Partir un moment…c’est accepter que soit un avenir!

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A ceux qui partent….
Pourquoi pas  un  texte de Jean Debruyne…dans ses bagages?
« Si je vais partir, c’est que je suis déjà parti.
Dès l’instant où j’ai pu m’arracher à moi-même,cette décision de partir, mon départ a déjà eu lieu.
Le plus dur n’est pas de partir, mais de le vouloir.
Toutes les raisons sont bonnes pour ne pas partir :le coeur a ses habitudes, l’âme ses tranquillités, le corps ses fatigues, les yeux leur horizon et le visage son cercle.
Il n’existe donc pas de départ sans séparation.Le départ est donc toujours un acte créateur.Il rend possible. Il ouvre un espace.Accepter de partir, c’est accepter qu’il soit un avenir, c’est reconnaître que tout n’a pas été dit. C’est affirmer que notre monde n’est pas notre prison, et que notre temps n’est pas sans issue.
Partir, c’est toujours aller au bout de soi-même
Pour en reculer la frontière.

 
Pour en savoir plus……
En 2009 un double album d’hommage à Jean Debruyne (1925-2006) paraissait sous le label Ateliers du Fresnes, SM.  Voici un des textes du livret auquel je participais:
Chorus pour un poète de paroles
 « Vive la vie et les chansons ! ». L’invitation de Jean Debruyne à déjouer les petites morts et à trouver la juste note est intacte, preuves à l’appui, dans ce double album d’hommages. Ses compositeurs et ses interprètes de coeur ont décidé de faire chorus en un bel ensemble, une fois leur peine passée. En solo ou en groupe, ils font goûter les fruits d’un arbre aux racines profondes. A chacun, leur ami Jean a taillé un habit sur mesure. De Raymond Fau au groupe Nomade, ils n’ont pas oublié.
Toutes générations confondues, ils laissent entendre, à nouveau, les accents tendres et révoltés d’un homme  de paroles. Il avait de qui tenir celui qui se rêvait en marin et qui sût trouver les mots pour nous inviter à quitter les basses eaux. Des mots contemporains, sans cachotteries, fait tenir vivants en somme. Prévert, Jacques, l’avait mis sur la voie. La chronique raconte que ce duo, improbable au départ, avait fait cause commune, devenus frères en poésie, au temps des premiers prêtres-ouvriers, lors d’une rencontre organisée dans usine automobile où travaillait Jean.
Et lui, infatigable saltimbanque, le marcheur sur la route, celui qui ne pars jamais sans les autres,  méditant les Ecritures, n’ayant pas oublié de lire le journal, il ne cessa d’offrir des bouquets d’images à qui savait les saisir.
 Des chansons, il en a écrit dans l’instant ou pour la suite des temps, à foison, comme on partage son pain et son vin. Il était libre Jean, toujours sur le pont avec les artistes. Ses cantiques, le croyant n’a pas voulu, non plus, qu’ils ne connaissent pas les grands vents du monde et de la mission qui fut le sens de sa voix. Jean Debruyne, dans le texte et en musiques, nous ne sommes pas prêts d’oublier sa leçon de vie.
Robert Migliorini

L’article paru dans La Croix en 2006
Jean Debruynne, au service de la Parole

Prêtre de la Mission de France, poète à l’affût de la fraternité, le P. Jean Debruynne s’est éteint samedi 8 juillet au Liban

 Sa casquette de marin pêcheur lui donnait cet air de navigateur qu’il était, à sa manière, devenu. La canne qui, ces dernières années, soutenait parfois son pas, disait sa fatigue, due à un cancer, mais aussi son désir de poursuivre le voyage, d’escale en escale. « Quatre-vingts ans, confiait-il d’ailleurs en mai 2005, alors qu’il fêtait, entouré de nombreux amis, son anniversaire, ce n’est pas un sursis ni une prolongation, ni un crédit accordé en prime. Quatre-vingts ans, c’est une naissance. »

