Jacques FISCHER. En bonnes voix, spirituals et gospel music.

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L’invité du blog: Jacques FISCHER, fondateur et directeur musical des Compagnons de l’Arche.
Le groupe des Compagnons de l’Arche fête ce 21 mars 2014 (1), six décennies au service de spiritual et de la gospel music. Un sacré parcours. L’aventure amicale, vocale, au service de l’Evangile, a débuté en 1954. A l’occasion de la préparation d’une veillée scoute, en Normandie. Riches d’un modeste phonographe et d’un seul disque ils déchiffrent alors le chant disponible. C’est ainsi que les quatre jeunes hommes découvrent, par hasard, la force du negro-spiritual. Ils venaient d’écouter les Jubilee Singers chantant le déluge « The old ark » (La vieille arche). Ils adoptent alors ce  nom de scène. Le quatuor vocal débutant est bien décidé à faire connaître cette musique au-delà de leur cercle d’amis. Les voilà partis sur les routes et dans le répertoire d’un genre musical riche en émotions.
A leurs débuts les Compagnons chantent des negro-spirituals, de très anciens chants dont les auteurs, anonymes, puisent avec force dans les grandes pages de la Bible pour y partager leur quotidien  rude et soutenir  leur foi. C’est ensuite que les Compagnons aborderont la gospel music, née, elle, dans les églises noires indépendantes à compter du XIXème siècle. Le genre devenu urbain fait aujourd’hui florès. Un soliste y prêche en chantant, accompagné par un groupe vocal. Soit en répétant une phrase clé, soit en accompagnant bouche fermée. Les Compagnons de l’Arche sont heureux d’être au service de cette musique qui aborde des questions actuelles relues à la lumière d’un fondement biblique solide.
Au fil des années les Compagnons ont affirmé leur style. De nombreux artistes connus ont croisé leur passion sur scène. Leurs concerts, expliquent-ils par la voix de leur responsable, le pasteur Jacques Fischer, ne sont pas d’une forme classique. Pas de succession immuable de pièces titrées, en rangs immobiles. Ils peaufinent leur mise en place, mise en scène, qui correspond au répertoire qu’ils servent. Chaque chant offre son atmosphère propre. Régulièrement les Compagnons partagent au public un commentaire qui permet d’entrer dans l’esprit et la lettre de ce répertoire chanté en anglais. Un fil directeur guide les commentaires rédigés sous une forme poétique. L’an passé il s’agissait de la vie du Christ.
Très rapidement l’équipe est devenue œcuménique, réunissant Catholiques et Protestants. Ils prient ensemble avant chaque concert. Plusieurs générations se sont suivies au sein des Compagnons. Aujourd’hui l’équipe comporte autour d’une chanteuse professionnelle, Evelyne Selles, trois chanteurs amateurs : le ténor Jean-Louis Manson, le baryton  fondateur du groupe, Jacques Fischer, et la basse profonde Claude Redouté. Des musiciens les soutiennent, avec à leur tête le pianiste Philippe Glatigny. Il faut citer encore Marie-Odile Manson, à l’orgue, Michel Tourte, aux drums, Eric Fischer au saxophone et, à la contrebasse, Didier Benayoun.
Le concert anniversaire de ce 21 mars sera exceptionnel. Les anciens rejoindront au final les membres actuels. Un programme spécial a été préparé. Avec, notamment, des méditations (« Let us break bred together, » sur la Cène), des titres prédicatifs (The last good bye, sur l’espérance de la Résurrection) et des titres plus anciens.
Les Compagnons ont publié 4 CD. Voir leur site.
(1)   Le 21 mars à 20h45 en l’église réformée de l’étoile, Paris (54, rue de la grande armée).
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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
– Jacques FISCHER : Dans la chanson les plus justes sont celles de Brel et de Brassens. Les plus « divines », dans le répertoire classique, sont les musiques de Stravinski ( l’oiseau de feu et le Sacre du printemps).
–  Selon vous, Dieu aime-t-il la musique?
Je cite « Et si l’bon Dieu aime tant soit peu l’accordéon, au paradis tu t’plais sur’ment mon vieux Léon » (Brassens)…. Bien sûr il aime la musique.
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Je vous le dirai quand nous y serons tous les deux, vous et moi,  parvenus.
Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
Les motets de Bach, le clair de lune de Debussy, le deuxième mouvement de l’héroïque de Beethoven.
–  Que chantent les anges  musiciens ?
Je n’en sais rien, je ne les ai pas encore entendus.
Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Une prière de funérailles africaines.
Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Un vendredi en Palestine (Le Golgotha) chanté de Patachou.
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?     
–         Regarde bien petit (Brel)
–         Bonhomme –Brassens)
–         Le sacre du printemps( Stravinski)
–         La cantate N° 1 de Bach(Wie schön leuchtet der Morgenstern)
–         Les corps célestes (Messiaen)
–         Hommage aux victimes d’Hiroshima
–         Le duo des Maitres chanteurs (Wagner)
–         Le Gospodi Pomilouï de Tchaïkovsky
–         Une cantilation hebraïque des premiers versets de la Genèse
–         Les préludes de Liszt.
Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Il y en a trop, mais peut-être « quand les hommes vivront d’amour » (avec les trois canadiens, Leclerc, Charlebois, Vigneault).
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Guillaume de Machaut,Bach,Ligetti,Mahler,Messiaen,Campra, Dutilleux, Stravinski, Rachmaninoff .Takemitsu, Boulez,  Chopin,Wagner et tant d’autres…Et puis Elisabeth Schwartzkopf, Mahalia Jackson,Louis Armstrong, Wilhelm Furtwängler, Aram Kathchaturian …
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ? 
Une chanson de Rokia Traoré dont j’ai oublié le nom
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Ruht wohl, le chœur ( et non le choral) final de la passion selon St Jean de Bach.
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Le site: http://www.compagnonsdelarche.org/
A découvrir quelques titres interprétés par Les Compagnons de l’Arche sur la compilation « Trésors SM-Spirituals » chez ADF-Bayard musique. : http://www.adf-bayardmusique.com/album1365-les-tresors-de-studio-sm-spirituals-compagnons-de-l-arche-agnes-sarkis-virgina-vee-john-littleton-compagnons-du-jourdain-les
A lire dans LA CROIX, datée du 29 mars 2014:

