Pierre JOVANOVIC. Journaliste. Prix Père Jacques Hamel 202. Attribué par la Fédération des médias catholiques.
Le « Prix Père Jacques Hamel 2020 » est attribué à Pierre Jovanovic pour son article « Kayla Jean Mueller, martyre du bien » paru dans l’hebdomadaire La Vie du 7 novembre 2019.
Sur Vatican News: https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-01/prix-jacques-hamel-2020-federation-medias-catholiques.html
Né en 1991, Pierre Jova (Jovanovic) a collaboré au Figaro, Famille chrétienne, Pèlerin. Il est aujourd’hui journaliste pour l’hebdomadaire La Vie, il est aussi un des fondateurs de la revue Limite. Il a notamment publié aux éditions Taillandier, « Les Chrétiens face aux migrants ».
Enlevée en Irak en 2015, Kayla Jean Mueller a toujours refusé d’abjurer sa foi chrétienne. Les djihadistes l’ont assassinée. Le nom de Kayla Jean Mueller a été donné au raid américain mené contre l’État islamique en octobre 2019, rendant ainsi hommage à cette jeune humanitaire de 26 ans, qui n’a jamais voulu perdre espoir. Membre d’une Église évangélique, Kayla a travaillé en Inde, en Cisjordanie au milieu des villages palestiniens, aux États-Unis auprès de femmes sans abri… Durant sa captivité en Syrie, elle a fait preuve d’une force intérieure peu commune, ce dont témoigne l’article de Pierre Jovanovic.
La troisième édition du « Prix du Père Jacques Hamel », créé par la Fédération des médias catholiques, a pour objet de distinguer un travail journalistique, quel que soit le support (presse écrite, radio-télévision, multimédia), qui met en avant les initiatives de paix et les démarches de dialogue interreligieux. Lors des délibérations, les membres du jury ont été particulièrement sensibles au travail éditorial, à la qualité d’écriture, à l’originalité des sujets aussi bien nationaux qu’internationaux, à l’engagement des journalistes pour faire connaître les personnalités, initiatives et actions concrètes en faveur de l’éducation au dialogue, de l’accueil de la différence.
Le prix a été remis au lauréat le jeudi 23 janvier à Lourdes, à l’occasion des 24e Journées internationales Saint François de Sales, par son éminence le cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou (Burkina Faso) et président du symposium des Conférences épiscopales africaines et de Madagascar, en présence de madame Roseline Hamel, soeur du prêtre assassiné à Saint-Étienne du Rouvray le 26 juillet 2016.
Le jury présidé par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, était composé de Roseline Hamel, soeur du Père Jacques Hamel ; Philippine de Saint-Pierre, directrice de KTO ; Christian Makarian, directeur délégué de l’hebdomadaire L’Express ; Jean-Marie Montel, directeur général adjoint Bayard et président de la Fédération des médias catholiques.
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–Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
–Pierre JOVANOVIC: Vers l’âge de 7 ou 8 ans, je me souviens m’être exalté pour un chant entendu dans l’église bretonne où m’emmenaient mes parents: « Un grand champ à moissonner… » Pour moi, ignorant alors tout de la musique, c’était un hymne amoureux à la Création, qui représentait à mes yeux la preuve irréfutable de l’existence divine ! Heureusement pour les oreilles et pour l’âme, j’ai connu mieux en grandissant : Louis Amstrong et le Gospel (When the Saints Go Marching In me transportait, ainsi que Down in the River to Pray). Les chants appris dans mes années de scoutisme, celui de la Promesse, Les excuses de l’aspirant, Vierge des chemins de France, Avant d’aller dormir sous les étoiles, L’espérance, Voguons au vent de mer, ont été le soleil de mon adolescence.
Puis, après avoir vécu une rencontre personnelle avec Jésus-Christ, à 19 ans, j’ai succombé à la louange évangélique anglophone : Mountain of God, du groupe Third Day, Your Grace is enough de Chris Tomlin et 10,000 Reasons (Bless the Lord) de Matt Redman sont les grands tubes de cette époque. J’ai également été transpercé au coeur avec Divna Ljubojević, une star de la musique sacrée orthodoxe, notamment son Kyrie Eleison et son Agni Partene. Je me rappelle enfin avoir été électrisé par Le Messie de Georg Friedrich Haendel, que j’ai goûté en entier lors d’un concert à la cathédrale Saint-Louis des Invalides.
