Isabelle de Gaulmyn (journaliste). Le vent, la mer, le mystère et Bach

Publié le

L’invitée du blog: Isabelle de Gaulmyn. Journaliste. Présidente des Semaines sociales de France.

Diplômée de l’Institut d’Etudes politiques de Paris, Isabelle de Gaulmyn a été journaliste économique aux Échos puis à La Tribune. Elle a été rédactrice en chef du journal La Croix de 2015 à 2024. Elle a été ensuite productrice déléguée France Culture – Les Matins de France Culture.

Les 15 et 16 novembre, 99 ème rencontre annuelle des Semaines sociales de France sur le thème de la révolution de l’IA (intelligence artificielle), un défi éthique et démocratique. Construire ensemble pour aider au discernement. A Bordeaux et en ligne. Ateliers, débats, conférences.

Le site: https://ssf-lasession.org

A écouter sur France Culture Catholiques de France, la tentation radicale?

Par Isabelle de Gaulmyn. LSD (la série documentaire) cherche à comprendre les ressorts psychologiques et politiques de la crise de conscience qui traverse aujourd’hui le catholicisme. Enquête au sein de la première religion de France. Réalisation Anne Fleury

4 épisodes •En savoir plus

Qu’arrive-t-il aux catholiques de France ? Depuis plusieurs années, le latin revient dans les messes, des prêtres portent la soutane et exigent une séparation stricte des rôles entre hommes et femmes. Les pèlerinages traditionnalistes font le plein, renvoyant l’image d’une identité catholique ultra-classique, nostalgique d’une France chrétienne… Le catholicisme demeure la première religion de France, mais la crise des abus sexuels et la sécularisation de la société ont profondément déstabilisé l’institution catholique. Cependant, plutôt que de procéder à une remise en cause en profondeur, tout se passe comme si une partie des fidèles préférait se réfugier dans une conception « Ancien Régime » de la religion, le pied appuyé sur la pédale de marche arrière….

Cette évolution trouve une traduction politique inquiétante. Longtemps, les catholiques, bien que majoritairement situés à droite, formaient un rempart contre les idées d’extrême droite jugées incompatibles avec l’Évangile. Ce n’est plus le cas. Aux dernières élections législatives, plus de 40% d’entre eux ont voté pour les partis de Marine Le Pen ou Eric Zemmour ! Émerge ainsi une droite catholique nationaliste, qui, au nom d’une vision de la France chrétienne, soutient une alliance entre la droite et l’extrême-droite.

Nous avons voulu comprendre cette évolution de fond, qui, au-delà des catholiques, concerne l’ensemble du pays. Car on l’oublie trop souvent : le tissu associatif national reste largement dominé par les organisations chrétiennes, qui des migrants aux gens de la rue, en passant par l’aide au développement ou à l’hébergement, jouent un rôle crucial pour la démocratie dans notre pays.

Comment expliquer cette crise de conscience ? Sans doute faut-il remonter au conflit du mariage pour tous qui a opposé des milliers de catholiques au reste de la France. Beaucoup ont alors pris brutalement conscience qu’ils étaient devenus minoritaires dans une société qui ne les comprenait plus. La radicalisation catholique a pris racine à ce moment-là. Aujourd’hui, elle est soutenue par des milliardaires catholiques comme Vincent Bolloré ou Pierre-Edouard Stérin. Le mouvement n’est pas propre à la France. Nous sommes allés voir comment, né aux États-Unis, avec Trump II, il s’est étendu en Europe : de la Hongrie de Victor Orban à l’Italie de Gorgia Meloni.

Cette radicalisation spectaculaire ne doit cependant pas masquer d’autres dynamiques profondes. Nous avons rencontré des jeunes catholiques, sensibles à l’appel écologique du pape François, qui inventent à bas bruit de nouvelles manières d’être croyants. Ils mettent en œuvre des formes concrète de solidarité face à un monde globalisé. Signe peut-être qu’après 2000 ans d’existence, le christianisme demeure capable d’inspirer de nouvelles utopies.

Bibliographie

  • Philippe Portier avec Jean-Paul Willaime, Les religions dans la France contemporaine, Armand Colin, 2021
  • Denis Pelletier, La Crise catholique, Payot, 2005
  • Olivier Roy, L’Europe est-elle chrétienne, 2019, Seuil

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-catholiques-de-france-la-tentation-radicale

********

Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?

Beaucoup de musique évoquent Dieu, sans que ce soit forcément explicite. En tous les cas pour moi. Bach évidemment. Et puis tout ce qui est baroque, avec une préférence pour Georg Philipp Telemann… et Vivaldi (le Stabat Mater)

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Je poserais la question inversement : est-il possible de jouer de la musique sacré sans croire en Dieu ? Sans aucun doute, vu le nombre de musiciens aujourd’hui qui en jouent. Mais cela reste un mystère pour moi… 

Au paradis quelles musiques y entend-on ?

Le vent… ou la mer. 

Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?

Musque grégorienne, chants de Taizé 

Que chantent les anges  musiciens ?

Je préférerais qu’ils jouent du clavecin et de la flute, de la viole de gambe… 

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

 Partita en la mineur pour flute de Bach, le mouvement la Sarabande. 

Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

Rien je chante mal.. Le pauvre !

Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte? 

Alors évidemment Bach. Mais pour donner des airs plus modernes, disons imagine (John Lennon) One (U2) Göttingen (Barbara), Fabrizio De André, Brassens, Foule sentimentale (Souchon) 

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

Bocca di rosa, de Fabrizio  de André (la chiamavanno bocca di rosametteva l’amore spora ogni cosa): c’est un beau programme, mettre l’amour au- dessus de tout… Même si on peut s’y bruler. 

Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

Essentiellement de la musique baroque : Telemann, Monteverdi, Pergolese, Clérambault, Michel Blavet, Buxtehude, Quantz, .

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

.Un oratorio de Bach

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

    Lire la suite

À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

Les derniers commentaires

Articles des plus populaires