L’invité du blog: Justin Bonnet du quintette vocal a capella contemporain pour chansons traditionnelles « Les Têtes de chien. » Créateur et directeur artistique.
Justin Bonnet: Après l’obtention des premiers prix de clarinette et de musique de chambre au conservatoire centralisé de la ville de Paris, Justin Bonnet intègre la formation professionnelle pour jeunes chanteurs de la maîtrise de Notre Dame tout en poursuivant ses études d’écriture et de direction de choeur, notamment auprès de Claire Marchand et Denis Rouger. Il crée en 1995 l’ensemble vocal La Note Jaune qui se consacre exclusivement aux musiques françaises de tradition orale et s’initie bientôt à la cabrette, aux cornemuses du Centre-France, à la pratique des danses populaires. Sa passion pour les musiques traditionnelles ne cesse de grandir au contact des musiciens et chanteurs porteurs de cette culture. Il se livre à l’étude attentive des sources de ce répertoire : enregistrements de collectage et recueils imprimés de chansons. Pédagogue, il est invité à animer un atelier de chant traditionnel aux Choralies 2007. Son intérêt pour les musiques modales se traduit également par sa pratique régulière de la musique médiévale (Sequentia dirigé par Benjamin Bagby et la Maîtrise de Notre Dame, Sylvain Dieudonné). Parallèlement, il collabore régulièrement avec les Arts Florissants de William Christie et le Concert Spirituel d’Hervé Niquet, où il explore une autre facette du répertoire français et européen. » (Présentation extraite du dossier de presse)
Les têtes de chien: 5 hommes, 5 voix (baryton, basses, ténors) , 5 Parisiens unis sous le label « Les têtes de chien », écho à leurs enfances. Les deux pieds dans la capitale de la France et leurs coeurs (choeur) en régions. Formés pour l’opéra, la chanson, le théâtre, les musiques traditionnelles, ces Cinq là revisitent le répertoire traditionnel aux accents si variés. Avec la fantaisie maîtrisée, la mise en scène, la fougue, des artistes d’aujourd’hui et la grande rigueur des musiciens et spécialistes du répertoire. Leur première rencontre en 2007 a été la bonne. Ils travaillaient alors sur des musiques albanaises. Depuis, ils tracent leur chemin de voix. Spectacles de création et disques se suivent. Ils présentent ce printemps 2015 leur nouvelle création « La Marelle, entre terre et ciel, chants populaires du légendaire chrétien ». Cette Marelle qui loin d’être seulement un jeu d’enfants s’adresse à tous les âges.
La tradition orale nous a transmis ces chants chrétiens traditionnels, sans être des cantiques ou des chansons à usage liturgique, « Les têtes de chien » nous offrent ces chants de veillée, sur le plateau d’églises et de temples protestants de Paris (1) Dans un premier temps. Familiers des théâtres et salles de concert classiques, ils ont choisi de changer d’acoustique. « Initialement crées et chantées dans la vie quotidienne, ces chansons venues du fond des âges, s’inspirent de récit de vie, racontent des histoires qui apparaissent ici sous un éclairage neuf, celui des hommes et des femmes du peuple qui chantaient dans l’intimité de leur foyer à la veillée ou lors des fêtes, loin du dogme de l’église » (de l’époque pourrait-on préciser). La compositrice Caroline Marçot a travaillé sur ce spectacle La Marelle, parcours vocal de la terre au ciel. La mise en espace est d’Annabelle Stefani. La dernière partie de ce florilège est constituée de chants concernant la période pascale. A l’image de ces « réveillés » de Bretagne et d’Auvergne qui sortaient afin de faire la quête des oeufs. Le choix des titres est puisé dans les collectages écrits du début du XXème siècle (Achille Millien, Joseph Canteloube notamment) et dans les enregistrements des anciens, initiés dans les années 70 du XXème siècle. De ce travail sur la mémoire « Les têtes de chien » font un hommage à la foi chrétienne et un peu profane, périphériques comme l’indique le Pape François, héritées des siècles précédents. Non sans ambition: « Les chansons traditionnelles sont des objets poétiques ouverts…Elles véhiculent une richesse inouïe d’émotions, de sentiments, d’idées. » L’humour est aussi présent en cette soirée. 18 chansons sont présentées, invitation au voyage, au déplacement, dans leur écrin vocal. Des conscrits de la Toussaint (Montvalezan,Savoie) à Passion, (Auvergne-Bretagne). Leur pari est gagné.
(1) Le spectacle La Marelle est né de la rencontre avec « La Cité de la Voix », lieu de formation et de création, associé à la célèbre basilique de Vézelay (Yonne).
