Frère Sylvain Detoc (dominicain). Taizé, Piaf, Souchon dans la playlist d’un défenseur des « bons à rien »!

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L’invité du blog: le frère Sylvain Detoc, religieux dominicain. enseignant à l’Institut catholique de Toulouse il  vient de publier « La gloire des bons à rien« , petit guide des cathos découragés (éditions du cerf, 160 p., 16 €).

Le fr. Sylvain Detoc est né à Rennes, en 1979. Après un doctorat en littérature et quatre années d’enseignement à la faculté des lettres à Paris, il entre chez les dominicains, à Marseille, en 2008. Ordonné prêtre à Toulouse en 2015, il est envoyé à l’Université catholique de Lyon pour y étudier les Pères de l’Église. Il y enseigne deux ans, avant de revenir à Toulouse où il poursuit son enseignement, tout en terminant sa thèse de théologie. Il est actuellement l’un des aumôniers de la pastorale étudiante de Toulouse.

Son amour du Rosaire l’a amené à rédiger de nombreux articles sur ce thème, ainsi qu’un livre publié en 2020 aux Éditions de la Licorne, Petite théologie du Rosaire.
Fidèle du Pèlerinage, il a servi longtemps aux piscines, comme animateur liturgique puis comme aumônier. Il a prêché en 2022 pour les 4 grandes messes du Pèlerinage du Rosaire sur le thème « Comme Bernadette, allez dire… » et il donnera une grande conférence sur « Les erreurs de casting du Bon Dieu ! » Son récent ouvrage « La gloire des bobs à rien » (éditions du cerf, 160 p.,16 €) revient sur des grandes figures bibliques  elles-mêmes proches des « sous-doués ». Et  si Dieu était en fait très mauvais directeur des ressources humaines? Avec exemples à la clé puisés dans l’Ancien et le Nouveau Testament. : Abraham et Sara? Trop vieux. Moïse? Jérémie? Trop bègues.Paul? Un fanatique.  Et ainsi de suite. Dans un style enlevé cet essai invite chacune et chacun à se réconcilier avec son humanité au service de la mission la plus incroyable de tous les temps: annoncer l’Évangile. « Notre pâte minérale est la matière première de notre humanité…Dieu ne la voit pas comme nous…Il l’aime, lui, et il continue de l’aimer, envers et contre tout. Envers et contre nous.« .

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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?

Frère Sylvain Detoc: Des « nigunim », ces mélodies juives hassidiques qui donnent tantôt envie de danser, tantôt envie de pleurer. Dans ma bouche, ces « laï laï laï » ont le goût de Dieu. Je ne m’en lasse pas.

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Et comment ! En lui, même le silence est plénitude. Un silence plein, comme par excès, où tous les sons éclosent et s’épanouissent.

Au paradis quelles musiques y entend-on ?

Des polyphonies aux voix innombrables qui racontent mille et une vies. Chaque voix est bien timbrée ; elle ressort avec clarté, sans être diluée dans le chœur, mais sans nuire pour autant à l’unité et à l’harmonie de l’ensemble. Un miracle permanent… si l’on se souvient des « couacs » qui ont émaillé la vie de toutes ces personnes entrées à présent dans la lumière !

Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?

Celles qui n’ont pas peur de la répétition, comme la vie. Par exemple ces refrains de Taizé qu’on reprend inlassablement : une simple parole de la Bible qui s’envole et nous emporte avec elle dans un dialogue sans fin avec Dieu.

Que chantent les anges musiciens ?

Peut-être quelque chose qui ressemble à ces mystérieux « chants en langues », ces polyphonies inintelligibles qu’on entend parfois dans certains groupes de prière ? J’en ai entendu qui étaient d’une suavité extraordinaire ! Mais c’est comme la vie, là encore : pas toujours réussi !

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

Une musique de Yann Tiersen, par exemple « Comptine d’un autre été » ?

Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

« Tu me fais tourner la tête, mon manège à moi c’est toi » ! Une chanson de Jean Constantin / Norbert Glanzberg pour Édith Piaf.

Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte? 

Caldara, Maddalena ai piedi di Cristo.

Marin Marais, Pièces pour viole de gambe.

Mozart, La flûte enchantée, et bien sûr l’air de « La reine de la nuit ».

Delibes, Lakme, « le duo des fleurs ».

Éric Satie, « Gymnopédies » et « Gnossiennes ».

Marc Lavoine, « Paris », la version avec Souad Massi.

Olivia Ruiz, l’album La femme chocolat.

Isabelle Pierre, « Le temps est bon ».

Barbara, « Gueule de nuit ».

Yann Tiersen, la bande son du film Le fabuleux destin d’Amélie Poulain.

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

Une chanson d’Alain Souchon, « Allo maman bobo », ou « Foule sentimentale » ?

Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

Je pense souvent à Éric Satie. Sa musique m’entraîne dans un nuage d’inconnaissance. Son nom évoque pour moi celui de Jacques Maritain, qui l’aida à se réconcilier avec Dieu à la toute fin de sa vie. Maritain termina la sienne à l’ombre de mon couvent, à Toulouse.

– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?

La chanson d’Olivia Ruiz, « J’traine des pieds ». Un retour de l’enfance, avec une force inattendue.

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

« J’en sais rien, viens, donne-moi la main » (Melocoton de Colette Magny) !

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Sur KTO L’esprit des lettres.. octobre 2022.

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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