Stéphanie Schwartzbrod. Comédienne. Grandes musiques et petites ritournelles.

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Stéphanie Schwartzbrod. Comédienne. Actrice. Metteure en scène.

Stéphanie Schwartzbrod joue son spectacle « Sacré, sucré, salé », mis en scène par elle-même et Nicolas Struve, jusqu’au 26 mars 2016 au Théâtre de  l’Aquarium, La Cartoucherie (Paris), du mardi au dimanche à 19 heures. Puis en tournée au Perreux sur Marne (94) les 12 et 13  avril, à Eragny-sur-Oise le 20 mai, à Jouy-le-Moutier le 27, à Vauréal le 20 et à Pontoise (Le Dôme), le 2 juin.
La comédienne propose un menu de choix évoquant des fêtes et des repas des trois religions monothéistes. de la galette des rois à la chorba du Ramadan, de janvier à décembre. Tour à tour juive, musulmane ou catholique, elle cuisine en reprenant des grands récits. Sur scène elle partage sa foi chrétienne basée sur une  plus grande communion entre les religions. Ce spectacle est par nature rassembleur. Les pratiques et coutumes des trois religions sont profondément reliées. Le spectateur au passage apprend beaucoup de choses.
Librement inspiré de son ouvrage « Saveurs sacrées » (paru chez actes Sud) cette heure et vingt minutes de théâtre alterne  les moments où s’incarne les rapport entre foi, nourritures et le goût pour le théâtre de la comédienne, est née en 1967 à Grenoble. la mise en scène sobre et efficace sait conjuguer les saveurs du soir et les mots savoureux.  Le final réserve une bonne surprise qui a été mitonnée en direct. De quoi nourrir les esprits, les âmes et les corps. Comme le rappelle Valère Novarina (Le repas) cité dans le spectacle: « Réfléchir avant de parler est nécessaire pour vivre, devons manger pour penser ». La musique est présente au fil des séquences, des chants du muezzin, du son des cloches, aux chants de Yossele Rosenblatt, cantor ashkénaze des années 30, au violoncelle de Sonia Wieder Atherton, ou encore à une chanson de Daniel Darc, récemment disparu, « Sois sanctifié ».
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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
Stéphanie Schwartzbrod.: j’aime énormément la liturgie d’André Gouzes, qu’on peut entendre à l’Abbaye de Sylvanès mais aussi dans toutes les églises confiées à  la Fraternité de Jérusalem, et puis sûrement dans d’autres lieux que je ne connais pas. Le premier office que j’ai suivi à Vézelay a vraiment été un choc, tant je trouvais cette liturgie magnifique. J’aime aussi des chants très simples comme le « je vous salue Marie », l ‘Angelus, le « Notre Père », les kyrie eleison, les bénedicités, mais aussi les chants de la liturgie orthodoxe, les Requiems, les Stabat Mater et plus que tout Bach. J’aime énormément le chant des complies, il y a en eux quelque chose de particulièrement apaisant.
Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Oui !!
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Toute sorte de musique, de Brigitte Fontaine à Claudio Monteverdi, en passant par la musique Klezmer ….. J’aime à penser qu’au Paradis, ce qui est beau, c’est la diversité, donc forcément la diversité de musiques.
Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
L’orgue, la cithare, les grands compositeurs comme les petites ritournelles.
-Que chantent les anges  musiciens ?
-Ce que chacun a besoin d’entendre…..
Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
-« Sois sanctifié » de Daniel Darc.
Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
-Kyrie Eleison de Bachar Mar-Khalifé (chanteur, compositeur, multiinstrumentiste franco-libanais).
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?
–    « La passion selon St Mathieu » de Jean-Sebastien Bach
« Chants juifs » de Sonia Wieder Atherton
« Night and day » d’Ella Fitzerald

  • « Sois sanctifié » de Daniel Darc
  • « Avec le temps » de Léo Ferré
  • « Dis, quand reviendras-tu ? » de Barbara
  • « Stabat mater » de Pergolese
  • « Ma fille » de Serge Reggiani
  • « Tout dit » et « She was » de Camille
  • « Mon héritage » de Benjamin Biolay

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
En fait, j’avoue avoir du mal à répondre à cette question, dans le sens où je n’ai pas un refrain qui me revient perpétuellement dans la tête. Juste des chansons que je peux fredonner toute une journée, mais ce n’est jamais la même, c’est plutôt un refrain que j’ai entendu , aimé et qui ne me quitte plus de la journée. Le dernier c’ était « La petite fugue » de Maxime Le Forestier que mon fils apprend au collège, que j’entends donc beaucoup et qui a du mal à me quitter…..
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Jean-Sebastien Bach, Monteverdi, Pergolèse, Mozart, Alain Bashung, Maxime Leforestier, Serge Gainsbourg, Barbara, Léo Ferré, Camille, Christine and the queens, Bertrand Belin, Pierre Barouh.
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Je crois que chaque fois que j’écoute « Ma fille » de Serge Reggiani, j’ai envie de pleurer.
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
La passion selon St Mathieu de Bach.
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A lire dans LA CROIX du 14/03/2016

Le festin des religions

Au théâtre de l’Aquarium, Stéphanie Schwartzbrod convie les spectateurs à la table des trois monothéismes (1).
Dans son cabaret mystique, se réinvente avec humour et poésie un autre regard sur les religions.