Dernièrement, roulant sur la côte ouest irlandaise, j’ai été saisi en écoutant à la radio Into my arms, de Nick Cave : c’est la prière balbutiante d’un agnostique, qui s’adresse au Dieu de sa bien-aimée. Elle n’est sûrement pas orthodoxe, mais elle m’a inspiré une émotion descendue tout droit du Ciel !
–Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Comment ne pourrait-il pas l’aimer ? Lui qui a crée toute la palette de ce qui vit doit se réjouir d’entendre cette profusion de beauté et d’émotions jaillir des poitrines humaines et des instruments de musique. J’aime ce que dit une prière de la liturgie latine : « Tu n’as pas besoin de notre louange et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es mais ils nous rapprochent de toi, par le Christ, notre Seigneur ». C’est vrai pour le grégorien comme pour le rock et le métal : tout cette vie conduit à Lui, et Lui l’aime.
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Sans doute le grégorien, parcelle du paradis subsistant sur terre. Mais probablement entend-t-on au paradis « le murmure d’une brise légère » dont parle la Bible, et qui surpasse toute musique crée de main d’homme.
–Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Un jour de détresse, un ami compositeur, qui était aussi pasteur évangélique, m’a adressé une liste de « musiques pour l’âme »: outre le merveilleux motet Komm Jesu, komm de Jean-Sébastien Bach, il me conseillait d’écouter deux titres de Johnny Cash : Hurt, qui exprime toute la douleur d’une âme brisée et broyée, et I’m Free From The Chain Gang Now, triomphe de la grâce divine. Ces trois-là me mettent toujours dans une attitude de prière !
Il est une autre supplication musicale à Dieu, bouleversante, que j’aime beaucoup : Save me from myself, de Brian « Head » Welch, le guitariste du groupe Korn, qui l’a composé juste après sa conversion.
–Que chantent les anges musiciens ?
De tout ! Car c’est aux hommes qu’ils sont envoyés, comme à Bethléem : ils joignent leurs voix aux polyphonies corses à fendre l’âme, aux ballades irlandaises trempées par la bière, aux litanies des moniales serbes du Kosovo, au rap inspiré du béton parisien.
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Cette question est tellement difficile… La prière pourrait être le Salve regina (dans cette version : https://www.youtube.com/watch?v=d5p_U8J0iRQ), ou le Credo en grégorien, le plus beau chant du monde avec L’Internationale, disait André Froissard !
– Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Au Ciel, j’espère chanter Seigneur, tu es toute ma joie. Pour l’instant, sur terre, je chante « reste ici », comme Julien Clerc dans Souffrir par toi n’est pas souffrir !
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
– Jerusalem, de Matisyahu.
– Burning in my soul, de Matt Maher.
– Run to the hills et Blood Brothers, de Iron Maiden.
– C’est un pays, de Soldat Louis.
– A Soldier’s Return et Joe McDonnell, des Wolfe Tones.
– Fields of Anthery et Grace, des Dubliners.
– La piastre des Etats, de Vent du nord.
– La complainte du partisan, d’Emmanuel d’Astier de La Vigerie, et chantée par Anna Marly (la version de Leonard Cohen est pas mal, mais je préfère l’original !)
– Love Is Just A Four-Letter Word et We shall overcome, de Joan Baez.
– Les mirabelles, de MC Solaar.
Vous lisez bien, il y a dix tirets – et quatorze chansons !
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Come ya Black and tans, un refrain nationaliste irlandais, découvert à 18 ans, et qui m’accompagne toujours. Idéal pour se donner un coup de fouet dans la grisaille du quotidien !
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
D’abord, les grands chantres de l’Europe chrétienne: Bach, Heandel, les compositeurs anglicans du XVII et du XVIIIe siècle, plus récemment Arvo Pärt et Divna Ljubojević.
Ensuite, les monstres de la chanson française, Johnny Hallyday, Brassens, Jacques Brel, Edith Piaf, Maurice Chevalier. Avec les princes du hard-rock et du métal, Iron Maiden, Metallica, Black Sabbath.
Enfin, les conteurs de l’Irlande rebelle, les Dubliners, les Wolfe Tones. Avec leurs cousins bretons, Tri Yann, Matmatah, Soldat Louis.
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Le passage de Maria Christian-Cuche, chanteuse franco-irlandaise aveugle, à la dernière émission The Voice, m’a rappelé combien était belle la chanson Danny Boy. C’est une poignante déclaration d’amour d’un père à son fils. Je ne peux la chanter sans songer à mon dernier petit frère, qui fête ses 11 ans ces jours-ci.
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
– Dis, quand reviendras-tu ?, de Barbara. C’est ce que Dieu murmure sans cesse à la porte de nos coeurs.
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