L’invité du blog: P.Pierre ELIANE, religieux carme, compositeur, chanteur.
Pierre Éliane a été distingué comme le meilleur titre de l’année lors de la première édition des Angels Music Awards, le 17 octobre à Pris, salle Wagram. Son nouvel album « Les chansons du pauvre Jonas » sur des poèmes de Yunus Emre, est sorti au label Monthabor.
Le site:http://www.angelsmusicawards.fr/
A revoir sur la chaîne KTO: http://www.ktotv.com/video/00099303/angels-music-awards-2015
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A l’occasion du Ve centenaire de la naissance de sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), une prière mondiale pour la paix a été ouverte par le pape François, du 26 au 28 mars 2015.
Voici pour d’un des blogs musicaux du site de LA CROIX un des acteurs majeurs, à mon sens, de la scène chrétienne actuelle. Et cela depuis plus de vingt-cinq ans. Alors qu’une nouvelle génération d’artistes ambitionnent d’incarner la chanson chrétienne en ses habits neufs. De la pop chrétienne à la variété. Le P. Pierre Eliane, venu du rock – auprès de CharlÉlie Couture, ami d’enfance, à Nancy–, auteur-compositeur, musicien professionnel, est entré au Carmel (1) à 33 ans. « C’était Dieu ou rien. Il y a une radicalité dans la musique de l’Evangile », dans les paroles de Jésus…La radicalité sans agressivité, c’est très thérésien », confie-t-il alors. A partir de 1992, il enregistre des albums où il réussit à mettre en musique et chanter des poésies, des grands textes de religieuses et religieux de l’ordre du Carmel. Les quatre premiers albums sont consacrés aux poèmes de Thérèse de Lisieux. Suivent les chansons mystiques de Saint Jean de la Croix et de Sainte Thérèse d’Avila Puis Elisabeth de la Trinité. Authentique pionnier du genre, il a inspiré d’autres artistes sur cette voie. Dernièrement, il a exploré d’une voix sereine, tant sur disque qu’en concert, d’autres traditions spirituelles et religieuses. Comme récemment un choix de treize poèmes de Rabrindanath Tagore (1861-1941), prix Nobel de Littérature en 1913. Percussions, contrebasse, saxophone, guitares, claviers invitent à une offrande musicale toute en finesse. Sur son blog, le P.Pierre Eliane partage que « Rabrindanath Tagore est un ami parce qu’il est d’abord un père et un frère en esprit… Grâce à lui nous avons respiré d’autres airs que le désenchantement…Le chant profond de l’humain en sa quête spirituelle. D’hier à aujourd’hui. L’année de ses soixante ans et alors que l’on célèbre le Ve centenaire de la naissance de sainte Thérèse d’Avila (Teresa de Ahumada), réformatrice du Carmel.
Pour le « Cabaret du bon Dieu » Le P. Pierre Eliane revient sur quelques-unes de ses influences musicales, tout spécialement Leonard Cohen: »J’ai rencontré plusieurs fois Léonard Cohen bien que la dernière fois me paraisse bien lointaine… C’était un autre monde et une autre vie… Avant mon entrée au Carmel… J’étais « artiste maison » chez CBS et, à l’époque, le simple fait d’appartenir enfin à la même maison de disques que Léonard Cohen et Bob Dylan, me semblait être le but atteint d’une carrière d’auteur-compositeur-interprète français. Aujourd’hui, je me souviens de ces années avec une certaine indulgence mais sans aucune nostalgie… Léonard Cohen et Bob Dylan étaient les références incontournables de tout apprenti de la chanson… Chacun dans un style pourtant bien différent déclinait la poésie latente de ses origines juives. Les allusions bibliques dans les paroles de leurs chansons me ramenaient gentiment à mes propres sources religieuses… Mais j’avoue que je ne m’en rendais pas compte. C’était la psalmodie cachée derrière leurs refrains qui m’attirait. Oh, cette psalmodie était souvent bien brouillée et difficile à déchiffrer. Peut-être eux-mêmes l’auraient-ils reniée… Quant au comportement moral, je ne ferai aucun commentaire. Pour être franc, je suis un peu déçu par ce qu’ils sont devenus même si au fond de moi l’adolescent admiratif qui connaissait leurs chansons par coeur est resté fidèle. J’aurais voulu qu’ils deviennent ce qu’est devenu le grand poète indien Rabrindanath Tagore: sage, beau et barbu, poète du ciel et de la terre… De plus en plus profond et léger…Mais après tout c’est sans doute ce que tous nous devenons de différentes façons…
Voir la discographie et les dates de concert sur le site: http://pierreeliane.com
(1) Le Carmel, ordre mendiant fondé au XIIème siècle en Palestine, rassemble des religieux qui ont une vie de clôture et d’apostolat. Leur vie est orientée vers la prière, la vie contemplative.
