Loup Besmond de Senneville ( à Rome). Les coups de coeur musicaux d’un envoyé spécial.

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L’invité du blog: Loup Besmond de Seneville. Journaliste. Envoyé spécial  permanent de LA CROIX à Rome.

Après des études de philosophie à Paris 1, il intègre le centre universitaire d’enseignement du journalisme (CUEJ) de Strasbourg de 2006 à 2008. Il est ensuite journaliste à Euractiv.fr, chargé des questions européennes, de 2008 à 2011.

Il intègre le service Religions de La Croix en 2011, et anime le projet Urbi et orbi Africa à partir de 2016. Il devient chef de la rubrique bioéthique en septembre 20171. Depuis le 31 août 2020, il est l’envoyé spécial permanent u quotidien La Croix à Rome.

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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?

-Loup Besmond: Voilà une question difficile… Comme Dieu est dans le murmure d’une brise légère, je crois qu’il est aussi dans la musique. Il est dans les Nocturnes de Chopin, il est dans les suites de Bach et dans la gravité toute humaine du son du violoncelliste, il est dans les Variations Goldberg jouées par Glenn Gould. Mais de manière plus explicite, je pense à deux musiques, le poème d’Aragon « La rose et le réséda », mis en musique par « La TorDue » et le « Jésus », la  chanson  de Laurent Voulzy (sur un texte d’Alain Souchon).

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Je vois mal comment cela pourrait en être autrement ? Pour moi, Dieu aime autant les crincrins du violoniste débutant, répétant seul au fond de sa chambre, que l’orchestre symphonique qui se produit sur une scène, ou le groupe de rock qui répète chaque semaine dans un garage.

Au paradis quelles musiques y entend-on ?

Peut-être que cela dépend des musiciens qui y sont ! Joao Gilberto et Johnny Halliday y ont-ils mis au point un duo ? Plus sérieusement, j’imaginerais bien que l’on pourrait y entendre la sublime Misa Criolla d’Ariel Ramirez. Celle jouée il y a quelques années à Saint Pierre de Rome était époustouflante. Mais j’écoute souvent celle donnée en 2012 à Los Angeles, dirigée par Rebecca Lord. Elle est d’une puissance inégalable.

Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?

Les musiques qui invitent à la prière sont celles qui vont font entrer à l’intérieur de vous, sans d’ailleurs forcément le vouloir. Je peux prier en entendant la grâce  de la pianiste d’Anne Queffélec ou le phrasé de François-René Duchable. Comme vous le voyez, c’est plutôt le piano qui m’entraîne vers la prière. Mais je suis aussi sensible à certains chants liturgiques, en particulier quand ils sont chantés par toute une assemblée. Le canon « Je veux voir Dieu », du P. Patrick Lemoine, me plonge comme immédiatement dans la prière, car ses paroles me touchent directement.

Que chantent les anges musiciens ?

Est-ce la faute de l’iconographie populaire si je m’imagine des anges trompettistes ? Peut-être jouent-ils Louis Amstrong ? Ou font-il danser à la manière du trompettiste et virtuose Ibrahim Maalouf dans ses concerts ? A moins qu’ils ne jouent, pour vous accueillir, les Funérailles de la Queen Mary, d’Henry Purcell, avec cette solennité et cette gravité destinées à vous rendre compte de l’endroit où vous venez d’arriver…

 Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

C’est trop difficile de vous répondre ! La prière a mille formes, mille voix, mille mélodies.

Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

La chanson de Maxence, dans les Demoiselles de Rochefort. Dans cette scène, le jeune Maxence, joué alors par Jacques Perrin, décrit sa quête de son idéal féminin. Il chante la manière dont il a parcouru le monde à la recherche de celle qui incarne l’espoir qui le fait vivre.

Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?

– Jean Ferrat, Que serais-je sans toi ? (Encore Aragon…)

– Tous les albums de Cesaria Evora (faut-il vraiment choisir ?)

Les Suites de Bach jouées par Jacqueline Dupré

Avril, un très bel album de Laurent Voulzy

–  Music for the Funeral of Queen Mary, d’Henry Purcell

La Garota de Ipanema dans sa merveilleuse version bilingue chantée en duo par Frank Sinatra et Antonio Carlos Jobim

– Les nocturnes de Chopin jouées par Anne Queffelec

– Le concerto pour piano numéro 2 de Rachmaninov

– « Ne me quitte pas », de Jacques Brel

– Un « Ne me quitte pas » nettement moins connu mais très émouvant : celui composé par Michel Legrand et chanté dans les Parapluies de Cherbourg avant une déchirante séparation entre Guy (Francesco Castelnuovo) et Geneviève (Catherine Deneuve)

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

« Une chanson douce », d’Henri Salvador. Pas seulement parce qu’il y est question de Loup, de biche et de chevalier, mais aussi parce que c’est en l’écoutant que je m’endormais, enfant. Et ce malgré mon prénom : c’est d’ailleurs une chanson assez triste pour le loup, contre lequel tout le monde se ligue, mais je m’en suis aperçu tardivement.

Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

Arrivé à ce stade de votre questionnaire, je m’aperçois que j’en ai déjà cité un certain nombre… Je dois ajouter à cette liste le chef uruguayen Gustavo Dudamel, dont le projet avec les enfants défavorisés de Montevideo me touche beaucoup. Ainsi que sa manière tout à lui de diriger, bien sûr !

– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?

Jean Ferrat, Que serais-je sans toi ? Bien sûr…

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

Une musique inattendue.

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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