À 80 ans, ajoutait-il, « je suis libre d’aller bêcher, ratisser, semer, arroser le jardin de l’Évangile ». Jean Debruynne s’est éteint samedi 8 juillet au Liban, où il séjournait depuis trois semaines pour un spectacle qu’il avait écrit et qui devait être donné pour les 7 000 ans d’existence de Byblos. Sa santé s’étant dégradée la semaine dernière, il avait dû être hospitalisé à Beyrouth.
Prénommé en réalité Jean-Baptiste, il était né en 1925 à Lille. Son père était originaire de Stenwoorde, en bordure de la frontière belge. Sa mère était alsacienne. Des précisions utiles, car Jean Debruynne avait sans doute hérité d’eux son caractère «un peu frontalier (1)». Son enfance fut, comme on dit, «sans histoire». Certes, il n’aimait pas l’école. Quant à l’Église, elle lui apparaissait une autorité, un pouvoir, et les prêtres, dont certains étaient aussi ses professeurs, lui faisaient peur, ce qui a sans doute pesé dans ses rapports futurs avec l’institution. Ce qu’il aimait alors, c’étaient ces temps de solitude où il pouvait laisser aller son imagination, rêver de lointains.
C’est à l’adolescence que la vie de Jean Debruynne va basculer. Avec la guerre, la famille s’installe dans le Lot-et-Garonne. Il y fait l’expérience de la pauvreté et l’apprentissage de la différence. Il quitte en effet la ville pour la campagne, des églises pleines pour une église pratiquement vide. C’est pourtant là, sur ces terres où apparemment Dieu est absent, qu’il se sent appelé. « Ma vocation, dira-t-il plus tard, est née de l’absence, du désert où Dieu n’est pas. Le rien est devenu pour moi sacrement de la présence de Dieu. »

« Abattre le mur » qui sépare l’Église d’une partie de la société

Bien sûr, cette vocation va avoir besoin de temps pour mûrir. Un article paru dans une édition régionale de La Croix sur la Mission de France va servir de révélateur. « Tout de suite, je me suis dit : c’est ça que je cherche », confiera-t-il. Aussitôt, il écrit à cette Mission de France, créée en 1941 à l’initiative du cardinal Suhard pour « abattre le mur » qui sépare l’Église d’une partie de la société. En 1943, il entre au séminaire de Lisieux. « Ici, il n’y a pas de règlement, explique le supérieur. Par contre, il y a une règle, et cette règle, c’est l’obéissance au réel. »
Cette obéissance à l’événement, à l’inattendu, va commander sa vie. Après la Libération, il travaille comme cheminot. Lui qui a déjà, au contact de la spiritualité de Thérèse de Lisieux, fait le choix des « petits aux yeux du monde », découvre alors le monde ouvrier. Il sera ensuite tôlier formeur à la chaîne, valet de chambre. Au cours de ces stages, il apprend « la dépossession ». Adhérent à la FSGT, organisme culturel dépendant de la CGT, il découvre aussi le théâtre et les poètes, Prévert surtout. « C’est incontestablement à lui que je dois mon écriture », dira-t-il.
Revenu finir son séminaire à Lisieux, il est ordonné prêtre en 1950 par le cardinal Liénart, évêque responsable de la Mission de France. Son premier ministère le mène alors à la paroisse Saint-Hippolyte, dans le 13e arrondissement de Paris. Puis, en 1953, il devient secrétaire de la Mission de France, dans une période où celle-ci est remise en cause. Rome décide en effet la fermeture de son séminaire, puis interdit les prêtres-ouvriers.
Pour Jean Debruynne, le temps est venu d’un nouveau départ. Passionné par « le symbole et le langage », il reprend des études de philosophie à Lyon. Il suit aussi les cours de l’école du jeu dramatique de Jean-Louis Barrault. Et plus que jamais, il écrit : des poèmes, des chansons, des jeux scéniques.

