« Frère David », moine bénédictin à l’abbaye Saint Benoît d’En Calcat (Tarn). Auteur de « Fragments de vie intérieure, Âme soeur », aux éditions Albin Michel, 126 p., 12 €.
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Né en 1954, David-Marc Tardif d’Hamonville est entré à l’abbaye bénédictine d’En Calcat (Tarn) à 32 ans, après avoir mené des études de lettres classiques, puis une vie d’artiste peintre. Devenu Frère David de son nom de moine, il a été tout à tour cuisinier de l’abbaye, puis chantre, économe, maître-verrier, avant d’être élu abbé de sa communauté en 2009. Il a traduit du grec le Livre des Proverbes pour la collection « La Bible d’Alexandrie » (Cerf, 2000) et a participé à la traduction Liturgique de la Bible. Poète, il est l’auteur de nombreuses hymnes pour la Liturgie des Heures, chantées dans les monastères francophones. Son récent ouvrage « Âme soeur » offre des « Petites fables dialogiques, aussi intimes que fraternelles, des allumettes de l’âme qui épinglent nos habitudes de vie et de pensée. » (Revue Etudes).
A écouter sur le réseau radio rcf, « Quelques réfléxions pour nourrir notre âme ».
https://rcf.fr/spiritualite/quelques-reflexions-pour-nourrir-notre-ame-0
Dans La Croix: https://www.la-croix.com/JournalV2/Frere-David-epris-Beau-Vrai-2019-08-17-1101041430
Avant toute réponse, vous dire que ce questionnaire est inattendu pour un moine, plus dépaysant et « désaltérant » que les traditionnels : « et combien êtes-vous dans votre communauté ? et il y a des jeunes ? ». Frère David.
Site de l’abbaye d’En-Calcat: http://www.benedettinisublacensicassinesi.org/project/en-calcat/?lang=fr
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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
– frère David-Marc Tardif d’Hamonville: j’aime pratiquer le chant grégorien, écouter Arvo Pärt (le Miserere et beaucoup d’autres pièces) et puis des classiques, le Requiem de Fauré, autrefois une messe populaire qui s’appelait la Missa gallica (Lallement), mais j’écoute assez peu de musique aujourd’hui en dehors de la liturgie.
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Il l’aime, il l’habite et s’y révèle comme en tous lieux de beauté sur la terre.
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
J’ai hâte de le savoir, mais je n’en sais rien encore.
– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Je ne sais pas très bien ; cela doit dépendre de chacun. Pour moi, la psalmodie toute simple, mais aussi les chants de Taizé, des musiques traditionnelles, qu’elles soient occidentales ou orientales, suffisamment simples et dépouillées…
– Que chantent les anges musiciens ?
Tout ! il suffit de leur demander et ils vous proposent une chanson avec même plusieurs versions, orchestrations…
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
« By the rivers of Babylon »… (Ps 136, version groupe vocal Boney M !)
– Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Sûrement le Kyrie XI B (celui des dimanches « ordinaires »), ou bien l’Agnus III (des grandes solennités)
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
Atom earth mother (Pink Floyd)
Timewind (Klaus Schulze)
Ommadawn (Mike Oldfield)
L’écolier assassin (Malicorne, Gabriel Yacoub)
Scarborough fair (Simon &Garfunkel)
Night in white satin (Moody Blues)
Satisfaction (la version longue de Johnny Rivers et Johnny Lee Hooker)
Smalltown boy (Jimmy Sommerville)
Such a shame (Talk Talk)
Le paradis blanc (Michel Berger)
Démons et merveilles (Les Visiteurs du soir)
Miserere d’Arvo Pärt
Adagietto de la 5° symph. de Mahler
Montes Gelboë (antienne latine)
Vexilla Regis (hymne de la Passion)
Super flumina, Justorum animae (Offertoires grégoriens)
Narrabo (Communion grégorienne)
Il y en a beaucoup plus qu’il n’en faut, tant pis ! et j’en oublie tant !
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Petit, enfant : « Je deviens fou-ou-ou, je deviens fou, la nuit ! » (La nuit, Adamo)
Jeune adulte : « J’entends la chanson sere-e-eine du rossignolet joli » (L’écolier assassin, Malicorne)
Devenu moine : « N’oublie pas tes miséricordes, Seigneur, pardonne-moi » (Gélineau/Rimaud/Jacques Berthier)
Aujourd’hui : « Mon père, que ta volonté soit faite » (Clément Jacob, chanté le samedi saint)
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Ceux que j’ai la grâce de connaître et d’approcher un peu plus : notre frère Thierry-Jean (le pianiste Thierry de Brunhoff), le chef de chœur Jaan-Eik Tulve, estonien comme Arvo Pärt, et son ensemble vocal Vox Clamantis, qui m’ont ouvert la porte du chant, et puis le compositeur belge Philippe Robert, devenu un ami, qui a mis en musique un grand nombre d’hymnes pour la liturgie monastique dont j’avais écrit les textes. A cause d’eux et de bien d’autres, je comprends un peu mieux ce que peut ressentir un « musicien » !
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
A la radio en voiture, Black (Colin Vearncombe), Wonderful life.
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Quelque chose comme le » Boléro » de Ravel, version éternelle sans rayure du disque : il commence inaudible, presque rien, un murmure, mais il ne cesse de devenir plus présent, plus coloré, plus vivant, plus proche, sans jamais fléchir, l’amour en acte…
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