« A quoi bon les poètes en temps de détresse? » demandait Hölderlin.. »Qu’est-ce que chanter en temps d’incertitude? ». Frédéric Pagès répond sans relâche à la question à chacune de ses « livraisons ». Ce banlieusard souvent en partance écrit, compose et chante entre la France et le Brésil depuis une quinzaine d’années. Des chansons denses présentées ensuite en de suggestifs concerts à dimensions littéraire et musicale. On se souvient, notamment, de sa « Lettre-Océan/ Carnet de voyages aux « Brésils » (en 2005) ou encore d’une évocation de l’oeuvre de l’écrivain Jean Sulivan en collaboration avec Jean-Christophe Hoarau.
Frédéric Pagès présente ces jours son nouveau regard sur le monde après une première pour le Printemps des Poètes à Paris. « Entre délices et terreur » (Un Cd label Le Grand Babyl) est présenté tous les vendredi et samedi du 1er juin 2012 au 23, à 19h30, aux Déchargeurs (à Paris). * L’objet lui-même, le CD, n’est pas banal, fruit d’une longue gestation. Le livret soigné (avec textes, commentaires, suivant la conception graphique de Freddy Mutombo) ouvre un espace de réflexion et de présentation de l’auteur. L’écrivain brésilien Julio Monteiro Martins parle, par exemple, de l’album, sous le titre Horreur et merveille « comme d’un kaléidoscope d’images à la fois sublimes et désenchantées, désespérées ». Une invitation au dépaysement intérieur et au ressourcement. En poursuivant: « Au-delà de cette fascination pour le vide, de ce regard sans peur qui survole les ruines du « bazar mondialisé » et du « carnage » en cours, Pagès nous révèle le « bel oratorio » de la vie, le « sourire du divin ».
La direction artistique de l’album a été assurée par Pagès et Alfonso Pacin, au Brésil et en France. « Allons le voir le soleil », évocation des lumières de l’Amazonie synthèse de Genèse et d’Apocalypse, incarne ce regard renouvelé sur le vaste monde, ses fureurs et ses bonheurs nés de l’expérience. « Je suis dans la main de l’ange, entre délices et terreurs » lance Frédéric Pagès en ouverture de ce voyage aux douceurs trompeuses. Avec une dédicace aux accents de Pentecôte: « Au souffle divin qui se manifeste où il veut et quand il veut, qui nous dépouille et qui nous comble, qui nous harcèle et nous caresse, qui sans cesse nous invite et nous incite à déchiffrer et à rejoindre le poème de l’Univers ».
* Les Déchargeurs, 3, rue des Déchargeurs.75001 PARIS. Téléphone: 0892701228. Site: www.lesdechargeurs.fr
*********
Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
Frédéric PAGES: Le chant grégorien, notamment dans les interprétations du groupe « Venance Fortunat » avec lequel j’ai eu la chance de travailler. Mais aussi Bach et Messiaen qui chacun ont dit qu’on ne pouvait pas comprendre leur musique si on ne prenait pas en compte la dimension spirituelle de leur art.
Fauré : Le Requiem
Le Stabat Mater et la Messe de Francis Poulenc
La « Suite for a Jazz Mass » de Lalo Schifrin avec Paul Horn en soliste.
Plus près de nous, j’aime la façon dont Claude Nougaro questionne ou évoque la divinité :
Nous y vivrons tous deux
Ambrés de douceur
Dans la main de Dieu
Comm’ dans la main d’un masseur
Arvo Pärt : Kanon Pokajanen
Et la « Messe des Esclaves » du grand musicien-sorcier brésilien Hermeto Pascoal
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
En certaines circonstances, la musique est l’un des langages de Dieu . Dieu joue de l’homme qui n’est alors qu’un intermédiaire inspiré du souffle divin.
Mais le diable peut aussi s’emparer de la chose, et, comme dit Léo Ferré, en la matière, il bat les Beatles de quelques variétés.
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Une saute de vent dans les frondaisons. La rumeur de la mer. Quelques notes du piano de Debussy.
– Que chantent les anges musiciens ?
Entre autres répertoires, un extraordinaire Gospel entendu le jour de Pâques de 2009, le jour de mon anniversaire, dans une église baptiste de Harlem.
– Si la prière était une chanson laquelle choisiriez-vous ?
« Mater » de Claude Nougaro
– Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Je ne suis pas certain de lui chanter « La Vie en rose »
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
J’ai beaucoup de musiques et chansons préférées. Mais jouons le jeu de l’île déserte :
Ravel : le concerto en sol ou Daphnis et Chloe
Miles Davis/ Gil Evans : Saeta
Léo Ferré : L’Amour fou
Claude Nougaro : Un Été
Singers Unlimited : Emily
Al Jarreau :Fallin’
Bobby Mc Ferrin : Heaven’s design
Earth Wind and Fire : Reasons
Charlie Mingus : Good Bye Pork Pye Hat
Gilbert Bécaud : La Rivière
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Allez venez Milord…. (le premier qui me vient à l’esprit)
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Bach, Messiaen, Ravel, Miles Davis, Claude Nougaro, Léo Ferré, Al Jarreau,Earth Wind and Fire, Charlie Mingus, Bobby Mc Ferrin….
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Patatra du groupe Roccoco
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
« La petite musique qui se joue de nous, nous traverse,nous use jusqu’à la rupture … » (Jean Sulivan)
****
Le site de Frédéric Pagès: http://www.grand-babyl.info/index.php
Mon commentaire Merci Yann pour votre ouverture du coeur
Laisser un commentaire