Soeur Anne-Elisabeth. Chanter Sainte Thérèse de Lisieux.

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L’invitée du blog: soeur Anne-Elisabeth Bordeau.

« Je n’ai rien qu’aujourd’hui », 13 textes poèmes de Sainte Thérèse de Lisieux (label Jade/Milan music/Universal) mis en musique (sauf un) et chantés par sœur Anne-Elisabeth. La religieuse retrace son parcours à cette occasion.
Après avoir mis en musique et chanté les poèmes de Sainte Thérèse de Lisieux de 1995 à 1999, Elisabeth Bordeau, devenue Sœur Anne-Elisabeth (Communauté de la Croix Glorieuse à Perpignan) a repris le chemin de la scène. Originaire de Bretagne et actuellement à Perpignan, Sœur Anne-Elisabeth écrit la musique et chante ces textes de la Sainte sur des tonalités contemporaines. Un style qui touche assurément. Sœur Anne-Elisabeth a chanté récemment en Bretagne et Pays de Loire. Sœur Anne-Elisabeth donne désormais une quinzaine de concerts par an.
« Troisième enfant d’une famille de quatre, le chant et la musique ont toujours fait partie de mon univers. Mes parents étaient mélomanes. A neuf ou dix ans, je commence les études de piano. Dès l’adolescence, j’ai mis à profit mes connaissances musicales pour accompagner – en improvisant – des soirées avec les jeunes de mon âge. Les retours du pèlerinage des jeunes à Lourdes sont des moments privilégiés et dans quelle ambiance ! La variété comme les cantiques sont  mes domaines de prédilection. Ca me servira plus tard…
En 1986 (ou 87 ?) je reçois « Histoire d’une âme ». Ma mère m’avait apporté un livre ayant appartenu à ma grand-mère maternelle à l’égard de laquelle j’avais une grande admiration, que je considérais comme une sainte. C’est le coup de foudre ! Premières notes de musique sur les poésies de la fin de l’ouvrage (une édition d’avant 1954 !). Je jouais pour moi toute seule et… pour Lui bien sûr !
…En 1995 (d’accord, la biographie fait un bond de dix ans ! Mais si je raconte tout en détail, ça va vraiment faire long !), je monte un premier spectacle avec de bons copains comédiens (merci Gwen et Philippe) et musiciens (je ne vous oublie pas, Xavier, Philippe, Anne, Laëtitia, Véronique, Nathalie, Alain, Maëlle, Caroline…). » (Dès 1993 Mgr Guy Gaucher avant encourager Anne –Elisabeth à mettre son talent au service des textes thérésiens).
En 1996, c’est un premier CD, en 1997, un second. Des concerts gratuits, comme ça pour le plaisir, en libre accès : le message de Thérèse est pour tous.
« En 1999, je rentre dans la Communauté de la Croix Glorieuse « pour Jésus et Jésus Seul »; Je dis « adieu » à cette belle aventure et sans regret. » Sept ans plus tard la communauté lui demande de remettre le pied à l’étrier. Après une période d’essai le projet, la mission,  sont confirmés.
« Je suis bien convaincue que cette poésie peut toucher les coeurs…Plus je lis et relis Thérèse de Lisieux, plus je vois une « fille » qui a un sacré tempérament ! Elle n’est ni romantique, ni sentimentale ; ni gentille ! Elle aime d’un amour violent, de cette violence dont Jésus parle pour nous inviter –c’est peu de le dire- à nous emparer du Royaume (Mt 11,12). »
Pour l’album paru en début de cette année 2014 l’artiste disposait, au départ, de quarante-trois titres mis en musique sur les cinquante-quatre poésies écrites par Thérèse de Lisieux. Il donc a fallu choisir. Avec des titres incontournables comme « L’Abandon ». Ensuite, la sœur a enregistré plusieurs titres dédiés aux « Mères » de Sainte Thérèse. Enfin, elle a complété son choix avec des textes traduisant le combat spirituel de la sainte.
