Femme de paroles, Christine Barbey, Noël dans le corps du texte

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« Voir, entendre, goûter, toucher. Respirer Dieu » (Ateliers du Fresne-SM). Le nouvel album de Christine Barbey pour les paroles, divers musiciens pour les compositions ( Jo Akepsimas, Gaëtan de Courrèges, Mannick, Jean-Marc Duménil)  et  l’ensemble vocal Dédicace pour le chant, vient de paraître. L’esprit de Noël s’y exprime. Noël incarné et joyeux, au regard de ce qui s’annonce pour chacun et pour le monde (voir les deux textes cités ci-dessous). Des Noëls dans le corps du texte qui chantent les temps nouveaux.
Née en 1959, Christine Barbey- Rouaud est mère de deux enfants. Elle s’investit depuis plus de vingt ans dans l’animation liturgique du Centre Pastoral Halles-Beaubourg (dans l’église Saint-Merri), proche du Centre Pompidou , à Paris et du quartier du Châtelet  Cette communauté catholique insérée dans un quartier de la capitale, actif sur le plan culturel et artistique, accueille une liturgie qui traduit sa ferveur et son souci de renouvellement sans discontinuité.
Membre active de l’ACCREL (Association des auteurs compositeurs de chants religieux) Christine Barbey en a été secrétaire durant neuf ans. Elle participe tous les ans à l’atelier d’écriture que propose cette association avec le souci notamment d’aider chacun à progresser.   C’est lors d’un de ces  ateliers que cette opticienne de métier, poète par passion,  a été amenée à écrire ses propres textes à destination des assemblées chrétiennes. « J’ai d’abord été sensibilisée à l’animation du chant liturgique par ma famille. Mon père animait les célébrations. Puis j’ai donc participé à des sessions d’animation et c’est ainsi que  j’ai rencontré des auteurs de chants comme Claude Rozier, avec qui j’ai sympathisé. Je me suis lancée dans l’écriture de textes à usage liturgique et plus largement religieux,  forte de ces encouragements. Je me souviens encore des conseils de Jo Akepsimas, autre influence marquante,  qui insistait sur l’importance des images dans les textes : « Fellini doit pouvoir filmer ce que vous dites ! » livre-t-il toujours à ses stagiaires. Je citerais encore au chapitre des amis précieux  Gaëtan de Courrèges et Marie-Pierre Faure ». Un ami de dix ans souligne ses qualités d’auteur: « Talent poétique tout d’abord. Elle sait mettre en images pour aujourd’hui les mots de la foi. Elle attache une grande importance à cette actualisation avec des images qui nous viennent de la Bible ou de l’expérience de la foi. Je soulignerais ensuite sa rigueur isorythmique. J’ai eu le plaisir de mettre en musique deux de ses textes et je n’ai, à cete occasion, jamais buté contre des problèmes rythmiques d’un couplet à l’autre, ou d’une strophe à l’autre. Elle possède d’emblée une écriture « musicale ».
Christine Barbey aime assidûment  la lecture des poètes, comme  Gilles Baudry et Philippe Mac Leod. Elle cite encore volontiers des auteurs-compositeurs-interperprètes de métier, comme Philippe Forcioli, Mannick, Julos Beaucarne et Anne Sylvestre dont les œuvres la touchent.
Femme de paroles, Christine Barbey a déjà publié un album  » A ciel ouvert  » (Ateliers du Fresne-SM)). Elle répond à notre questionnaire.
Quelles sont les chansons, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
Christine Barbey: « Des ailes aux pieds » de Philippe Forcioli : Une chanson découverte à un moment difficile et qui m’a accompagnée.
« La prière » de Francis Jammes et Georges Brassens,
Les hymnes de Didier Rimaud et de Patrice de La Tour du Pin.
Selon vous, Dieu aime-t-il les chansons ?
Il me plaît de penser qu’il aime ce qui permet de toucher le cœur, ce qui nous transcende. Il aime donc la chanson et la poésie.
.- Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Les musiques de chacun, celles qui sont vraies même si elles sont discordantes.
– Que chantent les anges  musiciens ?
Des chants polyphoniques ou pluri vocaux, les prières des Femmes et des Hommes.
–  Si la prière était une chanson laquelle choisiriez-vous ?
Celle qui n’est pas encore écrite.

– Qu’aimeriez-vous chanter à Dieu en le rencontrant ?
Je crois que je ne chanterais rien, que je serais en bonheur silencieux et contemplatif.

– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les chansons qui sont vos préférées. Les dix chansons à emporter sur une île déserte?
J’emmènerais plutôt des recueils de poésie. J’ai découvert ce qu’écrivent Philippe Mac Leod et Gilles Baudry. Ce qu’ils arrivent à faire passer avec si peu de mots me bouleverse, me donne à penser pour longtemps. C’est ce qu’il faut dans une île déserte non ?
 – Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
 « Je n’aurai pas le temps » de Michel Fugain. Elle était chantée au début de ma vie d’adulte et me correspondait parfaitement. Mais il y en a tant d’autres. Dans un style bien différent il y a « l’homme de Cro-Magnon » On le chantait en famille en partant en vacances à plusieurs voix. C’était un vrai bonheur !
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Comme beaucoup de ma génération il y a bien sûr, Brel, Brassens puis Julos Beaucarne grâce à qui j’ai entendu Philippe Forcioli. J’aime les chansons d’Anne Sylvestre, de Mannick. Ce qu’elles chantent les a traversées et nous traverse à notre tour.
Et puis il y a les copains de l’association des Auteurs Compositeurs de Chants Religieux (ACCREL), qui fêtera ses 20 ans en 2012, avec qui l’on réfléchit à l’écriture. Ceux qui ont ouvert la route : Gaëtan de Courrèges, Jo Akepsimas, et le groupe Dédicace rencontré lors d’une formation en la personne de Jean-Marc Duménil.

– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une chanson, laquelle était-ce ?
« Les Tilleuls » d’Allain Leprest. Je voulais écouter ce chanteur dont on m’avait parlé. J’ai entendu à la radio qu’il venait de mourir. Je suis allée aussitôt sur le site en streaming « Deezer ». J’ai choisi « Les Tilleuls » et j’ai regretté amèrement de ne pas l’avoir découvert plus tôt.
–  Si Dieu était une chanson laquelle serait-ce ?
Une danse à trois temps : le Père, le Fils et l’Esprit qui nous entraînerait tous.
********
Quelques axtraits sur le site du label ADF-SM: http://www.adfmusique.net/album862-respirer-dieu-christine-barbey-mannick-jo-akepsimas-gaetan-de-courreges-jean-marc-dumenil-ensemble-vocal-dedicace#
Trois textes de Christine Barbey pour le temps de Noël

La nuit du cri de Dieu sur notre terre (inédit)

La nuit du cri de Dieu sur notre terre
Un berceau nous dit sa grandeur.
Merveille que cette nuit !
Merveille que ce berceau !
L’enfant de Parole rassemble nos voix.
La nuit des pas de Dieu sur notre terre
Un chemin de ciel fut tracé.
Merveille que cette nuit !
Merveille que ce chemin !
Aucune broussaille ne peut l’effacer.
La nuit du temps de Dieu sur notre terre
Le sauveur accroche son jour.
Merveille que cette nuit !
Merveille que le Sauveur !
L’étoile s’incline devant le soleil.
  Septembre 08 Ile de Ré

Dieu vient poser l’amour (Sur CD « Respirer Dieu »)

Refrain :
Dieu vient poser l’amour
Au creux du monde
Dieu vient poser l’amour
Au creux de l’Homme
Déjà, voici la délivrance :
Le premier cri d’humanité.
Le ciel, pour nous, s’est déchiré.
Déjà, voici qu’il nous devance :
Les premiers pas en liberté.
L’Enfant dessine nos sentiers.
Déjà, voici qu’il nous appelle :
Les premiers mots du Dieu de chair.
Sa voix réveille l’univers.
Déjà, voici qu’il nous embrasse :
Le dernier souffle bras ouverts.
Le fils éprouve le désert.
Déjà, voici qu’il se relève :
Le premier-né d’humanité.
La mort, pour nous, est déchirée.
Sources :
Le Verbe s’est fait chair Prologue de Jean Jn 1, 1-18
Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui Rm 6, 3b-11

Le Seigneur demande à passer (Sur CD « Respirer Dieu »).

Dans les ténèbres éblouies
La nuit devient chemin d’étoiles
L’aurore pose l’éclaircie
Au pied du jour qui se déploie
Refrain :
Le Seigneur demande à passer *
Dans les sillons en prophétie
Du plein hiver la vie s’éveille
Le germe rêve son épi,
Moisson bercée par le soleil
Au creux d’un lac à ciel ouvert,
Du plus profond la vie ruisselle,
La source parle de la mer,
Baptême aux flots originels.
Voyez les signes annoncés,
Autour de nous la vie murmure,
Fragile souffle révélé
Dans le silence de l’azur
* Phrase de Patrice de la Tour du Pin
Pour la nuit de Noël on peut changer les deux derniers vers du 4 ème  couplet par :
Fragile souffle nouveau-né
Dans son amour l’enfant est nu
Ou : L’amour est là, l’enfant est nu
Août 2001
Sources : Gn 1, 1-2, l’annonce à Marie Lc 1, 26-38

2 réponses à “Femme de paroles, Christine Barbey, Noël dans le corps du texte”

  1. Avatar de Mifa Martin
    Mifa Martin

    Bonjour,
    Je viens d’écrire un livre dont le thème principal est l’espoir, et qui doit paraître en avril. J’aime beaucoup une phrase de Christine Barbey dans « Respirer Dieu »:
    Dans les ténèbres éblouies
    La nuit devient chemin d’étoiles
    Me permettez-vous d’utiliser cette citation comme titre de cet ouvrage ? Bien entendu je citerai l’origine !
    Bien cordialement,
    Mifa Martin

  2. Avatar de Mifa Martin
    Mifa Martin

    Mon éditeur est enchanté de ce titre ! Merci !
    Bien cordialement,
    Mifa Martin

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

    Lire la suite

À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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