L’invité du blog: Patrick C.Goujon. Religieux jésuite. Théologien. Lauréat du prix littéraire de la liberté intérieure 2022. Pour le livre « Prière de ne pas abuser« , éditions du Seuil.89 p., 11,40 €.
A lire dans LA CROIX datée du 7 septembre 2022.
Patrick C. Goujon, lauréat du prix littéraire de la liberté intérieure
Sept livres étaient sélectionnés pour la cinquième édition du prix littéraire de la liberté intérieure, décerné par l’émission « Le jour du Seigneur ». Le jury, présidé par Charles Wright, a distingué l’ouvrage de Patrick C. Goujon Prière de ne pas abuser.
Christophe Henning
C’est plus qu’un témoignage, c’est un livre d’écriture. En distinguant le récit de Patrick C. Goujon, les membres du jury du prix littéraire de la liberté intérieure ne se sont pas trompés. L’auteur de Prière de ne pas abuser (Seuil) a décrit avec retenue le drame des violences sexuelles qu’il a vécu dans l’enfance, tout en mettant son style très littéraire et sensible au service de son propos. « C’est une lumière qui a traversé les ténèbres et qui vient des profondeurs du désespoir. Le récit d’une libération ! » commente Charles Wright, président du jury et lauréat en 2021 avec Le Chemin des estives (Flammarion).
Créé par le CFRT/Le jour du Seigneur, le prix veut « récompenser un livre (essai, récit, biographie ou fiction), qui aide à croire, penser et vivre librement ». Pour la cinquième édition de ce prix, le jury était composé des représentants des partenaires du prix (France 2, RCF, La Procure et Ouest-France) ainsi que Annie-Noëlle Bérard, téléspectatrice du « Jour du Seigneur » : « Dans ce livre, j’ai retrouvé une retenue, des qualités littéraires et une façon extrêmement délicate d’aborder ce sujet particulièrement douloureux. »
Déni pendant quarante ans
L’auteur, jésuite, raconte les agressions sexuelles commises par un prêtre dont il a été victime dans sa petite enfance. Une blessure qui s’était totalement effacée de sa mémoire : « J’avais été enfermé dans le déni pendant près de quarante ans. Parce que j’avais porté plainte et que j’avais enfin parlé, j’ai cru pouvoir guérir, mais tout s’effondrait. Dans les décombres de mon histoire, revenait une question lancinante : comment avais-je bien pu choisir de devenir prêtre à mon tour ? »
Avenir
« Je me réjouis de ce choix car c’est un livre dense, qui nous a interpellés et peut interpeller nombre de lecteurs », affirme Béatrice Ferrari, libraire de La Procure à Lyon et membre du jury. Pour le frère Thierry Hubert, dominicain et producteur du « Jour du Seigneur », « ce livre sait dire simplement et avec finesse la douleur profonde provoquée par les agressions et ouvre sur un avenir, ce qui pourra toucher chaque lecteur ».
Patrick C. Goujon a été l’invité de l’émission du Jour du Seigneur, ce dimanche 11 septembre à 10 h 30, sur France 2. On peut encore voir la présentation des sept livres sélectionnés sur le site du Jour du Seigneur. Outre l’ouvrage gagnant, il s’agit d’Être à sa place de Claire Marin (L’Observatoire), Si tu veux la vie de David-Marc d’Hamonville (Albin Michel), Vivre en mortel de Christian de Cacqueray (Salvator), S’adapter de Clara Dupont-Monod (Stock), Sois le berger de mes agneaux d’Alexandre Siniakov (Le Rocher) et Il n’y a pas de cheval sur le chemin de Damas de Florence Delay (Seuil).
Le site du Jour du Seigneur: https://www.lejourduseigneur.com/revoir-lemission
La chronique de Constance de Bonnaventure dans l’émission Le Jour du Seigneur:
revoir l’émission:
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–Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
Patrick C.Goujon: La musique évoque pour moi plutôt les relations que nous entretenons avec Dieu. Il y en a trois qui me marquent parmi beaucoup d’autres. L’agnus dei de la Messe en si de Bach, un air pour soprano solo du Requiem allemand de Brahms « Vous êtes maintenant dans la tristesse mais je vous reverrai et votre cœur se réjouira », et « The Lamb », une pièce chorale de John Tavener (1982), découverte lors d’un Noël à Oxford. Je vous invite à l’écouter. C’est la douceur qui invite à la prière.
–Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Les anges ont dû la lui faire goûter, et tous les artistes qui sont au paradis ! Vous imaginez le programme des concerts célestes !
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Celles de nos vies, enchantées, ensanglantées, mais en polyphonie. Pas d’unisson !
–Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Celles qui nous enracinent dans l’écoute du monde. Le reste fait semblant.
–Que chantent les anges musiciens ?
Chut !
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Il y a tant de musique qui sont déjà des prières. Il y a une mazurka de Chopin, qui naît du silence et qui y retourne, quelques accords, esquissés, la n°4, opus 17. L’interprétation de Thierry de Brunhoff (qui avant d’être moine a été un incroyable pianiste) fait entrer dans ce mystère de l’écoute. La première fois que j’ai entendu cet enregistrement, j’ai eu l’impression qu’auparavant je n’avais jamais écouté de musique. C’était il y a quelques mois !
– Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Y a d’la joie ! dans la version de Jacques Higelin, et avec lui, ce serait encore mieux !
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
La flûte enchantée de Mozart, le Clavier bien tempéré de Bach, la dernière sonate de Schubert, le Carnaval de Vienne de Schumann, le 1e concerto pour piano de Brahms, Les Histoires naturelles de Ravel, des standards jazz par Oscar Peterson, « D’amour l’ardente flamme » de Berlioz chanté par Jessye Norman, la voix d’un muezzin qui appelle à la prière, les comptines de mon enfance des disques Le Petit Ménestrel, chantées avec orchestre par Denise Benoit, la sœur de celui qui fut mon premier professeur d’art lyrique, Jean-Christophe Benoit.
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Un Alleluia de Mozart que j’ai entendu la première fois par celle qui m’a initié à la musique, Renée Lamorlette, à Verdun. Il ne me quitte guère.
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ? Bach, Chopin, Debussy, mais celui avec lequel je dialogue le plus intérieurement, c’est Brahms. Il pétrit le piano et ça chante dans ce qui est entremêlé. Il soulève le chant.
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
La chanson de Barbara « Dis quand reviendras-tu ? » chantée par Gérard Depardieu : la force de la douceur, il n’y a que le chant pour la laisser venir au jour telle qu’elle est.
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Je crois qu’il m’en fera la surprise !
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