Frère ALESSANDRO, franciscain d’Assise, du grégorien, Bach, Michaël Jackson et des airs populaires. « La musique est la voix de Dieu avec laquelle Il a créé le monde ».

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Le dimanche 28 octobre, dans l’émission de Michel Drucker (France 2), le frère Alessandro Brustenghi était l’un des invités du jour. Dans son habit de franciscain, le religieux de 34 ans a interprété sa version d’un classique, le « Panis angelicus » (Le pain des anges) mis en musique par César Franck. Musiciens d’orchestre et choristes entouraient le chanteur venu d’Assise (son couvent) vers les studios parisiens. Il présentait au public français un disque solo (la Voix d’Assise, Decca/Universal)  où sa belle voix lyrique de ténor se conjugue avec la ferveur du religieux.
La musique a été l’une des passions de toujours de ce natif de Castiglione della Valle, un petit village près de Pérouse (la capitale de la région Ombrie), dans le centre de l’ Italie. Durant sa jeunesse il a étudié l’orgue, le piano, la composition et la philosophie. L’étude du chant est venue plus tard.
C’est en 1999 que le jeune homme entre dans l’ordre mendiant des Franciscains où il s’engage définitivement dix ans plus tard. Son cheminement explique-t-il n’a pas toujours été facile. Au fil des années la pratique du  chant s’est imposé à lui et à ses formateurs comme une évidence. « Vous avez une voix fantastique…Quand vous avez commencé à chanter, j’ai ressenti quelque chose d’incroyable en moi. Je mes suis dit que c’était un signe de Dieu » lui avait confié un soir un homme l’ayant écouté lors de l’office du soir de sa communauté.
Par le bouche à oreille le frère a été repéré par les équipes de la firme discographique Decca, toujours à la recherche de voix nouvelles. Un contrat a été signé en mai 2012. L’album qui vient de sortir est produit par Mike Hedges (U 2, The Cure),  celui qui a déjà révélé le trio de prêtres irlandais « The Priests ».
Pour son premier album de 11 titres Frère Alessandro a sélectionné des airs du répertoire populaire, religieux et opéra profane. Il a repris encore le Kyrie de la Misa Criolla et le cantique de Jean Racine. Saint François n’est pas oublié, le saint universel  qui a marqué les choix du Frère Alessandro. Dans son couvent d’Assise ou sous les feux des projecteurs Frère Alessandro réussit à rester lui-même. Simple et frère de chacun.
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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
-Frère Allesandro:   Parmi les musiques dont je me souviens avec le plus de plaisir, il y a le Magnificat de Bach, celui de Monteverdi et le Requiem de Mozart, ceci en ce qui concerne la musique ancienne et classique. Dans les musiques plus contemporaines, j’aime le Requiem et les Motets de Maurice Duruflé et la Passion selon St Jean d’Arvo Pärt.
Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
A l’évidence oui ! Dieu aime tout ce qu’il a créé et il aime d’autant plus la musique que je considère que c’est le son de sa voix.
