pour vous à un ministère à exercer. Pouvez-vous préciser comment vous l’envisager ?
Oui nous considérons que l’activité de Glorious correspond à un ministère, au sens d’une charge en vue du bien de toute la communauté du Peuple de Dieu. Mgr Barbarin nous a aidé dans ce sens à approfondir cette orientation et cette mission en nous instituant lecteurs. Ce qui est totalement nouveau pour nous, hommes mariés, et correspond à une forme de reconnaissance.
–Comment le nouveau Royaume veut se situer sur le plan de la production musicale ?
Il s’agit comme à chaque album d’affirmer notre identité et en même temps d’innover. Ce qui n’est pas sans risques. Nous avons choisi une forme de simplicité. Avec la participation d’une chorale pour signifier la dimension communautaire et des accompagnements plutôt acoustiques. Comme dans le célèbre psaume 22 (Tu es mon berger) que nous avons mis en musique. Nous avançons petit à petit.
–Glorious devrait fêter ses 20 ans en 2022. Comment voyez-vous le chemin parcouru ?
Si vous nous aviez dit en 2002 que nous serions toujours présents 20 ans plus tard nous aurions démenti. J’ai le sentiment que Glorious existe depuis longtemps et en même temps que le groupe vient de se lancer. Il a encore beaucoup à donner. 20 ans déjà et 20 ans seulement pour faire vivre la pastorale de la louange.
–Pourquoi parler à l’époque de pop louange ?
En 2002 à nos débuts nos interlocuteurs parlaient de nous comme d’un groupe de rock chrétien. Or nous ne jouons pas du rock, même si c’est un style que nous aimons aussi. C’est pour cela que nous avons choisi, après de longs échanges entre nous, de parler de pop, comme populaire, louange.
–Inspirés par quels autres styles de groupes ?
Je soulignerais deux influences principales: le groupe Exo. Ces Chrétiens évangéliques qui chantent en Français nous ont marqué avec leurs quatre albums de la série Éclats (de 1995 à 2005). Lorsque nous avons entendu à l’époque leurs chants de louange cela a été pour nous comme une révolution. Nous participions à Valence à des petits groupes de prière de louange animés par la Communauté de l’Emmanuel. Deuxièmement je citerais l’influence du courant que représente, pour les anglophones, les chants de l’église Hillsong.
–Ce courant de la louange se situant en rupture ou en continuité des répertoires existants dans le champ des Catholiques depuis les années soixante ?
Je ne parlerais pas de rupture franche mais je reconnais qu’il y a peu de ponts en France entre les générations précédentes et celle de la pop louange que nous représentons. Nous n’avons d’ailleurs pas eu la chance de nous rencontrer avec eux. Hormis avec Jean-Claude Gianadda et Laurent Grzybowski. Si on pouvait parler de rupture, ce serait celle de ne pas avoir le sentiment d’écrire des chansons au sens classique du terme mais des chants de louange.
–Ce souci de la relève vous a conduit à soutenir le lancement de l’école Pierre, à Lyon ?
Nous en avons eu l’intuition avec d’autres comme Guillaume Caille mais nous ne la gérons pas. Nous avons fondé précédemment à Lyon la Worship Academy (École de louange) musicale qui a permis d’accompagner des jeunes groupes de louange comme Hopen et Be Witnes. Lancée à Lyon en 2019 l’École Pierre élargit la formation : école de louange, leadership et évangélisation pour l’Église. Avec le but de former de futurs leaders pour transformer l’Église par la Créativité !
–Un paradoxe alors même que l’on peut penser que les églises se vident de ses jeunes.
Des jeunes, contrairement aux apparences, qui sont prêts à se former pour servir un temps leur Église. Avec la volonté de faire bouger les lignes. Nous le constatons à chaque concert quasiment. Pour cela il faut sortir de nos sortes de guéguerres internes. Comme, par exemple, la bonne ou meilleure façon de chanter un Kyrie. La vraie question est plutôt comment répondre à la soif spirituelle de nos contemporains. Quand ils entrent dans une église, sont-ils accueillis, et ainsi de suite ? Dans ce sens nous nous réjouissons des initiatives du Pape François qui nous incitent à sortir de nos cercles connus.
–Hors de la pop louange, n’y aurait-il désormais point de salut ?
Non. Nous n’avons jamais cru que notre manière d’animer la liturgie serait la seule, sinon la meilleure. J’observe toutefois que dès que l’on sort de la sphère strictement pratiquante l’accueil de notre répertoire est positif. Les personnes qui entrent dans nos églises se moquent à priori de savoir si on entend une guitare, un piano, un orgue ou un autre son. Et la force de la pop louange c’est que c’est une musique qui porte et qui bénit.
–Plus largement, n’êtes-vous pas, cependant, inquiets quant au présent et à l’avenir de ce que l’on appelle les musiques chrétiennes qui doivent repenser leurs modèles économiques?
Toutes les musiques y compris la pop louange ont besoin de nouveaux souffles. A chaque étape. Cela dit, rappelons le contexte dans lequel nous nous inscrivons, y compris les créateurs de la pop louange : depuis dix ans nous vivons une crise du disque, du CD physique. Un format qui se vend mal. Un album ne peut plus vivre par lui-même. D’autres formats de contact avec le public, les fidèles, se mettent en place avec succès: certains titres et vidéos de Glorious enregistrent par exemple 10 millions de vus sur le web, via Youtube et les réseaux sociaux. Nous avons aussi la chance d’avoir un public réunissant plusieurs générations. Et une relève venue des Églises évangéliques apporte un nouveau souffle, apprécié de tous les croyants. Comme les Canadiens de La Chapelle Musique ou le Français Samuel Olivier. Et bien d’autres encore. Ces albums que l’on ne vend pas dans les librairies religieuses mais qui se diffusent sur le web. L’urgence est de ne pas s’affadir et de laisser sa place aux nouvelles générations. A l’image du Frat, rassemblement de jeunes, auquel nous participons tous les deux ans. Quand vous êtes confrontés à cette jeunesse, quel dynamisme ! Quand la Parole de Dieu peut être entendue elle ne reste jamais sans écho. Aujourd’hui comme hier. Plus on se concentre sur Jésus, moins on se trompe pour voir le monde. Notre expérience montre que la musique est vitale pour l’avenir de nos Églises. Elle nous maintient en vie.
Recueilli par Robert MIGLIORINI
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