Au-devant de la scène, une longue table à roulettes chargée de mets et d’aliments ; une autre à l’arrière, plus discrète, encombrée d’ustensiles et d’épices. Juste à côté, au fond, une cuisinière sur laquelle une haute marmite laisse échapper par intermittence de gourmands effluves. Enfin, à droite, une énigmatique malle en osier. Lorsque le public pénètre dans la salle, une femme énergique, tablier serré autour de la taille, s’agite déjà dans la chaleur de cette cuisine où une étrange galette se balance au bout d’un fil.
Les spectateurs prennent place comme on s’installe souvent dans cette pièce familière, propice aux discussions légères et aux confidences, le temps de la préparation d’un repas. Dans ce lieu anodin, sous couvert de conseils culinaires, s’échangent parfois sans en avoir l’air les choses les plus profondes.
Sans plus de précaution, autour de la table, Stéphanie ­Schwartzbrod engage la conversation. Les recettes dont elle parle sont ancestrales. Elles racontent les fêtes juives, chrétiennes, musulmanes. Elles disent le partage et l’essence même de la religion, la volonté de relier les hommes par une pratique commune. Elles expriment la joie du festin, le plaisir des sens, le désir sans cesse reconduit de s’inscrire dans cette histoire millénaire. « C’est un spectacle qui parle de la foi, mais sous l’angle particulier de la nourriture », explique la comédienne cordon-bleu, auteur de Saveurs sacrées (2) dont s’inspire cette mise en scène qu’elle signe avec ­Nicolas Struve. « J’espère inviter à un autre regard, dans une époque où le rapport à la religion en général et à celle des autres en particulier est devenu si négatif. »
Sur scène, au gré des danses et des métamorphoses, au rythme des mois, les étymologies se croisent, les anecdotes et les textes se mêlent dans une joyeuse générosité. C’est une fête des mets et des mots, une explosion de saveurs et de connaissances. Savait-on que manger, en hébreu, se dit okbel, dont la racine peut s’entendre par « Dieu se donne en totalité » et que la racine du mot arabe ramida désigne une chaleur intense, propre à brûler les péchés lors du jeûne du Ramadan ? Que l’amande, essentielle à la fabrication de la galette de l’Épiphanie, symbolise l’âme incorporée dans une enveloppe charnelle ? Que lors de Roch ha-Shana, on évite de manger des noix car la valeur numérique du mot hébreu egoz est la même que celle de’het, qui signifie péché ? Ou encore, que l’on sacrifie un mouton lors de l’Aïd El-Kebir pour immoler notre bête intérieure ?
Jamais professorale, Stéphanie Schwartzbrod joue de la dérision et du burlesque, emportant le public dans un gai tourbillon. Irrésistible en catholique dévote qui hésite entre la lecture de l’Évangile et celle de Libération pendant le Carême. Malicieuse quand elle interrompt son récit de la fête de Pessah par la projection de quelques images des Dix commandements de Cécil B. DeMille, péplum kitsch à souhait où l’on voit Dieu ouvrir les eaux de la mer Rouge. Cocasse lorsque, armée d’une lampe torche, elle inspecte la salle pour déceler les miettes laissées par les spectateurs. Parfaite dans cette scène drolatique où elle invite à rejouer le festin d’Esther, saluant le nom du terrible Aman par un bruit de crécelles – distribuées à cet effet dès l’entrée – et celui du sage Mardochée par un cri d’allégresse.
La poésie n’est pas absente de cette « fête sérieuse mais joyeuse ». Elle affleure dans un vers d’Épictète projeté au fond de la scène, dans les chants du muezzin ou ceux du cantor ashkénaze ­Yossele Rosenblatt comme dans la musique du violoncelle de Sonia Wieder-Atherton. Le souvenir, aussi, habite ce « cabaret mystico-drôlatique », tangible au moment de Pessah ou de Pâque, quand « Dieu descend dans ces lieux de la mémoire où sont prisonniers tous les ancêtres de notre histoire ». Dans cet espace où s’éveillent les sens, en toute légèreté, Stéphanie Schwartzbrod poursuit la transmission d’un art culinaire qui est aussi quête de sens. Et en dégustant la chorba mijotée pendant le spectacle nourri de cette longue histoire partagée par les trois monothéismes, on se surprend à croire à un autre avenir.
(1) Sacré, sucré, salé, théâtre de l’Aquarium, 01.43.74.99.61, theatredelaquarium ; tournée 2016 : Le Perreux-sur-Marne (12 et 13 avril), éragny-sur-Oise (20 mai), Vauréal (28 mai), Pontoise (2 juin)…
(2) Saveurs sacrées. Recettes rituelles des fêtes religieuses, éd. Actes Sud, 336 p., 19.30 €.

