Petit rappel. Depuis quelques siècles déjà, le village gersois de Marciac tire fierté d’être une étape vers Saint-Jacques-de-Compostelle (sur le chemin d’Arles). Depuis trente-cinq ans, cette cité de 1 350 habitants, en temps ordinaire, a ajouté le jazz et les musiques actuelles à son actif. Du festival de réputation internationale pouvant réunir en août des centaines de milliers d’amateurs de jazz et de touristes, au collège option jazz et autres initiatives durables à l’année.
Avec son clocher bien visible à la ronde, le plus élevé du département, l’église principale Notre-Dame-de-l’Assomption résume en une image de pierre cette connivence bienvenue entre le culturel, le cultuel et le spirituel local. Sur l’un des chapiteaux du vaste lieu de prière, le visiteur découvre la sculpture moyenâgeuse figurant un frère convers jouant d’un instrument à vent de l’époque : le cor de montagne est devenu, au fil du temps, la trompette de la renommée pour Marciac la républicaine et citoyenne où 850 bénévoles oeuvrent à la bonne marche des choses chaque été.
Le présent ici ne résume pas tout. En 2001, l’écrivain Christian Bobin, dans un de ses courts recueils dont il a le secret (Ressusciter , Gallimard) a saisi à sa façon l’esprit des lieux : « Dieu se repose à Marciac, dans le Gers. Sans doute a-t-il longtemps cherché un tel village où tout serait à sa juste place – le ciel, les arbres, les pierres et les gens… On peut embrasser le village de Marciac en quelques minutes comme on peut l’épouser pour des siècles. » Comme de coutume, depuis la fin des années 1970, la grand-messe du 15 août a réuni mercredi dans l’église , près de la place du village où se joue le festival bis, dans une même louange, fidèles du cru et festivaliers de Jazz in Marciac, portés par les accents du gospel et des musiques liturgiques.
En guise de conclusion. Au terme de ces quelques jours passés à écouter de la (bonne musique) dans une ambiance décontractée quoique studieuse, voilà que le vendredi 10 août une nouvelle surprise m’attendait. Installé confortablement à l’Astrada dans la nouvelle salle permanente dédiée aux spectacles, toute l’année, un impressionnant artiste a retenu mon attention. Il s’agit d’Edmar Castaneda. Le programme annonçait un musicien colombien, né à Bogota, vivant à New-York depuis 1994 et pratiquant un instrument peu banal dans le jazz, la harpe. « Un talent énorme » précisait encore le bref texte d’introduction. Avec la précision que l’inconnu de ce soir s’est produit avec Wynton Marsalis, John Scofield et Chico O’Farrill. Une belle carte de visite pour faire le voyage jusque dans le Gars.
Et voilà qu’un jeune homme de 34 ans s’est avancé sur scène. Habillé sans façons. Tout souriant et ému par le public. En quelques secondes Edmar Castaneda a imposé son style. Faisant corps avec sa harpe il a conquis des auditeurs de tous âges. Et voilà qu’au détour de la présentation d’une de ses compositions (au titre sans ambiguïté, « Jésus de Nazareth »), l’artiste a remercié Dieu pour sa vie et son oeuvre. « God bless you » a-t-il lancé. Devant un public français un peu médusé et peu coutumier de ces actions de grâces spontanées. Le concert a continué, riche de ce moment d’une ferveur partagée, je n’en doute pas, par une partie de la salle. Retour sur la pochette d’un de ses albums où il cite le Psaume 49 (verset 5): » Je tends l’oreille à quelque proverbe, je résous sur la lyre mon énigme. » La lyre devenue harpe contemporaine.
A écouter: Edmar Castaneda, http://www.edmarcastaneda.com/
http://www.myspace.com/edmarcastaneda
Trois disques disponibles dont « Entre Cuerdas » et le tout récent « Double Portion’.
Mon commentaire Merci Yann pour votre ouverture du coeur
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