Raymond Fau. L’hommage de Jean Humenry

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Raymond Fau est décédé ce 27 décembre 2021. Son biographe et ami Jean Humenry évoque son parcours .

 

Il est parti là-bas où

les derniers seront les premiers

 

Raymond Fau a pris le fil de l’eau, il a pris le fil du temps, il a volé de raies de lumières au travers des tendres et douces brumes des matins d’été pour rejoindre les grands et vers pâturages tant guettés tant chants repris.

Il était mon ami, ce gai compagnon de partage, ce mendiant de lumière à qui je dois d’avoir pu trouver la confiance de partir librement sur les routes chantantes.

La route, le ciel, les cieux qui l’émerveillaient à chaque instant des crépuscules.

Les autres, les petits et les grands, les enfants, les anciens qui l’invitaient au seul appel de son sourire.

Les chapelles, les calvaires, les pierres, les sables dorés et les dunes le recevaient pour ses bivouacs de silence, de prières aux abords chaleureux de feux de bois qui lançaient leurs étincelles vers les étoiles, portes ouvertes sur l’envers de nos ciels bleu-nuit.

 

Il offrait, il donnait sans compter comme il l’avait promis et chanté dans notre prière scoute :

 Seigneur Jésus,

Apprenez-nous à être généreux.

A vous servir comme vous le méritez.

A donner sans compter.

A combattre sans souci des blessures.

A travailler sans chercher de repos

A nous dépenser sans attendre d’autre récompense

Que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté. 

 

Sans le savoir il m’a sauvé la vie. J’avais 14 ans et j’étais scout à Tarbes. Passionné d’animation et de chanson, j’avais été invité par les responsables du département à participer à une journée de formation. Je n’ai conservé de cette session que l’image d’un homme, mon aîné de 10 ans qui avait animé un temps de chant “a-capella” sans le moindre soutien sinon celui de son charisme.

Il chantait de tout son coeur et nous invitait par des gestes généreux à chanter avec lui.

Ce n’étaient sans doute pas encore des chansons à grands messages et ce n’était sans doute pas grand-chose mais dans mon espace d’adolescent c’était une véritable découverte émotionnelle. Faire avec rien mais surtout ne pas faire seul, ne pas faire pour, mais faire avec.

Je devais trouver confirmation de cette manière de faire quelques mois plus tard avec la découverte des maîtres du folksong Woody Guthrie et Pete Seeger.

 

Trois ans plus tard, Raymond Fau allait m’ouvrir la trace lorsqu’il a entendu ma chanson “Je voudrais être un enfant”.

En 1968, il me présentait Jean Debruynne sachant bien ce qui allait “fonctionner” entre les deux Jean.

En 1969, il présentait avec son ami Louis Bricard (qui entretemps et grâce à lui était devenu notre producteur-imprésario-attaché de presse) mon groupe “Les Etrangers” à Maurice Robreau directeur des disques STUDIO SM.

 

Par la suite Raymond qui avait 10 idées par jour a ouvert la porte à tant d’artistes (ils se reconnaitront), distribué ses projets sans compter et poussé certains à s’engager.

En 2014, j’interpelais  Raymond à la suite d’une idée commune avec le journaliste Christophe Henning : écrire sa biographie. Sa première réaction a été négative puis très vite réfléchie et acceptée. J’ai eu ce privilège au quotidien pendant 8 mois de partager avec lui mon écriture et nos recherches. Bayard allait publier notre travail sous le titre “Raymond Fau Le mendiant de lumière “

 

Merci Raymond d’avoir été simplement Toi.

Jean Humenry

Ce 27 décembre 2021

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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