L’invité du blog: Régis BURNET, Bibliste et homme de télévision.
Le dimanche, à l’heure où sur les chaînes généralistes diffusent leur incontournable film du soir, Régis Burnet propose un 52 minutes de formation chrétienne et de réflexion sur KTO (Télévision catholique). Son magazine hebdomadaire « La foi prise au mot » se présente comme un dialogue avec ses invités. « Dans un style simple et direct » précise le cahier des charges. En prise avec la culture contemporaine placée sous le signe du pluralisme ds valeurs, des croyances et des arts de vivre. On se souvient que durant le Carême 2013 l’émission de décryptage s’était intéressée, par exemple, aux 7 péchés capitaux. Dans un monde nouveau où les codes sont changeants et la mémoire fragilisée, Régis Burnet apparait comme un passeur, soucieux de lien et de communication. Fort de cette conviction: la société moderne n’en a pas fini avec la religion mais avec certaines formes d’organisation. D’où son attention particulière pour l’histoire du Christianisme primitif.
A 40 ans le familier des médias, des bibliothèques et des salles de cours conjugue pédagogie, travail universitaire, et souci de s’adresser à un public le plus large possible sur les questions religieuses. Les téléspectateurs de France 2 ont pu récemment, le 7 mai, écouter Régis Burnet intervenir dans l’émission « Secrets d’histoire » consacrée à Jésus.
Aujourd’hui professeur de Nouveau Testament à l’Université Catholique de Louvain -la-Neuve (Belgique) Régis Burnet a publié de nombreux ouvrages. Comme son « Nouveau Testament » dans la célèbre collection « Que-sais-je? » (PUF). L’ancien élève de l’Ecole normale supérieure, docteur en sciences religieuses, historien, a également écrit sa biographie de Judas (éditions du Seuil), une évocation de Marie-Madeleine (Cerf) et son « Paul, bretteur de l’Evangile » (DDB).
Depuis trois ans dans chaque numéro des Cahiers « Croire » (édités par Bayard) l’agrégé de lettres modernes, historien d’art, propose une lecture stimulante d’une oeuvre d’art, en lien avec le thème du dossier. En 2006 il a co-écrit avec Eliane Burnet un essai au titre suggestif en ce domaine: « Pour décoder un tableau religieux » (aux éditions du Cerf) . L’oeuvre d’art, le regard de l’artiste, qui renvoient souvent à la Bible, sont autant d’Epiphanies possibles de Dieu.
Régis Burnet animera le jeudi 6 juin à 20 heures, dans le cadre du festival biblique du collège des Bernardins, à Paris, une table-ronde sur le thème de l’étude des Ecritures dans la vie de l’Eglise et dans la culture aujourd’hui.
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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
– Régis BURNET: Il y en a tellement… Depuis le miserere Mei Deus de Josquin des Prés jusqu’à la chanson « l’Alchimiste » d’Abd al-Malik ou « Je suis venu vous voir » de Mano Solo, en passant par « Dieu caché » chanté par les moines bénédictins du monastère d’En-Calcat.
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Dieu n’est-il pas musique ? Cela est proclamé dès que l’homme en fait l’expérience dans le salut : « Ma force et mon chant, c’est le Seigneur », dit Moïse (Ex 15, 2). Dieu n’est-il pas chant ?
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Il y a quelque temps, on y écoutait que de la musique de vieux, du grégorien ou du Bach, mais depuis qu’on a offert un smartphone (téléphone) au Seigneur, il écoute Chimène Badi en streaming en chantant à tue-tête.
– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Toutes, et pas forcément celles qui sont « faites pour ça ». La prière peut jaillir de l’heureuse rencontre d’un état d’âme et d’une musique qui, à tout autre moment, n’aurait fait que glisser sur l’oreille.
– Que chantent les anges musiciens ?
Pendant longtemps, ils ont cru qu’il fallait ressasser le Sanctus, parce que c’est écrit dans le livre de l’Apocalypse et que ça fait classe. Mais à la fin, ils ont trouvé que cela faisait un peu musique d’ascenseur. Depuis, ils essaient de s’adapter à la mode pour que les nouveaux élus ne soient pas surpris à leur arrivée et que les vieux élus restent à la page. Ils ont eu donc leur période piano bar, puis leur trip jamaïcain… récemment, ils se sont mis à Will.I.am And scream and shout ooh ooh ooh.
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Seigneur, au seuil de cette nuit, nous venons te rendre l’esprit et la confiance.
Bientôt nous ne pourrons plus rien ; Nous les mettons entre tes mains.
– Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Libera me, Domine, de morte æterna, in die illa tremenda, quando coeli movendi sunt et terra, dum veneris iudicare sæculum per ignem. (1)
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
Le groupe Malicorne, Le Luneux, album Almanach
Purcell, O Solitude par Alfred Deller
Tout l’album Chants du Grand Carême Orthodoxe par les sœurs du monastère Sainte-Élisabeth de Minsk et en particulier Que fasse silence toute chair mortelle
J.S Bach, Passion selon saint Jean
Tchaïkovski, Symphonie n°6 « Pathétique »
Tout l’album « Les Marquises » de jacques Brel
J.S. Bach, Les Variations Goldberg par Glenn Gould
An Epitaph « Under this stone », chanson populaire anglaise
Lamentu di Gjhesu par le Chœur de Sartène, en Corse.
Tout l’album Good Friday, Eastern Sacred Songs de Fairouz
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Jojo
« Tu sais le nom des fleurs
Tu vois que mes mains tremblent
Et je te sais qui pleure
Pour noyer de pudeur
Mes pauvres lieux communs.
Six pieds sous terre Jojo tu frères encore
Six pieds sous terre tu n’es pas mort. »
(Jacques Brel, 1977).
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Beaucoup beaucoup, et ils changent tout le temps. En classique, Purcell, Bach, Mahler, Tchaïkovsky et le tendre Ravel. En chanson française, Brel et Brassens, évidemment, mais aussi Anne Sylvestre dans ses chansons pour adultes, Allain Leprest ou l’excellent Manu Galure. Pour les interprètes classiques, j’ai toujours eu un faible pour le chanteur classique Alfred Deller.
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
La reprise des « Dessous chics » par la chanteuse Juliette sur son album No Parano.
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Wa Habibi par Fairouz
وا حبيبي وا حبيبي أي حال أنت فيه
من رآك فشجاك أنت أنت المفتدي
يا حبيبي أي ذنب حمل العدل بنيه
فأزادوك جراحاً ليس فيها من شفاء
Mon Amour, Mon Amour
Que t’est-il donc arrivé
Qui t’as vu et s’est affligé pour toi,
Toi qui es le juste?
Mon Amour, quel est le péché de notre temps et de nos enfants?
Ces blessures sont sans remède.
(1) Délivre-moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable où le ciel et la terre seront ébranlés, quand tu viendras éprouver le monde par le feu.
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L’émission « La foi prise au mot », sur le site de la chaîne KTO: http://www.ktotv.com/
Sur le site du Collège des Bernardins, à Paris, un colloque biblique: http://www.collegedesbernardins.fr/index.php/rencontres-a-debats/colloques/colloque-lexegese-des-ecritures-a-lheure-de-lhistoire-de-la-reception.html
sur le site de CROIRE, commentaires d’oeuvres d’art (sur abonnement): http://www.croire.com/
Mon commentaire Merci Yann pour votre ouverture du coeur
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