Les religieux carmes déchaux proposent en France diverses initiatives pour marquer cet anniversaire. Un colloque, en particulier, clôt le samedi 28 mars, à l’Institut catholique de Paris, suivi d’un récital de poésies de sainte Thérèse, mises en musiques par Sonnia Rivas-Caballero, puis une messe solennelle présidée par le cardinal Vingt-Trois.
Voir le site: http://www.carmel.asso.fr/-1515-2015-Centenaire-Ste-Therese-.html
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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
– P.Pierre Eliane: La liturgie pratiquée dans le couvent des carmes où je vis, principalement la psalmodie…
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Oui, selon moi, Dieu aime la musique et même y excelle lui-même dans la symphonie de la création…
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
La musique du Saint-Esprit…
– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Les chansons d’amour…
– Que chantent les anges musiciens ?
Le silence est le doux langage
des anges de tous les élus
il doit être aussi le partage
des âmes s’aimant en Jésus…
(Sainte Thérèse de Lisieux)
– Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Les prières des saints du Carmel sont souvent des chansons (cf. les « Canciones » de St Jean de la Croix)…
– Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Abba (Père)…
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
Dix psaumes…
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Bénissez le Seigneur!…
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
David, Salomon, Monteverdi, Bach, Bérékétis, Pärt…
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
« Into de Mystic » de Van Morrison, une chanson de 1970, incluse dans l’album « It’s Too late To stop now » (1974).
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce?
Jésus…
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Un texte de sainte Thérèse d’Avila mis en musique par le P.Pierre Eliane.
Dans la croix il y a
« Dans la croix il y a
la vie et la consolation
elle seule est le chemin
qui conduit vers le ciel
1 dans la croix il y a
le seigneur du ciel et de la terre
et la jouissance de la paix
même quand c’est la guerre
elle chasse toutes les hontes
de ce monde
elle seule est le chemin
qui conduit vers le ciel
2 l’épouse dit à son aimé
en parlant de la croix
qu’elle est un précieux palmier
auquel il est monté
et qu’à son fruit elle a trouvé
la saveur du dieu du ciel
elle seule est le chemin
qui conduit vers le ciel
3 elle est un précieux olivier
la sainte croix
elle nous oint de son huile
nous donne la lumière
mon âme prends la croix
avec grande consolation
elle seule est le chemin
qui conduit vers le ciel
4 la croix est le pommier
l’arbre tant désiré
l’épouse s’est assise
sous son obscurité
pour jouir de son aimé
le roi du ciel
elle seule est le chemin
qui conduit vers le ciel
5 pour l’âme qui est à dieu
totalement rendue
qui du monde complétement
s’est défendue
la croix est un arbre de vie
et de consolation
un chemin délicieux
vers le ciel
6 depuis qu’on a mis en croix
notre sauveur
dans la croix il y a
la gloire et l’honneur
et dans la douleur
il y a vie et douceur
le chemin le plus certain
qui conduit vers le ciel »
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Dans LA CROIX (édition du 7 juillet 2011)
De Bob Dylan à Saint Jean de la Croix
Sa guitare est entreposée dans un coin de son atelier, au sous-sol du couvent des carmes de Toulouse, parmi les pièces de tissu et les outils de couture. « Les gens pensent que je fais de la musique, mais je n’ai jamais le temps, ou bien avec des bouts de ficelle ! », s’excuse Pierre Éliane.
