La famille de Noël COLOMBIER a communiqué en ce début de semaine pascale d’avril 2017 l’annonce de son décès.
« On fait souvent des murs avec les mots alors qu’on devrait faire des ponts… »Ces mots, je les entends encore. Animateur en aumônerie scolaire, un ami m’avait suggéré de présenter ce chant (format 45 tours) à de jeunes collégiens pour parler des moqueries, de ces quolibets qui fusent si rapidement sur les cours de récré ! A ma grande surprise, mes jeunes auditeurs furent séduits par les propos de Noël Colombier et sa façon de dire les choses si simplement. Oui, il était possible de parler de choses sérieuses, d’amour et même de Dieu avec des mots de tous les jours et des musiques entraînantes, voire très rythmées.
La première fois que j’ai rencontré Noël, c’était dans un petit village de Haute Loire. Comme il n’avait pas les moyens de se faire de la publicité, il avait installé tout simplement sa sono à l’extérieur de l’église, passait ses « cassettes » dès la fin d’après-midi avec une petite affichette : ce soir Noël Colombier chantera ici avec vous. Et les gens venaient, simplement, comme on vient partager une veillée avec un ami de passage.
Ses prestations étaient toujours simples, naturelles mais rigoureuses. S’accompagnant lui-même à la guitare, il glissait parfois une cassette dans son magnétophone pour enrichir son répertoire d’une bande-son récupéré au studio, l’ancêtre de la PBO en somme. Le problème est qu’il avait beaucoup de cassettes … mais il prenait soigneusement le temps de les rembobiner et de les « caller » au bon endroit à l’heure où le MP3 n’existait pas encore.
Animant quelques veillées avec lui, je constatais qu’il n’était pas attaché à un programme type et que, suivant les réactions du public, il rajoutait ou enlevait les morceaux qu’il avait prévus. Par contre, très méticuleux sur le son, il rectifiait sans cesse les réglages de sa petite table de mixage afin de donner à son auditoire le meilleur de lui-même. En peaufinant ainsi ses textes, ses musiques, ses interprétations … Je l’ai toujours considéré comme un « artisan » de la chanson et un troubadour car c’est devant une assemblée chantante qu’il retrouvait son plus beau sourire. La vie ne l’avait pas épargné mais ses chansons lui permettaient d’exprimer ainsi sa foi, ses douleurs, ses questions et aussi ses mercis avec infiniment de reconnaissance pour ceux qui étaient venus l’écouter.
A son contact, j’ai découvert que chanter était d’abord une « transmission réciproque de cadeaux ». Alors merci Noël pour tous ces présents échangés sur nos routes chantantes.
Georges GOUDET. Chanteur
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la vie ne l’a pas épargné. Je n’oublierai jamais le jour où, au cours d’une de ces longues conversations téléphoniques que nous avions régulièrement, il lâcha : « Tu sais, dans ma vie, j’ai eu de la chance ! » J’en ai eu le souffle coupé, et je n’ai pu m’empêcher de lui demander s’il était sérieux. Il l’était !
Il est parti un Vendredi Saint, peut-être pour prendre un peu d’altitude et mieux entendre le merveilleux chant « La Passion – la Mort » qui, dans de nombreuses paroisses (dont la mienne), aura une fois de plus permis de mieux rentrer dans le mystère de la Pâque du Christ. »
Daniel Ménard. Ancien responsable du secteur musiques à la librairie La Procure.
« Noël s’en est allé un Vendredi Saint. Et la nouvelle de son départ nous parvient le dimanche de Pâques : un raccourci de sa vie ! 85 ans de vie. Dans ma tête, Noël le chanteur, c’est d’abord « Tu es le Dieu des grands espaces et des vastes horizons »… Un vision du monde qu’il trouvait naturelle, mais qu’il aurait sans doute aimé voir plus souvent dans notre Église. Ses différentes étapes l’ont mis en face de réalités d’’Église pas assez tournées vers Vatican II et Vatican III… Quelques échanges avec lui par téléphone me l’ont fait comprendre. A trois ans près je suis son cadet, et nous nous disions tous les deux que nous allons bien trop lentement vers un temps où femmes et hommes avancent de concert au nom du même Évangile.
Claude Bernard. Ami et parolier.
L’avis de la famille:
Une colombe s’est envolée
Noël COLOMBIER nous a quittés ce Vendredi Saint.
Il avait passé sa vie à louer Dieu à sa façon, en partageant auprès de tous les Chrétiens ses chants qui ont accompagné plusieurs générations. Du baptême à la mort, pour les petits et les grands, avec des mots simples, justes et des mélodies modernes, il a su partager sa foi.
A 85 ans il est passé sur l’autre rive rejoindre sa femme MAYA. Nous nous retrouvons tous orphelins d’un père, d’un frère, d’un ami, mais ses chants continueront encore longtemps à rythmer les évènements de nos vies. Une cérémonie d’au revoir sera célébrée jeudi 20 Avril à 14h30 en l’église de Champcevinel (Dordogne) par le Père Marcel PERRIER et le Pasteur Bernard BORDES.