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Au paradis, je peux seulement imaginer la présence, dans un certain sens, de toute la belle musique qui a été pensée et réalisée comme celle restée inexprimée dans nos coeurs et celle que nous ne connaissons pas encore.
Que chantent les anges  musiciens ?
Comme je viens de le dire toute la belle musique mais s’il faut donner un exemple, il suffit d’ouvrir les yeux du coeur pour reconnaître les anges autour de nous, nos frères, et écouter leur propre musique.
Si la prière était une chanson, une musique,  laquelle choisiriez-vous ?
La musique en soi est prière. Mais la musique la plus élevée pour la prière est sans aucun doute le chant grégorien et toutes les formes de chant spirituel qui sont nées dans le monde. En outre, si on compare les diverses cultures, on est surpris des nombreux éléments communs en ce qui concerne la musique spirituelle.
Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Je ne voudrai pas être ridicule mais il me vient à l’esprit « O sole mio ! » Parce qu’ainsi nous pouvons paraphraser le refrain : « un autre soleil plus beau n’existe pas, mon soleil sont tes yeux » De fait toutes les paroles y compris celles de la 1ère strophe peuvent être rapportées à la rencontre avec Lui qui est la splendeur et qui nous attend après les tempêtes de cette vie.
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?
La demande est très sympathique et avec la même sympathie, je vous donne ma « playlist » :
1. Veni Creator Spiritus (Gregorien).
2. Sub tuum praesidium (Gregorien).
3. Il Vespro della Beata Vergine de Monteverdi.
4. Concerto Brandeburghese no. 2 de J.S.Bach.
5. Fantasia e Fuga in Sol- de  J.S. Bach.
6. Ave Verum de W.A. Mozart.
7. Requiem de G. Verdi.
8. Smile (Charlie Chaplin).
9. Man in the Mirror, Michael Jackson.
10. Intermezzo from Cavalleria Rusticana de Mascagni.
Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Je crois que la mélodie qui m’ a de suite touchée et bouleversée est celle du choral de J.S Bach « wachet auf Ruft uns die Stimme »
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Jean Sabastien  Bach et Michael Jackson arrivent en tête. D’eux, j’ai appris non seulement le sérieux et la valeur de l’art musical mais aussi la spiritualité que cet art porte en soi parce que tous  reconnaissaient en Dieu la source de la musique et la considéraient comme un don pour les autres et une louange à Dieu. J’apprécie également tous les grands compositeurs du passé et ceux contemporains même si trop souvent aujourd’hui sous le nom de musique on trouve beaucoup de musique qui n’est qu’une expérience sonore aride même si cette musique peut être de qualité et intéressante
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Les 7 dernières paroles du Christ en croix de Joseph  Haydn
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Si Dieu était la musique.. mais la musique est la voix de Dieu avec laquelle il a créé le monde. C’est quelque chose d’infini et d’éternel, qui ne peut pas être réduit à une seule musique. Dieu attend que les musiciens se mettent à l’écoute de Sa voix pour pouvoir la redonner au monde.
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Le site: http://friaralessandro.com/?c=3
 