« Son terrain de mission privilégié, c’était le monde des jeunes »

Les Scouts et les Guides de France font alors appel à lui. « Il ne s’est jamais arrêté d’être aux côtés du scoutisme, précise Claude Moraël, délégué général des Scouts et Guides de France. C’est lui qui a écrit le jeu scénique à l’occasion de la fusion. C’était un résistant de Dieu, quelqu’un qui donnait envie de suivre l’Évangile. » Le Centre national de la catéchèse le sollicite aussi. « Son terrain de mission privilégié, c’était le monde des jeunes, rappelle le P. Jacques Purpan, vicaire général de la Mission de France. Il avait la préoccupation de leur annoncer l’Évangile, non en les manipulant mais en étant à leur écoute. »
La rencontre de Jean Debruynne avec le monde de la police est plus inattendue. Elle intervient en pleine guerre d’Algérie, pendant la période noire des ratonnades organisées à Paris. Interpellé par un inspecteur de police qui lui demande de l’aider à réfléchir, il le prend au mot. C’est ainsi qu’est né Police et humanisme.
« Il disait « nous autres policiers », il s’identifiait à nous. Il nous a accompagnés pendant quarante ans… », se souvient Hervé Deydier, président du mouvement, qui reste marqué par sa jovialité, sa disponibilité et son ouverture d’esprit. Jean Debruynne servira aussi d’autres mouvements, comme Partage et rencontre, le Secours catholique, le Mouvement des chrétiens retraités…

« Toujours attentif à celui qui était exclu »

Sa rencontre avec ces derniers remonte à 1984, quand Yves Beccaria, alors directeur de Bayard Presse, lui demande de devenir rédacteur en chef de Vermeil. Il vient alors d’être licencié de la Caisse des dépôts qui l’avait embauché pour mener des enquêtes sociologiques sur la vie dans les « grands ensembles ». Il accepte.
Au fil de ses déplacements et de ses engagements, Jean Debruynne a ainsi vécu la mutation de l’Église. « Il aimait son Église, même si, avec sa manière polie de poète, il n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait. Il était l’homme du plein vent, toujours attentif à celui qui était exclu », résume le P. Purpan, marqué par la grande bonté qui émanait de ses écrits…
Ses écrits ? Ils étaient pour Jean Debruynne un appel « à vivre » et « à croire », surtout quand tout devenait trop dur. « Le jour où je ne pourrai plus écrire, ce sera vraiment la mort, confiait-il d’ailleurs. Jusqu’au bout de notre vie, nous devons devenir des créateurs. »
Martine DE SAUTO et Pierre SCHMIDT
1) Toutes les citations de Jean Debruynne sont extraites de Jean Debruynne, l’évangile du poète. Entretiens avec Bertrand Révillion, Centurion.

« Quand vous saurez que je suis mort

Ce sera un jour ordinaire
Peut-être il fera beau dehors
Les moineaux ne vont pas se taire
Rien ne sera vraiment changé
Les passants seront de passage
Le pain sera bon à manger
Le vin versé pour le partage.
Pour moi le spectacle est fini
La pièce était fort bien écrite
Le paradis fort bien garni
Des exclus de la réussite.
Le soleil a son beau chapeau
La Paix a mis sa belle robe
La Justice a changé de peau
Et Dieu est là dans ses vignobles
Je suis passé dans l’avenir
Ne restez pas dans vos tristesses
Enfermés dans vos souvenirs
Souriez plutôt de tendresse
Si l’on vous dit que je suis mort
Surtout n’allez donc pas le croire
Cherchez un vin qui ait du corps
Et avec vous j’irai le boire.  »
Jean Debruyne

