Hervé LAMY (Les Voix de l’Unité). »Bien sûr que Dieu aime la musique! »

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Hervé Lamy.  Ténor. Directeur artistique de l’album « Les Voix de l’Unité » (label JADE), chants liturgiques de séminaristes catholiques et orthodoxes.

LES VOIX DE L’UNITÉ. Séminaire catholique de Saint-Sulpice, séminaire orthodoxe Sainte-Geneviève. 19 titres. 1 CD JADE

Quand des séminaristes catholiques (Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux) et orthodoxes (Sainte-Geneviève à Épinay-sous-Sénart) unissent leurs voix pour concrétiser le souci de l’unité et de l’œcuménisme. L’initiative, fruit d’une amitié entre les deux supérieurs des séminaires d’Ile de France, associe deux traditions musicales qui invitent  à la ferveur. Ces musiques pour prier et célébrer proposent des classiques dans le registre du chant choral liturgique. Une réussite.

R.M

Hervé Lamy présente son travail de directeur artistique:

« Ayant débuté dès dix ans avec les « Petits Chanteurs de Sainte Croix de Neuilly » dont il assure maintenant la formation auprès de François Polgàr, Hervé Lamy chante ensuite au « Choeur Grégorien de Paris », lui-même issu de cette maîtrise, et rejoint en 1982 la « Chapelle Royale » puis l »Ensemble Vocal Européen » dirigés par Philippe Herreweghe. Dès lors engagé par Jean-Claude Malgoire, William Christie, Hervé Niquet ou Christophe Coin, il collabore aujourd’hui à « La Fenice », « Akadêmia », « Ricercar » ou au « Centre Baroque de Versailles ». Sans oublier, pour la musique ancienne, les ensembles « Gilles Binchois » et « A Sei Voci ».
S’il chante souvent la mélodie et l’oratorio, Hervé Lamy fréquente néanmoins l’opéra: de son travail avec le metteur en scène Christian Gangneron, retenons « Armida » de Haydn, le « Pauvre Matelot » de Milhaud, « The Knot Garden » de Tippett et, en 1998, « Orfeo » de Monteverdi. En 2000, il crée un opéra de Jacques Castérède évoquant « Sainte-Foy de Conques ». Parmi les quelques quatre-vingts enregistrements auxquels il a participé, outre les « Lieder » de Mozart et les « Dichterliebe » de Schumann, il faut noter quatre récitals de chant grégorien -forme qu’Hervé Lamy pratique maintenant avec assiduité- dont « Christus Rex », salué par un Diapason d’Or. »

Sur KTO:

Un extrait: https://www.youtube.com/watch?v=q0A4uuQHLkE

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« Transposé dans le monde des courses, le directeur artistique d’un enregistrement se situerait quelque part entre l’entraîneur et le jockey: ce n’est pas lui qui galope mais il pousse sa monture à fond. Et pour cela il cravache, mais pas trop…
Dès le début de la «balance» – le réglage des micros par l’ingénieur du son -, il jauge les interprètes pour leur faire donner le meilleur d’eux-mêmes dans le temps imparti, sans exiger d’eux l’impossible. Le directeur doit aussi faire siennes les options musicales du chef, quitte à tenter de les infléchir s’il ne les «sent» pas bien.
Gestion du temps et des énergies, voila l’essentiel du métier, avec de la psychologie et la dose d’humour qui fait passer la critique et désamorce les tensions. La pédagogie est celle de la carotte et du bâton: on ne se refuse pas un commentaire un peu saignant ni une prise supplémentaire même s’il y en a déjà une douzaine «dans la boîte», mais on encourage toujours, et on récompense dès que possible, en offrant aux musiciens de venir en cabine écouter une très bonne prise, ou en leur accordant la pause réparatrice attendue…
Les séminaristes des Voix de l’Unité étant pour la plupart néophytes en matière d’enregistrement, il a fallu les initier aux lois de l’exercice, qu’on peut rapprocher du cinéma, le concert ressemblant davantage au théâtre: silence absolu quand «ça tourne», alternance immédiate de concentration et de détente. Et le plus étonnant pour des novices, le fractionnement des morceaux en prises d’une ou deux phrases musicales, parfois même de quelques notes seulement. Loin d’y perdre en expression, le disque y gagne en termes de précision, de justesse et de fraîcheur vocale. Au reste, la qualité artistique, l’enthousiasme et l’endurance de nos chanteurs ont largement compensé leur inexpérience ! Seul bémol, l’abondance des bruits extérieurs – métro, automobiles – qui ont plus qu’entamé notre capital-temps.
Une fois l’enregistrement fini, contrairement aux musiciens, l’ingénieur du son et le directeur artistique ont encore, quant à eux, du pain sur la planche: il reste à réaliser le montage du cd qui nécessite plusieurs jours de travail, le disque comportant des centaines de points de montage. Mais à la fin c’est la délivrance, pourrait-on dire, tant la genèse d’un cd évoque un accouchement dont l’ingé-son et le directeur seraient la sage-femme et l’obstétricien ! Pour qu’enfin, lorsque l’enfant-disque paraît, le cercle des auditeurs applaudisse à grands cris… »

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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?

Hervé LAMY : certaines pièces liturgiques orthodoxes chantées par le Chœur du Séminaire russe Sainte Geneviève dans le CD des Voix de l’unité (Voir ci-dessus). Notamment «Maintenant les puissances» (plage 10) et «Antienne XV du Vendredi saint» (plage 13) etc,.

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Bien sûr que Dieu aime la musique : il en est le créateur -comme de toute chose- et il aime sa création, car il ne peut se renier !

Au paradis quelles musiques y entend-on ?

Au paradis il n’y a que les musiques de l’Amour de Dieu, du Chœur des anges et de la communion des saints… mais tout cela est ineffable…

Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?

«La musique creuse le ciel» disait Baudelaire. Toute belle musique touche au sacré et ouvre à la transcendance. Mais on le sent particulièrement dans le chant grégorien et dans Bach…

Que chantent les anges  musiciens ?

L’offertoire grégorien «Stetit angelus»… des polyphonies de la Renaissance et les motets de Bach.

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

Le Grégorien, les chorals luthériens, la musique byzantine… la Liturgie, quoi !

Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

Le «Cantique de Syméon» de Mendelssohn.

Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?

Pfff… c’est bien absurde ! mais disons par exemple : en grégorien «Justorum animae», « Ave Maris Stella » et «Veni Sancte Spiritus»; «Hor ch’el ciel e la terra» (Monteverdi); motet «Jesu meine Freude» (Bach); un concerto de piano de Mozart mais je ne peux pas choisir (20e..21e…?); le Quintette en Ut avec 2 violoncelles de Schubert, et quelques Lieder; «Pelleas et Mélisande» (Debussy); l’Andante du concerto en Sol (Ravel); «Supplique pour être enterré à la plage de Sète» (Brassens); «Yesterday» et quelques autres chansons des Beatles…

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

«Les Feuilles mortes» (Prévert et Kosma) que j’ai souvent chantées…

Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

Monteverdi-Bach-Mozart-Schubert…les Beatles-Brassens… et les interprètes (étant chanteur moi-même, je me limite aux chanteurs…sinon ce serait trop long) : Victoria de Los Angeles, Callas, Nicolai Gedda, Fritz Wunderlich, Fischer-Dieskau…Piaf, Sinatra…

La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?

En regardant «The Voice» et «The Voice Kids», où il y a de magnifiques talents !

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

Une Suite pour violoncelle seul de Bach, ou bien l’Octuor de Mendelssohn.

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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