Béatrice Bouniol

 
A lire dans LA CROIX du 18/07/2014

Stéphanie Schwartzbrod, la gourmandise, le théâtre et la foi

Stéphanie Schwartzbrod, dans Sacré, sucré, salé

Auteur culinaire et femme de théâtre, elle interprète dans le festival « off » une adaptation de son livre de recettes consacrées aux grandes religions, Saveurs sacrées.

Stéphanie Schwartzbrod aime les mots, aime les mets. Surtout lorsqu’ils sont sacrés. Fine, le regard lumineux, pétillant, gourmand, cette comédienne qui a été notamment la Mara de L’Annonce faite à Marie, de Paul Claudel, est aussi l’auteur de recueils de recettes.

Références théologiques et anecdotes culinaires

En 2007, l’année où elle interprétait  Les feuillets d’Hypnos  de René Char dans la Cour d’Honneur du Palais des papes, elle a publié un livre dont La Croix s’est fait l’écho : Saveurs sacrées (1). En fin cordon bleu, elle y mettait en évidence les liens qui unissent les religions catholique, juive et musulmane, à travers leurs cuisines de fêtes et les rituels qui les accompagnent.
C’est ce même ouvrage qu’elle a adapté et mis en scène, et qu’elle joue pendant ce festival d’Avignon 2014 en solo dans l’écrin de la Chapelle Saint-Louis, à Avignon. Tour à tour maman juive, mère musulmane, dévote catholique, elle évoque, décline, explique chaque plat, racontant son origine et son histoire.
Les références théologiques se mêlent aux anecdotes. Pendant tout ce temps, tablier noir et couteau à la main, elle mijote sur le coin d’un feu une chorba. À peine la représentation achevée, les spectateurs seront conviés à sa dégustation.

La tentation de l’habit monial

Car, ainsi que le précise Stéphanie Schwartzbrod, Sacré, sucré, salé ne se présente pas comme un « spectacle religieux ». À travers cette double célébration œcuménique des nourritures terrestres et des nourritures spirituelles, il est une invitation à porter un autre regard sur les religions et ce qu’elles signifient. Ce qui ne l’empêche pas de relever, pour sa part, d’un « acte de foi ».
Une foi que cette jeune femme baptisée, mais peu pratiquante, a redécouvert par hasard, lors d’un séjour à Vézelay, à l’orée des années 2000. De passage dans ce haut lieu de pèlerinage, elle est invitée par la mère supérieure des Fraternités de Jérusalem à participer à une retraite. Elle y reste une semaine. Puis revient. Une fois. D’autres encore.
Sa période préférée est celle de la Semaine sainte et de ses repas dans le silence. « Les échanges se font exclusivement à travers les regards et les gestes, comme le pain que l’on se tend. La seule voix qui s’élève est celle de la sœur qui lit des textes de l’Évangile. On se retrouve avec soi-même, coupé de l’agitation du monde. » Un instant, avoue-t-elle, elle a songé à prendre l’habit monial.

Ni « catholique de choc », ni « chrétienne de service »

Mère de trois enfants, compagne du comédien Nicolas Struve (« Il est fils de pope ! », lance-t-elle, amusée de son effet), Stéphanie Schwartzbrod ne se rend plus à Vézelay. Elle n’en retrouve pas moins régulièrement les sœurs de la Fraternité à Paris, à Saint-Gervais.
Refusant aussi bien les épithètes de « catholique de choc » que de « chrétienne de service », elle vit les deux pieds à la fois dans sa foi et le théâtre. Après Sacré, sucré, salé, elle doit interpréter le rôle-titre de la pièce de l’Israélien Hanok Kevin : La Putain de l’Ohio.

15 h 35 à la Chapelle Saint Louis, 16, rue du portail Boquier. Jusqu’au 27 juillet. Rens. : 06.64.54.19.61

(1) Éditions Actes Sud

DIDIER MÉREUZE (à Avignon)

 
Le site du théâtre de l’Aquarium: http://www.theatredelaquarium.net/Sacre-sucre-sale
Sur KTO dans l’émission V.I.P: http://www.ktotv.com/video/00102023/bernard-campan-et-stephanie-schwartzbrod
 
 
 
 
 

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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