Le quintette Les têtes de chien, en tournée, quelques dates:
La Marelle,
12 avril – Eglise Saint Merry, 76 rue de la Verrerie, Paris 1er, 19h
27 avril – Eglise Saint Hippolyte, 27 avenue de Choisy, Paris 13°, 20h30
1er mai – Eglise St-Jacques-du-Haut-Pas, 252 rue St Jacques, Paris 5°, 20h30
2 mai – Temple du Luxembourg, 58 rue Madame, Paris 6°, 20h30
3 mai – Eglise Saint Esprit, 186 avenue Daumesnil, Paris 12°, 15h00
15-16-17 mai – Châteauroux
La grande ville, autre spectacle,
14-16 mai- Châteauroux.
21 juin – Aubazine
24 au 27 juin – Bordeaux
Voir infos public:http://www.reverbnation.com
http://www.reverbnation.com/t%C3%AAtesdechien
Voir le label, pour le disque « Portrait d’hommes »: http://www.fremeaux.com/index.php?page=shop.product_details&category_id=128&flypage=shop.flypage&product_id=1377&option=com_virtuemart
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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
– Justin Bonnet: Les chants soufis de Nusrat Fatel Ali Kahn, le chant des oiseaux, les mantras de Lama Gyurme, les gospels de Mahalia Jackson, les passions de J.S Bach, les antiennes grégoriennes, les chants de Pâques des paysans auvergnats…
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Oui
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Celles des hommes et celles des oiseaux, comme ici.
– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Si on veut bien considérer que la danse peut-être une forme de prière… toutes, sauf celles qui appellent à la violence.
– Que chantent les anges musiciens ?
Pour les anges européens, les premières polyphonies du 13e siècle, comme sur les statues des cathédrales. Pour les autres, je ne sais pas.
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Les variation Goldberg de Bach.
– Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Une polyphonie corse, donc pas tout seul!
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
Mr Paganini chanté par Ella Fitzgerald
Variaitons Goldberg transcrites pour quatuor à cordes
Sex machine de James Brown
« Non dimenticar » de Aldo Romano, chansons italiennes
« Il pleut sur Nantes » de Barbara
Un duo entre Erik marchand et Titi Robin
« You’re the sunshine of my life » de Stevie Wonder
Des fantaisies pour violes de Purcell
La voix d’Amalia Rodriguez.
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
« Réveillons réveillez car voici l’heure », chant de Pâques du Limousin.
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Tous les chanteurs traditionnels qui ont été enregistrés et qui occupent mon temps…
Et tellement d’autres que je ne me lance pas dans un catalogue interminable.
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
« J’suis un CRS mélomane » de R-wann, une chanson très drôle que j’ai découverte hier matin, et qui m’a réjouit toute la journée.
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Le chant des oiseaux peut-être.
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A lire:
LA CROIX (JEAN-YVES DANA) – 2 mars 2012
Une merveille d’intelligence et de talent. Cinq voix en or
revisitent les chansons des provinces. Voici un quintet vocal aussi
atypique qu’enthousiasmant. Philippe Bellet, Justin Bonnet, Henri Costa, Didier Verdeille et
Grégory Veux, tous remarquables, sont irrésistiblement drôles dans leur jeu de scène
enlevé, organisé autour de simples chaises d’écoliers. Et ils chantent admirablement, sans
micro – on pourrait écrire sans filet – dans des harmonies impeccablement arrangées, où
s’entrecroisent lignes mélodiques, bourdons et mots qui cinglent. Ajoutons que ces voix
d’or sont basses pour deux d’entre elles, ténors pour deux autres et baryton pour la
dernière, qu’elles viennent aussi bien de l’opéra que des musiques traditionnelles, de la
chanson française que du théâtre, et l’on aura presque tout dit… (…) Leur goût pour les
répertoires traditionnels de leur province, auxquels ils donnent une prestance rarement
entendue, fait le reste (…) Chants galants, grivois, de révolte ou de labour, ces belles
pièces oubliées trouvent ici une seconde vie et une modernité inespérées.
LA CROIX (JEAN-YVES DANA) – 27 décembre 2013
La Grande Ville, nouveau spectacle de ce brillant
quintette vocal, explore l’histoire de l’exode rural à travers
le prisme insolite de la chanson. Les polyphonies qu’offrent les Têtes de
Chien enchevêtrent les voix (deux ténors, deux barytons et une basse) avec une rare
complexité, usant du bourdon comme des « yodles », des chuchotements comme des
percussions corporelles. Elles s’enrichissent d’un jeu de scène plein de trouvailles,
redonnant à ce répertoire une modernité inattendue. (…) Le plus souvent, l’audace des
arrangements étonne, séduit, ravit : les sonorités d’Afrique font vibrer la comptine Si le roi
m’avait donné, les rythmes d’Amérique accompagnent le béarnais Bonjour maître
médecin. Et Adieu Rosette, chanson du Roussillon, se transforme en une mazurka
enlevée…
Mon commentaire Merci Yann pour votre ouverture du coeur
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