Le negro spiritual, une autre manière de prier.

Dans la chorale Pic’Pulse, à Paris, des jeunes découvrent le souffle puissant qui traverse les negro spirituals. Ils font l’expérience d’un chant né au temps de l’esclavage, qui convoque leur être tout entier

Ce jeudi, comme chaque semaine, ils se retrouvent chez les Picpusiens, dans le 12e arrondissement de Paris, pour une répétition exigeante. Les chefs de pupitre, capables de lire des partitions, arrivent les premiers. À 19 heures, sous la direction d’une responsable de la chorale qui donne le ton et bat la mesure en claquant des doigts, ils travaillent avec patience et rigueur les premières portées de deux negro spirituals mis au répertoire d’un prochain concert.

À 20 heures, ils sont rejoints par une centaine de choristes. La répétition générale débute alors par un temps d’échauffement de la voix. « Non non non, oui oui oui », vocalisent les choristes. Puis, le P. Serge Gougbèmon, chef de chœur, prend les choses en main, avec une énergie communicative. Il fait d’abord travailler Elijah Rock. Les sopranos 1 et 2. Puis les altos 1 et 2. Et ensuite les ténors et les basses. Puis, c’est le tour de How Can I Keep From Singing. L’être tout entier semble convoqué, communier dans une joie toute en retenue. Un souffle puissant traverse ces chants.
Vient ensuite le temps d’un travail plus spécifique, par voix, avec les chefs de pupitre. Présence attentive, le P. Serge circule d’un groupe à l’autre, vérifie la justesse du rythme, des nuances… avant de réunir à nouveau le chœur pour répéter une dernière fois, ensemble. La soirée se termine par un « pot » préparé à tour de rôle par un pupitre, pour permettre aux choristes de mieux se connaître. Ce soir, les basses et les ténors, autrement dit les « garçons », numériquement moins nombreux, ont apporté cocktails, fruits, bonbons… En attendant la répétition suivante, tous devront travailler seuls les chants, en écoutant la ligne vocale correspondant à leur pupitre qui leur sera envoyée sous la forme de fichier MP3.
« Le negro spiritual est un chant très technique et un registre vocal extrêmement étendu, explique le P. Serge. Chanter ensemble a cappella exige beaucoup de travail. »
 
