L’invité du blog: Patrick Richard qui donne un ultime concert à Saint Malo le 22 avril 2023 à 20h30. A l’espace-chapiteau de Keriadenn.
-Fort de 37 ans de discographie, de concerts et de plus d’une trentaine d’albums à votre actif, vous annoncez prendre votre « vraie » retraite après un grand concert à Saint Malo (à l’espace chapiteau de Keriadenn) « Dernière escale » ce 22 avril. Vous partez sur la pointe des pieds comme l’indique votre ultime album. Dans quel état d’esprit ?
– Patrick Richard : ce titre « Sur la pointe des pieds » correspond à ma vision et à la réalité des choses. J’ai toujours été assez discret. C’est ainsi que j’ai pu donner le meilleur de moi-même. J’exprime ainsi la confiance envers toutes celles et tous ceux qui ont fait appel à moi durant ces décennies pour que je puisse mener et tenir ma mission. Pour chanter le monde et la foi.
– Le parcours de Chrétien qui chante n’a pas pourtant été toujours facile ?
Je n’ai aucune amertume. Je vous partage juste quelques observations venant d’un artiste qui a dû tracer son chemin. Quand je suis arrivé dans le métier j’étais quasiment le seul artiste dans ce registre, laïc et père de famille. Il a fallu professionnaliser en adoptant le statut d’intermittent du spectacle et sortir d’un système où l’on était rétribué « au chapeau », en comptant sur la générosité des fidèles-spectateurs pour payer les frais. Par ailleurs, pour certains dans l’Eglise catholique les Chrétiens chanteurs que je représente parlaient trop du monde et pas assez de Dieu et pour les autres nous chantions trop l’Eglise et le bon Dieu. Vous imaginez l’équilibre à trouver. En même temps je rends grâce pour tant de concerts et de veillées. Du stade rennais de 24 000 places à la plus modeste des chapelles en passant par les îles Marquises. Qui aurait cru cela ? Mais chaque année avec ma femme je remettais en question mon choix de continuer ou non.
–Peut-on pourtant parler d’une sorte âge d’or pour ces chanteurs animateurs à la guitare dont vous êtes un des représentants ?
– Merci de placer des guillemets l’expression âge d’or ! L’institution Eglise n’a pas toujours apporté un soutien clair à ce que je considère comme une mission. Cela dit, on peut constater qu’il y avait une forte attente et demande des fidèles, des animateurs pour ce type de concerts, veillées et de répertoire. On en perçoit moins les signes aujourd’hui. Pour tout dire j’ai vécu une époque où le système musical reposait sur des chapelles reliées à une cathédrale. Désormais, il reste les chapelles mais sans lien évident avec une cathédrale commune. Dans certaines paroisses notre style de chants n’est plus le bienvenu. Je regrette cette division en courants et l’absence de communion entre maîtres de chapelles. Je sais que la question du chant et de la musique n’est qu’un symptôme d’une question, d’une souffrance même, plus globale. J’espère que les nouvelles générations pourront relever ce défi toujours à reprendre.
– Autre temps, autres sources. Vous citez le Père Aimé Duval (1918-1984) comme inspirateur de votre choix de la chanson ?
– Plus précisément en ce qui concerne le poids des mots, la force d’une poésie populaire. C’est en écoutant le titre « Rue des longues haies » à l’initiative de mon aumônier, alors que j’étais en classe de seconde que j’ai été saisi par le besoin de m’exprimer à mon tour. Au départ, je voulais écrire et non chanter. C’est plus tard alors que j’étais étudiant à Toulouse en 1980 que j’ai vécu ce que l’on appelle une effusion de l’Esprit et que j’ai perçu que mon registre serait celui de chanter l’Evangile. Et puis j’ai rencontré des artistes comme Noël Colombier qui m’ont aidé dans mon choix. C’est lors de mon engagement au mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) que j’ai commencé à écrire et composer.
– Avec ce fameux « Psaume de la création » qui a été récemment distingué par un panel d’internautes comme leur cantique préféré ?
– Cette chanson a été écrite en une nuit pour apaiser un moment de colère. Et ce titre a chamboulé ma vie, moi qui rêvait et préparait une carrière d’assistant social. C’est Raymond Fau qui avait remarqué le chant et qui m’a recommandé auprès des responsables des Studio SM à l’époque. Figurez-vous que la chanson a failli ne jamais figurer sur mon premier disque. Le patron de SM n’était pas emballé et m’avait donné quinze jours pour proposer une autre chanson. J’ai tenu bon et finalement l’aventure a pu commencer. Depuis, je ne compte plus les nombreuses traductions et versions du titre. Dont une toute récente proposée par un groupe de jeunes Vendéens tenant ainsi à me remercier. J’ai apprécié d’avoir pu m’effacer derrière le psaume. Patrick Richard est moins connu que son chant !
-La reconnaissance des médias grand public est venue sur le tard ?
– C’est lors du premier confinement en 2020 qu’un journaliste a découvert que j’existais et avec moi ces Chrétiens qui chantent et touchent un large public. De fil en aiguille j’ai eu les honneurs d’une dépêche sur l’agence France Presse. Certains préjugés envers les « chanteurs cathos » tombaient à cette occasion. Pour ma part ma foi m’a tourné vers mon prochain. Je ne pouvais que me réjouir de cet intérêt pour nous au-delà de notre public fidèle. La chanson chrétienne c’est cela, être au carrefour d’une rencontre entre une recherche de sens de la vie, la poésie et la force de l’Evangile de Jésus-Christ. Je suis conscient qu’il faudra réinventer d’autres modes de présence au monde et type d’initiatives pour réussir cette rencontre à nouveaux frais.
– Un dernier rêve ?
– Finir un livre en cours d’écriture depuis un certain temps. Plus exactement il s’agit d’un témoignage titré : « Jésus mon ami laïc ». J’en suis à la troisième version. Cela dit, je continuerai à composer et à écrire. Si je suis sollicité. En tout cas je promets d’essayer (rire) !.
Recueilli par Robert MIGLIORINI
Le site : www.patrick-richard.fr
Psaume de la création. Avec le groupe A coeurs ouverts.
https://drive.google.com/file/d/1xOO2AQA0-7RQwCe2cCUfgAO9APeNazPg/view?usp=drivesdk
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