Au revoir Noël COLOMBIER. Repose en paix auprès du Père.
******
Noël Colombier avait répondu en 2014 au questionnaire du blog.
******
Des chrétiens qui chantent ? Noël Colombier est un de ceux-là depuis les années soixante. Pas moins. J’ai voulu en savoir un peu plus sur le parcours de ce marathonien des textes et de la musique, aujourd’hui octogénaire. Ceci à l’occasion de la diffusion sur le réseau rcf (Radios Chrétiennes de France) dans ma pastille musicale hebdomadaire « Un air qui me rappelle » d’un de ses titres « La Colombe au rameau d’olivier ». Vous savez la colombe de l’arche de Noé partie voir si la vie pouvait reprendre après le déluge. « Je n’ai pas de biographie officielle. Ce n’est pas mon genre » m’assurait alors celui qui vit discrètement en région Midi-Pyrénées. Dans la modeste feuille qu’il adresse à ceux qui l’invitent à donner un concert, on relève juste quelques extraits de presse. « Auteur, compositeur, interprète, mais son titre le plus précieux, à nos yeux, est bien qu’il a reçu…un don persuasif d’amitié » confie ainsi de lui le pasteur Étienne Mathiot. De son côté Mgr Marcel Perrier, évêque de Pamiers à l’époque de la citation, confie apprécier celui qui « sait choisir les mots pour dénoncer les maux de la société » et qui continue « à chanter la vie et la mort, l’amitié et l’amour, avec les accents de l’Évangile ». Autant de mercis offerts à un chanteur-baladin qui s’accompagne à la guitare et dont les titres sont inspirés de la Bible, de sa vie et de celle de tout le monde, ainsi que par la beauté de la création et des paysages. Sans oublier précise-t-il ces gens « lumineux » rencontrés au fil des années.
Dans les années 60 l’abbé Noël Colombier, présenté ainsi sur les pochettes de disques, a écrit des chansons pour des labels profanes. On cherchait un successeur au Père Duval. Il a enregistré d’abord trois disques chez Pathé-Marconi. En 1968, comme le retrace dans son ouvrage bilan Olivier Landron, Noël Colombier rencontre Lucien Morisse, directeur artistique à Europe 1 et aux disques AZ. Il multiplie alors les soirées-veillées. Parallèlement aux chants religieux il compose pour les enfants et la catéchèse. En 1985 il fonde sa propre maison d’édition, Air-Libre. Un label devenu par la suite Noël Colombier Productions avant d’être racheté par le label ADF en 2011. Lui-même désormais associé depuis 2012 à BAYARD Musique.
Dans les années soixante, un de ses succès d’alors « Les sinistres bavards » où il ne mâche pas ses mots, a été repris dans la compilation de 3 CD (47 chansons) parue il y a trois ans chez ADF-BAYARD Musique/Studio SM. Puis, dans la décennie suivante les responsables des éditions Fleurus, dont Jacques Berthier, lui ont demandé d’écrire des chants pour la liturgie, la catéchèse et le jeune public. On se souvient du cycle de « La chanson de Jackie ». Ce répertoire était enregistré par les chanteurs d’Ile de France (ou d’Asnières). Chez un autre éditeur les chorales devenaient les Poppys. « Dans le répertoire Fleurus-Noël Colombier » précise aujourd’hui l’auteur, « On chantait la paix et on évoquait des grandes personnalités ». Comme ce Gandhi, Luther-King ou Jésus-Christ dessinant un monde nouveau.
Ce qui fait que sa discographie reprise en six coffrets chez ADF-STUDIO SM-Bayard Musique est impressionnante. « La chanson, çà conserve » aime-t-il lancer, complétant avec le mot d’un chanteur québécois : « Un vieux pommier ne donne pas de vieilles pommes ».
**********
– Quelles sont les chansons, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
– Noël COLOMBIER: Les chansons écrites et chantées par le Père Duval :
(rien à voir avec les chansons d’un disque à succès, dont le titre est « Les prêtres »)
– Selon vous, Dieu aime-t-il les chansons ?
Je suppose que la question sous-entend les chansons (dites profanes) qu’on entend à la radio, « sur la place du marché » et hors des églises.
Il faudrait le lui demander…Mais, à mon humble avis, je pense que oui.
Récemment, aux obsèques télévisées de Jean Ferrat (sans prêtre, ni rabbin, ni pasteur) on a vu et entendu une foule qui a chanté, en communion, un « Psaume » d’aujourd’hui qui dit : « Pourtant que la montagne est belle !» et un autre « Psaume » de louange qui disait « Que c’est beau ! c’est beau ! la vie », chanté par Isabelle Aubret.
Comment Dieu ne pourrait pas apprécier et accueillir ces éloges de la VIE ? puisque toute vie : celle des humains, des plantes, des fleurs, de la mer, de la montagne, comme celle des astres du ciel, vient de Dieu. « Oui, c’est beau la vie ! »
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Comme personne n’est jamais revenu du « paradis », pour nous le dire, on n’en sait rien. Comme vous, je le saurai quand je serai « passé sur l’Autre-Rive ».