L’album est le concrétisation d’un projet longuement préparé. La rencontre d’Hélène Goussebayle puis celle de Philippe Guével, l’ont rendu possible.
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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
Soeur Anne-Elisabeth:  spontanément je pense au concerto pour flute et harpe de Mozart. Nous l’écoutions, enfants, le dimanche matin avant d’aller à la messe. Je suis bien certaine que cela me disposait pour prier ensuite. Mais tout aussitôt me revient en mémoire un beau moment de communion, partagés avec des amis, en écoutant, « Many Crimes of Cain » la chanson de Joan Baez, thème du film sur le P.Popielusko. Je n’oublierai jamais ce moment si profond de communion fraternelle. Selon moi, oui Dieu était au milieu de nous et cette chanson a été le vecteur de cette communion. Mon cheminement spirituel a aussi été fortement marqué par un chant de Jean-Claude Giannada « Dieu je te cherche pour m’abandonner à Toi ». C’était à l’époque des K7 et du walkman ! Je l’ai écouté et cela me faisait vraiment prier ! Je citerai encore toute la musique sacrée de la Renaissance. Jeune fille, j’écoutais pendant des heures des albums tels que ceux de l’ensemble Mora Vocis ! Je vous recommande un Ave Marie Stella de Bencini : un petit bijou ! Lui aussi m’a fait pleurer…Et puis  le chant « Je vous aime Ô mon Dieu » édité à l’occasion du jubilé du Curé d’Ars évoque un moment très fort, puisqu’il s’agit de la sépulture de ma mère. Enfin, je me souviens avoir été prise d’une forte émotion en écoutant une œuvre de Mel Bonis (Mélanie Bonis). J’ai failli pleurer et nous étions à table ! Cette compositrice est longtemps restée complètement inconnue du grand public et pourtant quel talent ! Quelle puissance et quelle profondeur !
-Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Eh oui ! Puisque c’est Lui qui la créée et il ne saurait pas ne pas aimer quelque chose qu’il a créé ! Mais je vois une autre raison : la musique peut nous mettre en relation avec un niveau profond de nous-mêmes, des autres ou du monde qui nous entoure. Elle peut nous mettre en relation avec Dieu lui-même. Comment Dieu ne saurait-il pas aimer un moyen qui nous aide à être en communion avec Lui? Lorsque j’ai commencé les tournées de concerts, je me culpabilisais parfois de ne pas avoir pu prier tous les offices du jour, faute de disponibilité jusqu’à ce que je réalise que chanter pendant 1h30 tous les jours les poésies de Thérèse était une belle et profonde prière, pas un show !
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Ah! Je ne suis pas encore allée voir!!!  Je suppose des chants de louange et d’action de grâce. Et toute musique qui nous mette en harmonie les uns avec les autres. Mais je suppose aussi qu’il n’y aura plus de questions de goût ou de sensibilité musicale. Ouf ! A l’image de la manne qui, selon l’auteur du livre de la Sagesse se proportionnait de telle sorte au goût de tous ceux qui en mangeaient, que chacun y trouvait de quoi contenter son appétit, et qu’elle renfermait tous les agréments du goût et toute la douceur des plus agréables nourritures. Au paradis chacun entendra la musique à laquelle il sera sensible. Et il n’est donc pas impossible que l’accordéon et la batterie y aient leur place. N’en déplaise à ceux qui pensent que seul l’orgue a sa place dans la liturgie, j’espère qu’il y aura une vraie fanfare dans la liturgie céleste et pourquoi pas le chant des baleines !
Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
De quelle prière parlez-vous ? La louange ? L’adoration? Le chapelet ? Vous voyez bien que suivant le moment et la forme de prière, on ne choisira pas les mêmes musiques. Un refrain de Taizé favorise le recueillement. La pop-louange favorise la louange et l’action de grâce exprimées à haute voix, etc… Lorsque dans notre paroisse, j’anime par la musique et le chant l’assemblée de prière le samedi soir, je dois être très attentive à ce qui se dit, à ce qui se passe afin que le chant, la musique soient, le mieux possible, adaptés à ce qui se passe.
Que chantent les anges  musiciens ?
Les louanges de Dieu !! Et lorsque les mots ne suffisent plus, un profond silence.
Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Une poésie de Sainte Thérèse…
Qu’aimeriez-vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Ouh là là, je ne suis pas certaine que me premier mouvement sera de « pousser la chansonnette » car comme disait une soeur cistercienne, en arrivant « là-Haut je ne ferai pas la maligne… » Et je pleurerai probablement  de L’avoir si peu aimé. Mais dans un second mouvement, je voudrais lui chanter un chant qui disent combien « Mon bien-aimé est Beau… » à la manière de la bien-aimée du Cantique des cantiques et combien je veux l’aimer pour l’éternité. Ce pourrait être le chant « je vous aime Ô mon Dieu » d’après la prière du Curé d’Ars.
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées ?
Pour la musique profane, des bagadoù bretons (formation composée de binious, bombardes et percussions), de la musique irlandaise folklorique, la chanteuse Barbara, quelques groupes ou chanteurs californiens des 60´ aux 80′, de l’accordéon, Edith Piaf. Pour la musique sacrée ou religieuse, les prières du Curé d’Ars, les Vêpres de la Vierge Marie de Bencini, Tosca de Puccini et le Barbier de Séville de Rossini interprétés par Maria Calas, les Vêpres de la Bse Vierge Marie de Monteverdi, le Magnificat de Bach et la messe di Gloria de Puccini
Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte ?
Dans le cas où je ne devrais pas revenir de cette île…
1. Non je ne regrette rien d’Edith. Piaf
2. Miserere d’Allegri
3. Du Vivaldi pour garder le moral
4. Un Cd de Bagadoù du Festival Interceltique de Lorient.
5. Songbird de Christine McVie du groupe Fleetwood Mac
6. Missa di Gloria de Puccini pour me redonner le moral si malgré le 3 je l’avais perdu !
7. l’Hymne « Toi qui ravit le cœur de Dieu » de Jacques Berthier.
8. l’Hymne d’André. Gouze « Nous te saluons Notre-Dame » (Salve Regina)
9. Vêpres de Bse Viege Marie de Bencini
10. Mon chant d’aujourd’hui de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus.
 
Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Le plus ? Je ne sais pas. Il y en a tellement.
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Pour ce qui est de la littérature, adolescente, j’ai eu une passion pour Victor Hugo pas tant pour les idées qu’il défendait, que pour son œuvre poétique. J’aimais lire la Légende des Siècles même si je dois avouer que je n’y comprenais pas grand-chose.
J’aime beaucoup les auteurs du Carmel : Sainte Thérèse d’Avila (je rêve même pas secrètement de composer pour sa poésie), Saint Jean de la Croix, Bse Elisabeth de la Trinité.
Dans le domaine de la musique de variété, adolescente j’ai beaucoup aimé Véronique Sanson, Serge Reggiani, Barbara, Yves Duteil. Ils m’ont forcément influencé. Et même si j’ai pris un peu de recul par rapport à leur répertoire, je leur garde une franche reconnaissance ; ce que je suis –au plan musical- je le leur dois aussi !
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
C’était ce matin en écoutant France Musique dans la voiture. Antonin Dvorak : Symphonie no 8, en sol majeur, op. 88 (1889). Tout simplement splendide.
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Celle d’une brise légère…
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Le site: http://www.laharpededavid.com/index.php?option=com_content&view=article&id=31&Itemid=2
Le site du label: http://www.jade-music.net/2013/12/soeur-anne-elisabeth-je-nai-rien-quaujourdhui.html
 

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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