Après un premier succès avec Thérèse de Lisieux, à qui il a consacré quatre CD, ce disciple de Leonard Cohen et de Bob Dylan a mis en musique Jean de la Croix – qu’il a traduit lui-même en français pour en garder intact le style des chansons à rimes –, Thérèse d’Avila et sa poésie si personnelle, ou encore Élisabeth de la Trinité. De fait, l’ordre, dans lequel il est entré il y a près de quinze ans, possède une longue tradition de chansons, du latin médiéval à l’allemand du XXe siècle, en passant par l’espagnol du XVIe et le français du XIXe siècle. Des chansons, qu’il a rassemblées dans une anthologie (1) et qu’il se plaît à faire découvrir au cours de veillées de prière ou de concerts. Il chantait hier soir à Paris, au « 222 », couvent dominicain du Faubourg Saint-Honoré, pour le 20e anniversaire du Secrétariat des éditeurs de chants pour la liturgie (Sécli).
« Mon humble propos est de rendre accessible ce patrimoine méconnu, souligne-t-il avec chaleur. On reste souvent à distance de la poésie mystique dans les anthologies. La chanson, elle, apporte une proximité, une intériorité. D’ailleurs, Jean de la Croix a commencé par composer des chansons. Ses œuvres les plus connues – la Montée du carmel, le Cantique spirituel, la Nuit obscure – n’en étaient que les commentaires ! »
Celui qui, avant son entrée au carmel, avait composé six albums solo sur « une certaine quête de l’amour » explore aujourd’hui le « rendez-vous intime » dont témoignent les chansons du Carmel. « Mystique et chanson se conjuguent bien car toutes deux sont d’accord pour chanter l’amour », affirme-t-il. Pierre Éliane, dont c’est pourtant le métier, ne compose au final que fort peu lui-même. « Chaque fois que je voudrais écrire quelque chose, je m’arrête. Les saints du carmel le disent tellement mieux que je ne saurais le faire ! Paradoxalement, ils nous apprennent le silence, l’écoute du Verbe de Dieu. »
Amoureux de la Bible, qu’il scrute en grec et en hébreu, Pierre Éliane consacre une grande partie de son temps à la prédication de retraites. « Après tout, c’est pour cela que les carmes ont été fondés par Thérèse d’Avila, pour soutenir la vie spirituelle des carmélites ! »
La vie religieuse ne l’a pas coupé des copains musiciens avec qui il écumait les planches à l’époque de sa carrière en solo. C’est à eux que le carme a toujours fait appel lorsqu’il a fallu enregistrer ses disques. « Ils étaient le premier filtre, raconte-t-il. Ce ne sont pas des enfants de chœur, mais des hommes qui ont une grande soif spirituelle, parfois plus grande que les autres. Il demeure une profonde solidarité entre nous. »
Comme le groupe Glorious, avec qui il a donné un spectacle l’an dernier et d’autres jeunes rockeurs de la scène chrétienne, Pierre Éliane regrette que, paradoxalement, du côté du monde des éditeurs chrétiens, les soutiens soient beaucoup plus timides.
Ce qui ne l’empêche pas de s’ouvrir à de nouveaux horizons. Sans abandonner la mystique occidentale, cet homme nourri de mélodies méditerranéennes, qui s’est lancé dans l’oud et la musique modale, a consacré un CD aux chansons de Yunus Emre, un poète turc soufi qui vécut « quelque part en Anatolie » au XIIIe siècle. Et rêve à présent de composer sur le poète Rabindranath Tagore, aux côtés de musiciens indiens.
En 1997, il met en musique les poésies de Thérèse de Lisieux
HOYEAU Céline
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