Élégant dans son costume bien coupé, ce prêtre de la congrégation des Sacrés-Cœurs de Picpus, 45 ans, est à l’origine de ce chœur un peu particulier. Sa première expérience de chorale, il l’a connue à Nancy. Envoyé au début de sa vie religieuse dans une cité du nord de la ville, le Haut-du-Lièvre, ce fils de musiciens, qui a grandi « entre la France et le Bénin », avait cherché comment rejoindre les jeunes qui ne venaient plus à l’église parce qu’ils s’y « ennuyaient ». Le film Sister Act avec Whoopi Goldberg faisait alors un tabac. L’idée avait germé de monter une chorale gospel. « Les répétitions avaient lieu à la MJC, un espace ouvert où ils ont appris à écouter et à chanter tout en découvrant la Bible, se souvient-il. Lorsque j’ai été ordonné en 2004 à Notre-Dame de Paris par le cardinal Lustiger, ils ont chanté avec la maîtrise de Notre-Dame. »
Le chœur Pic’Pulse (1) naîtra d’un même souci d’évangélisation. Devenu enseignant de philosophie à l’Institut catholique de Paris et aumônier des grandes écoles, le jeune picpusien s’est en effet demandé « comment rejoindre les autres jeunes, socialement nomades, et leur permettre de vivre une expérience spirituelle ». En réponse, il a fondé le « réseau Picpus » dont il est l’aumônier, qui propose différentes activités artistiques, culturelles et spirituelles. Pic’Pulse qui regroupe plus de 120 jeunes, étudiants et jeunes professionnels, en fait partie.
« J’apprécie l’exigence de la chorale », confie Cyril Becquart, 28 ans, directeur technique d’une start-up, ténor et catholique « pas vraiment pratiquant. Le côté ouverture à l’autre est aussi très important. Et surtout, j’apprécie de pouvoir renouer avec la foi sans que cela me soit imposé. Chanter Glory to God, c’est une manière comme une autre de prier. »
Cette dimension spirituelle est aussi très importante pour Marie-Odile Rochette, 32 ans, coordinatrice logistique et catholique pratiquante, qui fait partie « des altesses », comprendre les alti 1. « Ce qu’on chante, dit-elle, ce n’est pas rien. Il y a la Bible et l’histoire des esclaves noirs américains qui est derrière. Je suis d’origine antillaise, cette histoire de passage par la souffrance, d’espoir par-delà les angoisses d’atteindre la lumière, je la chante avec tout mon être. Et quand nous chantons des gospels – gospel ça veut dire Évangile –, cela veut dire que tous les jeudis, nous la proclamons. Cela me donne une vraie joie! »
Pour permettre à chacun, proche ou non de l’Église, de comprendre ce qu’il chante, les chefs de pupitre prennent le temps d’expliquer. « Connaître d’où viennent ces chants, par qui ils ont été écrits, à quel passage biblique ils font référence, de quelle espérance ils sont porteurs, cela change tout », constate Myriam Perriaux, 23 ans, chef de pupitre soprano, qui traduit les chants et fait partie de la petite équipe qui mène des recherches en amont. Le P. Serge rappelle aussi le sens des textes, souligne quand les paroles ont une certaine gravité. « On n’est pas dans la joie facile… on n’est pas là pour chanter Oh Happy Day », dit-il alors. Il fait de même avec le public, lors des concerts conçus comme des parcours. « Le negro spiritual, comme le gospel, c’est la Parole de Dieu, résume-t-il. Si j’aide les jeunes, mais aussi le public à se l’approprier, ils peuvent se laisser transformer par elle. »
Juriste en entreprise, et animatrice paroissiale, Marie Gillouard, 31 ans, est sensible à cette cohérence. Chef de pupitre soprano, soliste à l’occasion, elle a commencé à chanter dans la chorale paroissiale dirigée par son père en Bretagne. Elle a ensuite pris des cours de chant, et participé à différentes chorales, mais sans s’y sentir tout à fait à sa place. Depuis qu’elle a rejoint Pic’Pulse, elle peut, dit-elle, « exprimer tout ce qu’elle porte au fond d’elle-même ». « Ces chants qui nous ont été transmis à travers le temps sont comme des psaumes. Venues d’autres, leurs paroles rentrent en moi, me parlent dans ma vie d’aujourd’hui. Elles deviennent paroles vivantes qui me travaillent, m’ouvrent un chemin. Quelque chose se dit aussi à travers la musique qui donne forme à cette prière. »
 

(1) ww.reseau-picpus.com/picpulse/vous-avez-dit-picpulse

DE SAUTO Martine

Une réponse à “Jacques FISCHER. En bonnes voix, spirituals et gospel music.”

  1. Avatar de pascal guillot
    pascal guillot

    Il ne s’agit pas d’anglophobie, mais d’une question vocale : la grenouille peut-elle faire « le bœuf » ?
    De même qu’il est rare que des voix françaises soient adaptées à l’opéra russe ou à Wagner, les puissantes voix du négro spiritual nous font voyager et nous émeuvent. Pour autant, le spectre vocalique de la voix française peut-il assurer (et sans risque) une imitation (qui peut entraîner un appui laryngé) ? On peut aussi poser la question d’une voix par trop dramatique qui voudrait interpréter la mélodie française ?

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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