Soeur Anne Lécu. Les anges musiciens chanteurs de jazz, troubadours.

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Soeur Anne Lécu. Religieuse dominicaine.
Anne Lécu exerce la médecine dans une maison d’arrêt d’Île-de-France depuis 1997. Elle a soutenu, en 2010, à l’université de Paris-Est, une thèse de philosophie pratique sur les soins en prison. Elle est chargée de mission au département d’éthique bio-médicale du pôle recherche du Collège des Bernardins. docteur en philosophie. Elle est coauteur avec Bertrand Lebouché de l’ouvrage, « Où es-tu quand j’ai mal ? » publié en 2005 aux Éditions du Cerf.  Elle publie régulièrement des méditations sur le site Internet Signe dans la Bible et est l’auteur, au Cerf, « Des larmes » et « Marcher vers l’innocence. » Aux éditions Les Belles Lettres, « La prison, un lieu de soin ».
Son dernier ouvrage paru aux éditions du Cerf: « Tu as couvert ma honte ». Prix du live spiritualité 2016. Panorama/La Procure. La honte abîme l’homme, elle le couche à terre. Dieu ne supporte pas la honte que l’homme peut éprouver devant Lui. Loin de le condamner ou de l’accuser, Dieu, au contraire, restaure l’homme qui ne craint pas de se tourner vers Lui. Il l’accueille avec tout ce qu’il est, clair ou obscur. En revêtant Adam d’une tunique de peau après la chute, Il recouvre sa honte. Dieu recouvre en nous ce qui n’est pas à son image, et restaure ainsi notre ressemblance à son image. La tunique dont Dieu nous revêt est peut-être celle que le Christ laisse à l’heure de sa mort, « sans couture, tissée d’une seule pièce à partir du haut », métaphore de Sa miséricorde. Si Dieu lui-même couvre la faute de qui se tourne vers lui, l’accusateur n’a plus de prise, il a définitivement perdu. Un livre dans lequel Anne Lécu nous enseigne à vivre sans jugement et sans préjugé. Un livre pour vivre libéré, dans les pas des grandes figures bibliques délivrées par la miséricorde illimitée de Dieu. (Présentation de l’éditeur)
A lire également: « cinq éloges de l’épreuve », aux éditions Albin Michel.
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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
Soeur Anne Lécu; J’aime beaucoup la musique baroque et le chant choral. Alors oui, Bach est une splendeur, mais la polyphonie corse, ou russe, aussi. Et puis, toute musique profane porte en elle le désir d’une transcendance, non ?
Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Comment ne pourrait-il pas l’aimer, lui qui a créé les anges musiciens, et qui a chanté les psaumes par la voix du Christ lui-même ?
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
J’aime à croire qu’au paradis, ce sont des musiques totalement neuves, littéralement inouïes qui nous seront données à jouer, à chanter et à danser. Peut-être que les plus classiques d’entre nous se réjouiront en écoutant du (rock) métal, et d’autres, qui ont été DJ, feront des vocalisent sur la musique de Purcell ? Qui peut savoir ?
Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
Toutes les musiques qui nous transportent, qui nous grandissent, invitent à la prière. Peu importe les styles. Mais je crois surtout que c’est d’y être acteur, c’est-à-dire chanteur ou musicien qui est très particulier dans la musique. Prenez par exemple le chant. Chanter ensemble donne de la force. (Les dictatures d’ailleurs le savent, qui galvanisent les foules par certains chants, d’ailleurs très choisis.) Chanter ensemble fait des chanteurs une communauté, cela crée une unité. Cette unité est l’un des noms de la prière commune : elle réalise ce qu’elle demande.
Que chantent les anges musiciens ?
Ils chantent du jazz ! Ils jouent de la musique de rue. Ce sont des troubadours.
Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Je crois que la prière a quelque chose à voir avec tous les chants, y compris les chants profanes. Par exemple, la chanson de Craonne, pendant la guerre de 1917, est une véritable supplique, qui ressemble à un psaume. Et les dernières chansons de J.J Goldman écrites pour Céline Dion (oui, je sais, c’est hétéroclite), comme « Encore un soir », écrite pour une femme dont le mari est en train de mourir, et qui espère juste qu’il y ait « Encore une heure »… Cela aussi est une prière. Enfin, Alex Beaupain, qui chante « Loin », n’est-ce pas une forme de nostalgie d’une présence qui nous manque ? Comment la nommer ?
Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
In manus tuam Pater, commendo spiritum meum, de Taizé ! (En tes mains, Père, je remets mon esprit) ou bien Non, rien de rien, non, je ne regrette rien, ce que Michel de Certeau avait souhaité à ses funérailles.
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte ?
J’ai écouté beaucoup de musique, mais désormais j’en écoute peu. Si vraiment c’était possible, je partirais avec un échantillon très hétérogène.
Les nocturnes de Chopin, des Suites pour violoncelles de Bach, ses Préludes joués par Glenn Gould, des chorals, Le mariage de la reine Marie de Purcell, certainement des sonates de Schubert. En jazz, Sydney Bechet et Duke Ellignton. Enfin, j’emmènerai des chants de Taizé, Jacques Higelin, Charles Trenet, et William Sheller. Bon, j’ai dépassé le quota ? Mais je ne peux pas choisir.
Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Il y en a beaucoup. S’il faut choisir, je crois que je vous donnerai un refrain de Taizé : « Mon âme se repose en paix sur Dieu seul, oui sur Dieu seul, mon âme se repose », ou le refrain de Thérèse d’Avila : » Nada te turbe, nada te espante; quien a Dios tiene nada le falta.
Nada te turbe, nada te espante… solo Dios basta. »
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Je pense la réponse est déjà donnée plus haut ?
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
C’était un chant très simple, presque pauvre : un tout petit groupe de personnes chantaient une liturgie orthodoxe dans la pièce voisine de l’atelier d’icône où je suis initiée à cet art de croire. Et à ce moment là, tout était juste : les couleurs, les traits de l’icône, l’atmosphère. C’était à la fois léger, fugace, le temps d’un chant. Une présence.
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Ce serait une symphonie, dans laquelle chacun jouerait d’un instrument différent, unique, s’accordant avec les autres. Ce serait un chant de paix, chanté dans la langue de chacun. Ce serait à la fois très simple et totalement neuf, d’une évidence absolue.
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Le site: Signe dans la Bible: http://signe.retraitedanslaville.org/pars-abraham
À écouter: sur RFI: http://www.rfi.fr/emission/20160228-2-france-lecu-religieuse-dominicaine-medecin-fleury-merogis
A voir: https://videotheque.cfrt.tv/video/sr-anne-lecu-medecin-et-religieuse-dominicaine/
 

Une réponse à “Soeur Anne Lécu. Les anges musiciens chanteurs de jazz, troubadours.”

  1. Avatar de p. guillot
    p. guillot

    Merci pour ce beau témoignage : la prison et la musique. voilà deux profondes interpellations en ce début d’année.
    Un dimanche matin, en voiture avec mes partitions pour aller jouer de l’orgue, le rabbin Ouaknin (philosophe, linguiste et psychanalyste), sur France Culture (émission de pensée juive) nous laissait réfléchir sur : « poétique musicale et politique musicale » un questionnement qu’on aimerait davantage entendre en terrain catholique…, il évoquait justement une tournée de l’Orchestre de Paris sous une dictature d’Amérique du sud…
    Il est sans doute nécessaire de se demander si l’engouement autour de l’art orthodoxe (icônes et chants) n’est pas lié à l’expropriation du patrimoine catholique par les catholiques eux-mêmes ?

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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