 
Partir avec quelques bons CD (ou MP3)  dans sa besace pour un été inspiré par la beauté de la Création, les couleurs de l’hospitalité  et le besoin de silence habité par une Parole et une mélodie enchantée….
« LES CHANTS DU PELERIN RUSSE 
Les sœurs du monastère  Sainte-Elisabeth de Minsk », un CD Jade/Universal.
Le chœur du monastère créé en 1999, dans la banlieue de Minsk (Biélorussie) à Novinki, a été fondé par la moniale Marthe Gouskova. Le chant « à l’ancienne » de la communauté orthodoxe des sœurs de la Charité laïques traduit  leurs prières quotidiennes  et inspire leur action sociale. Récemment, la célèbre chef de chœur Irina Denissova  est entrée au monastère et a pris la suite de la fondatrice. Un nouveau répertoire a vu le jour, fondé sur des variations harmoniques des chants anciens, monastiques et liturgiques. Ces chants du pèlerin russe en témoignent. Leur voix ne vous quittent plus.
« CALMA » , solo  piano etc…,
Omar Sosa, un CD World village-Harmonia Mundi.
Comme son titre l’indique ce cinquième album (enregistré à Brooklyn en 2009) du jazzman Omar Sosa offre treize improvisations au piano invitant à la  relaxation et à l’introspection . « Je voulais jouer du début à la fin sans penser les thèmes, simplement pour sentir où me conduiraient les notes, en suivant la voix de mon âme . Il est possible de faire voyager main dans la main le silence, l’espoir, l’optimisme et la tristesse » assure le musicien d’origine cubaine. Acoustique et électronique s’associent pour créer un climat calme et libre de toutes pesanteurs inutiles à la fois. Un voyage intérieur.
«  SO BEAUTIFUL OR SO WHAT »,
Paul Simon, un CD Starcon/Universal.
12ème album solo pour l’Américain, en forme à l’aube de ses quarante ans de carrière marqués également par son duo avec Art Garfunkel. Cinq ans après le très sophistiqué « Surprise », Paul Simon livre un album musicalement majeur où s’exprime sa vision d’un monde où la spiritualité vit. Plusieurs des dix titres de « So beautiful or so what » traduisent à la façon du new-yorkais ce souci du ciel et de la terre. Comme dans « Questions for the Angels » ou « The Afterlife ». Dédié à l’amour l’album exprime cette mélodie du bonheur grave et légère  à la fois fruit de la maturité d’un artiste. Fluide et rythmé par des guitares et des percussions sans failles.
«  CLAIR OBSCUR »
Lionel Belmondo et l’ensemble instrumental “Hymne au soleil », un CD  Bflat recordings/Discograph.
Pour le saxophoniste et flûtiste Lionel Belmondo comme pour son frère Stéphane, la musique se veut plurielle. Cet album invite une fois encore à sortir des cases habituelles  pour laisser cohabiter le classique et le plus contemporain. Le concert en clair obscur commence avec une pièce de Gabriel Fauré « Cygne sur l’eau » pour se clore avec « L’île aux cygnes » du pianiste de jazz, disparu en 2003,  Michel Graillier. Lionel Belmondo offre également ses compositions.  « Prière pour mon âme » de Sati (1966-1925) et des compositions de l’ organiste  Louis Vierne  (1870-1937) relues par les instrumentistes  sont au programme.  L’album a été enregistré en 2009 à La Rochelle. A écouter du lever du soleil au couchant.
« ADARRE »
Didier Squiban, piano, Jérôme Kerihuel, percussions, un CD L’Oz production/Distribution Coop Breizh.
Adarre (De nouveau) permet de goûter le style tour à tour enlevé et plus intimiste du pianiste et compositeur Didier Squiban.  Il n’a cessé depuis ses premières notes sur l’orgue de sa paroisse bretonne d’élargir le champ de son œuvre. De l’île Molène, à laquelle il a consacré un album fameux (plus de 100.000 ventes), à la Chine et autres contrées éloignées.  Inspiré par le jazz, les musiques symphoniques comme par le répertoire traditionnel celtique, Didier Squiban  a également depuis une dizaine d’années développé son écriture symphonique. Cet été, du 21 juillet au 8 août, il présente cet album de reprises, Adarre, lors de la tournée des chapelles de Douarnenez (le 21 juillet) à Portsall (8 août). Des musiques qui invitent à un pas de danse.
« PHILHARMONICS »
Agnès Obel, un CD Pias.
L’album est sorti l’an dernier. Depuis, il trace sa route sans faillir. D’emblée la voix et le style épuré d’Agnès Obel a dépassé le petit cercle des fans. Née au Danemark, Agnès Obel, bientôt 30 ans, vit depuis cinq ans à Berlin. Elle à étudié à l’université de Roskilde qui accueille également un festival pop-rock de renom. « Le chant et le piano sont à égalité pour moi » confie cette jeune femme au regard bleu pénétrant. Ses mélodies simples et délicates se succèdent créant un climat mélancolique et contemplatif. Agnès Obel admiratrice d’Alfred Hitchcock, de Debussy ou du jazzman Jan Johansson,  excelle à créer des atmosphères où l’esprit d’enfance n’est jamais absent. Une dentelle musicale pour habiller tous les jours d’été.
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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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