Vidéo d’Universal: http://youtu.be/K2K3Fvyb6gI
http://youtu.be/huJ9MhqQcGY
 
A lire dans LA CROIX du 17 octobre 2012
Le chœur sur la main
FRÈRE ALESSANDRO BRUSTENGHI Ce moine franciscain italien, à voix de ténor, redonne vie à des grands classiques de la musique sacrée dans un album paru lundi (1)
ASSISE
De notre envoyée spéciale
Dans le réfectoire du monastère jouxtant la basilique Sainte-Marie-des-Anges à Assise, en Italie, le F. Alessandro attrape le col de sa robe brune comme pour le desserrer, visiblement gêné par les regards des journalistes. Ils sont une vingtaine, d’un peu partout en Europe, à avoir fait le voyage, pour découvrir celui que la maison de disques Universal présente désormais comme « la voix d’Assise » .
À 34 ans, ce frère de la communauté des franciscains, au large sourire et au teint mat, se retrouve propulsé au-devant des médias, un peu malgré lui. Découvert l’an dernier par le label de musique classique Decca Records lors d’un concert dans l’église de son village natal de Castiglione della Valle en Ombrie, il a accepté d’enregistrer un album de chants sacrés, en accord avec sa communauté. « Dieu guide ce projet », assure-t-il, les yeux pétillants.
Frère Alessandro y interprète, avec une technique de chant empruntée à l’opéra, onze titres – pour certains adaptés – des œuvres de grands compositeurs tels que Mascagni, Schubert ou Fauré. L’album est produit par le Britannique Mike Hedges, davantage réputé pour ses collaborations avec des groupes de rock comme The Cure ou U2 qu’avec des membres du clergé. Sur le disque figurent des prières chantées telles qu’Ave Maria, Pater noster, et même le Cantique de Jean Racine, en français. « C’est une méditation, une prière que j’aime beaucoup », confie cet amoureux de la langue française, dont il a étudié les rudiments à l’école.
Frère Alessandro a pris l’avion pour la première fois en mars, afin d’enregistrer une partie de l’album dans les studios d’Abbey Road à Londres, rendus mythiques par les Beatles. « Quand je suis arrivé sur place, je me suis demandé : où suis-je ? Qui suis-je pour chanter ici ? Abbey Road est un temple de la musique. »
Nourri à la musique de Bach et de Michael Jackson pendant l’enfance, il étudie vers l’âge de 9 ans l’orgue et le piano, dont il prolonge l’apprentissage dans une école spécialisée. À 18 ans, une professeur lui enjoint de participer à ses cours de chants. « Elle voulait juste remplir sa classe », soupire-t-il. Désarmé par ses piètres performances, il songe à jeter l’éponge. D’autant que depuis deux ans déjà, le jeune homme envisage sérieusement de devenir moine.
Son guide spirituel pose alors comme condition à l’entrée d’Alessandro dans l’ordre des franciscains l’obtention de son diplôme au conservatoire. « J’avais peur parce que mes professeurs de chant ne voulaient pas me présenter à l’examen, s’émeut-il, j’ai donc travaillé d’arrache-pied. Pendant deux semaines, j’ai fait des exercices de chant et de respiration. Soudain, ma voix s’est développée », raconte-t-il.
Il réussit l’épreuve et fait son entrée au monastère en 1999. À Assise, où il vit parmi 80 frères, ses journées, qui débutent dès six heures moins le quart, sont faites de prière et de labeur. Il reçoit les pèlerins, raconte aux visiteurs l’histoire du Porziuncola, la chapelle d’où saint François a propagé son mouvement, et effectue des travaux de menuiserie. « Je me sens très proche de François, qui aimait toutes les créatures de la terre, raconte-t-il. Nous avons beaucoup d’expériences en commun. Comme lui, j’aime le travail manuel et le chant. »
Après avoir sacrifié la musique maintes fois dans sa vie, Frère Alessandro a dépassé le conflit entre sa vocation de chanteur et sa foi. « Pour Jésus, l’important n’est pas d’être différent mais d’être soi-même, juge-t-il. Quand je chante, j’ai le sentiment d’être connecté au paradis. » Du fait de son vœu de pauvreté, tous les profits de la vente de l’album seront affectés aux œuvres de charité de l’Ordo Fratrum Minorum, premier ordre des franciscains. Decca Records affirme « respecter ses engagements » monastiques et assure que la vie du jeune moine italien ne changera pas.
Le 21 mai 2012, il signe avec Decca Records
Frère Alessandro serait le premier moine de l’histoire à obtenir un contrat avec une grande maison de disques, selon le label Decca Records d’Universal. Mais d’autres religieux se sont consacrés à la chanson avant lui. De la chanteuse belge Sœur Sourire, et son tube Dominique en 1963, au triomphe européen de trois prêtres irlandais formant le groupe The Priests (Sony), jusqu’au succès des Prêtres (TF1 Musique/Universal) en France, créé à l’initiative de Mgr Di Falco, les maisons de disques ont bien saisi le potentiel commercial des chanteurs à la croix.
(1) Frère Alessandro, La Voix d’Assise, Decca Records.