Mais, je suis persuadé qu’au « Top 50 » de là-haut, il y a un certain Jean Sébastien Bach qui écrivait sur toutes ses partitions « Soli Deo gloria »
– Que chantent les anges musiciens ?
Même réponse : je vous le dirai si je suis autorisé à revenir sur la rive terrestre, après ma mort.
– Si la prière était une chanson laquelle choisiriez-vous ?
Les Psaumes sont des chansons. et certaines chansons de chanteurs d’aujourd’hui (je vous l’ai dit) sont des Psaumes de notre temps.
Je ne comprends pas très bien pourquoi les « gens d’églises » considèrent ce mot (chanson) comme quelque chose de « populaire » ou « vulgaire » (réservé à la rue, ou aux «places de marchés : où Jésus, précisément jouait de la flûte » Le chant religieux est désigné par « cantique ».
Utile à savoir : le livre de la Bible que les chrétiens nomment « Le cantique des cantiques » est appelé chez les Juifs : « Le Chant des chants ». C’est drôle ce besoin de classer en profane et religieux.
– Qu’aimeriez vous chanter à Dieu en le rencontrant ?
Il me connaît depuis que j’existe. Il me dira (comme à tout le monde) : « Je t’ai appelé par ton nom. Je te connaissais déjà dans le sein de ta mère. Ton nom est gravé sur la paume de ma main. Regarde.. » Il sait tout de ma vie de ce que j’ai fait, écrit et chanté. J’attendrai donc qu’il me dise : « J’aimerais bien que tu me chantes telle chanson » Et le plus beau compliment serait qu’il me dise : « J’ai beaucoup apprécié la façon dont tu as parlé de mon Fils et de moi, dans tes chants »
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les chansons qui sont vos préférées. Les dix chansons à emporter sur une île déserte?
Dix, c’est un peu juste, il me faudra un supplément de bagages car : il y aurait : ce qui chante l’Evangile et la Bible et ce qui chante l’amour, la vie, le bonheur, comme la peine et la douleur des hommes. En choisissant les auteurs qui ont su le faire avec des beaux textes et de belles musiques.
Ces « faiseurs de chansons » réjouissent sûrement le cœur de Dieu, car ils ont réjouit le cœur des hommes… Ils ont fait réfléchir et pleurer ceux qui ont un cœur de compassion et de miséricorde.
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
« Alleluia ! ». (Des milliards de générations d’hommes et de femmes l’on chanté, dans le monde sur des milliers de musiques : (Ma préférence : pour celui de Haendel)
–Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Ceux de la musique dite : « Classique » (pratiquement tous).
Ceux qui ont composé ce que l’on appelle : le « Folklore » (ou Word-music).
Les chants (cantiques) composés par des esclaves. : les Gospel’s. Ces chants qui sont devenus « Patrimoine de l’humanité » au même titre que l’Hymne à la joie de la neuvième de Beethoven et les Cantates de Bach.
–La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une chanson, laquelle était-ce ?
Un chant de berger. Un vieux prêtre musicien m’a fait découvrir, quand j’étais jeune les chants de bergers Il m’a fait découvrir qu’ils utilisaient l’écho des montagnes pour partager leur chant avec le copain d’en face.
Le premier mettait ses mains en porte-voix et chantait la première partie du chant. Après quelques minutes de silence, le berger d’en face chantait la suite du chant. C’est bien exprimé dans « Les chants d’Auvergne de Maurice Canteloube » (Plusieurs versions en CD).
J’aime beaucoup les « Chants de bergers » On ne sait pas quel berger anonyme a composé : « El condor pasa » ou « La chanson du bouvier » (qui a été mise à toutes les sauces, dans les chants religieux) mais la beauté de ces mélodies (sans droits d’auteur) nous enchante toujours comme elle enchante le cœur de Dieu.
– Si Dieu était une chanson laquelle serait-ce ?
Pourquoi cette question puisque Dieu (qui est lui-même musique et chanson) a créé le monde en chantant « Que la lumière soit » et puis les plantes, les animaux, l’homme, etc. « C’est sûr, je te dis ! » car à la fin de chaque journée il disait (pardon: il chantait) « Que c’est beau ! : le couplet que j’ai fait aujourd’hui. » « Dieu vit que cela était beau et bon » L’univers est donc : « La chanson de Dieu. »
Je suis peut-être idiot mais moi : « Je crois en Dieu qui chante et qui fait chanter la Vie » la mienne, celle de beaucoup de gens : des bergers, des enfants de toutes les couleurs, des jeunes et des vieux ….Ca fait une belle chorale.
Alleluia !!!!!!
********
Le site de son label: http://www.adf-bayardmusique.com/album832-compilation-47-chansons-noel-colombier
Sur RCF, Un air qui me rappelle: http://www.rcf.fr/radio/rcf69/emission/652755
Laisser un commentaire