FARGUES Hélène
A lire encore dans LA CROIX (9 novembre 2010)
Les religieux et religieuses, nouveau filon des maisons de disques
Le lancement mondial par Universal d’un disque de chants grégoriens des bénédictines traditionalistes du Barroux confirme la place nouvelle accordée à la musique religieuse
Assiste-t-on à un retour du fait religieux à travers la musique?
Cette année, les pop stars ont subi en France la concurrence d’un boys band inhabituel : pendant neuf semaines, trois prêtres leur ont volé la place de N° 1 des ventes. Initiateur de ce groupe, intitulé «Les Prêtres», Mgr Jean-Michel di Falco, évêque de Gap et d’Embrun, visait un disque d’or (50 000 exemplaires vendus) grâce à un partenariat entre le label de TF1 et Universal Music. Il aura un disque de diamant (500 000 exemplaires) ! Une réussite qui renvoie à celle de «The Priests» : trois prêtres irlandais qui ont vendu près de 2 millions d’albums depuis 2008.
La même année, Universal Music sortait un CD de chant grégorien interprété par les cisterciens autrichiens de la Stift Heiligenkreuz, recrutés sur concours. Là encore, un succès : plus d’un million de ventes.
En 2010, il propose le projet équivalent avec des voix féminines. In Paradisum , l’album des bénédictines traditionalistes du Barroux, alias « Les Soeurs », est sorti lundi 8 novembre  2010 et compte déjà 30 000 CD dans les bacs.
« Dans un monde éclaté, voir des membres du clergé heureux de chanter est un réconfort, pas seulement pour les chrétiens. Ils formulent une réponse à un besoin d’espérance », analyse Mgr di Falco. Dominique Fournier, vendeur au rayon disques de La Procure, relativise : « Le grand public ne connaît pas les subtilités du grégorien et achète ce qu’on présente en tête de gondole. Ces disques portés par de gros labels jouissent d’une promotion efficace, voilà tout. »
Ces succès relèvent-ils de stratégies des maisons de disques?
Derrière ces succès se trouvent des labels à l’envergure mondiale. « Jusqu’alors, la cible adulte était négligée. Mais on réalise que le public senior reste le plus attaché au disque », explique Yann Ollivier, directeur du département musique classique et jazz chez Universal. Selon lui, la stratégie évolue vers la conquête de marchés de niches, dont le religieux.
Pour ses albums de grégorien, Universal a donc sélectionné ses interprètes en comparant les performances de différents monastères dans le monde. « Un concours suscite toujours l’intérêt des médias », confirme Yann Ollivier.
La religiosité sert ici d’argument marketing : le sentiment d’évasion face au stress, la déconnexion du mode de vie moderne sont mis en avant. Les noms mêmes de ces groupes – «The Priests», « Les Prêtres », «Les Soeurs» – sont révélateurs. Pour Yann Ollivier, « le fait que des religieux eux-mêmes chantent donne de l’authenticité ».
Qu’en pensent les religieux ?
Du côté du clergé chantant, on n’est pas dupe mais on s’accommode de cette réalité. Après tout, quand « Les Prêtres » ont été créés, il s’agissait de trouver de l’argent pour une école à Madagascar et l’édification d’une nouvelle église au sanctuaire Notre-Dame du Laus, près de Gap. En marge de leur ministère, les trois chanteurs se sont donc pliés au jeu des plateaux télé, photos, et interviews.
Pour Les Soeurs, religieuses cloîtrées et attachées à la liturgie dans la forme ancienne du rite romain, l’exercice est plus pénible. Devant les rares journalistes qu’elles ont accepté de recevoir dans leur parloir, elles assurent considérer l’expérience comme un moyen d’évangélisation.
« Avant, nous avions produit 6 CD, écoulés à mille exemplaires environ chacun. Avec Universal, nous changeons d’échelle. Tant pis si la plupart des vendeurs et des acheteurs ne perçoivent pas ce que ces chants représentent pour nous, si cela sert de musique d’ambiance. Dieu est patient et prend les gens où ils sont, y compris au moment où ils se détendent ! », expliquent-elles.
Elles aussi comptent reverser les bénéfices des ventes à des oeuvres caritatives, « là où Mère abbesse décidera ».
Gwénola de COUTARD
 

Une réponse à “Frère ALESSANDRO, franciscain d’Assise, du grégorien, Bach, Michaël Jackson et des airs populaires. « La musique est la voix de Dieu avec laquelle Il a créé le monde ».”

  1. Avatar de pascal guillot

    à Robert Migliorini aa
    Au moment où le CNPL dit avoir reçu des directives afin que l’on redonne une place au chantre (au lieu du terme « animateur ») et que celui-ci soit dans un côté du choeur au lieu d’être souvent par trop frontalement face à l’assemblée avec micro sur-amplifié…
    Je me demande si vous n’êtes pas dans un chemin opposé où la place réservée à la musique sacrée et aux organistes paraît restreinte ?

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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