Diego Baëza. Guitariste, compositeur.
Concert : Diego Baëza. Samedi 12 octobre 2019 à 20h30 dans la salle Le Pavé d’Orsay Concert de lancement du nouveau disque de Diego Baëza pour guitare solo. Des compositions originales, inspirées de lieux visités en Afrique et Amérique et d’images venant de la tradition chrétienne. Le CD « Spiritual guitar » (Bayard Musique) sera en vente à la sortie. Les bénéfices des entrées et des ventes du disque seront au profit de l’association Grain de Blé Madagascar.
Le Pavé d’Orsay: 48 rue de Lille,
75007 PARIS, France
Métro / RER
Ligne 12 – Rue du Bac
RER C – Musée d’Orsay
Ligne 1 – Musée du Louvre-Palais Royal / Tuileries
Le site: https://www.bayardmusique.com/album/1814/spiritual-guitar-diego-baeza
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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
–Diégo Baëza: Le Requiem de Fauré, l’album « Officium » du Saxophoniste Jazz Jan Garbarek, le DVD Live « The Rebirth » de Kirk Franklin.
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Mais il est un incroyable créateur de musicien surtout de musique aléatoire et concrète !!
–Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Aucune idée, j’ai hâte d’y être pour entendre tout sa ! Ceci dit j’espère qu’il y en aura et variées sinon j’irais fumer un cigare avec lui comme disait Gainsbourg.
– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Toutes celles qui nous parlent et nous font rêver, réfléchir, imaginer et surtout qui nourrissent notre soif d’éternité.
– Que chantent les anges musiciens ?
Ca dépends de l’heure de la journée ! Je les vois bien vers 19h écouter mon album de guitare solo afin de se laisser imaginer un lendemain plein d’aventures.
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Du Gospel !!
– Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Si mes larmes d’émotion me laissent un peu de voix je chanterai une version du « Notre Père » en araméen que je compte composer.
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
Justement aucune, si je vais sur une ile desserte ce serait pour retrouver la nature à l’état pur et du coup lui laisser la place de nettoyer mon âme et ma mémoire sonore.
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Le Gospel « Freedom » dont voici les mots,
« Oh, freedom, Oh, freedom, Oh freedom over me.
And before I’d be a slave I’d be buried in my grave And go home to my Lord and be free. »
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Tout ces esclaves noirs qui prient pour leur liberté et dignité avec foi et conviction au milieux de leur injuste détresse.
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Lorsque j’ai vue une vidéo d’un concert de Victor Jara, le grand et créatif chanteur chilien au Pérou quelques mois avant sa mort en 1973.
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Celle que je ne connais pas encore et qui me laissera ébloui par sa passion, finesse et créativité.
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Diego Baëza. Entretien paru dans le numéro 173 de la revue « Chantons en Église » (Bayard).
« Chaque concert est un voyage »
Guitariste professionnel d’origine chilienne Diego Baëza compose et interprète des musiques inspirées par son expérience spirituelle. Soucieux d’une ouverture à tous les styles et l’art de conjuguer l’excellence et le cœur.
–Vous êtes né au Chili en 1971. A quel âge commencez-vous à jouer de la guitare ?
-Diego Baëza : A 13 ans. J’étais plutôt attiré jusque-là par les percussions ! Comme mon père. Et puis la vie, et mon caractère turbulent, en ont décidé autrement. Il faut rappeler que dans mon pays d’origine on trouve une guitare dans chaque foyer. J’ai commencé par écouter des grands solistes comme Paco de Lucia, John McLaughlin et Al Di Meola et vouloir les imiter. Un professeur de lycée, lui-même passionné de cet instrument, m’a aidé à diversifier mes goûts musicaux. Comme tout adolescent j’ai commencé par jouer avec des amis les succès du moment, les rockers britanniques de The Police et d’autres. Puis au moment de choisir mes études supérieures j’ai hésité un moment entre la guitare et la… psychologie qui reste un de mes centres d’intérêt. Et puis j’ai décidé qu’il fallait aller plus loin en suivant les cours du Conservatoire en guitare classique, où j’ai découvert la richesse de ce répertoire, au Chili puis en France. A 22 ans j’ai entamé une série de concerts de guitare dans des festivals hors du Chili. Je suis également accompagnateur, arrangeur pour d’autres artistes et bien- sûr compositeur, pour des films, des spectacles de danse et des pièces de théâtre.
– Au nom de quel objectif ?
-Ne pas s’enfermer dans un seul registre. J’aime bien ce qui n’est pas formelle. Le fil rouge, c’est la liberté, la créativité. Il n’y a pas de vérité arrêtée pour un artiste ! Il y a des saisons. Aujourd’hui, j’en vis une nouvelle : celle où je partage volontiers, au-delà de mes doutes, des pépites musicales peaufinées depuis des années. Comme cet album d’instrumentaux « Spiritual guitare » (Chez ADF-Bayard Musique) qui parait cet automne. On y retrouve les échos de cette diversité et le fruit d’une dizaine d’années de travail. De la musique classique au jazz en passant par le Flamenco. Ma musique se place sous le signe du métissage et de la rencontre. C’est ainsi en me retrouvant à Barcelone devant l’église de la Santa Sagrada Familia que j’ai mieux compris quelle était ma vocation d’artiste depuis toutes ces années : réunir des traditions et des styles différents comme dans ce monument inachevé. Pour décrire ma musique je ferai référence à un mot de la langue espagnole qui parle de « calidad ». Ce qui signifie de la qualité et en même temps un côté chaleureux.
–A quel moment avez-vous expérimenté que la musique est aussi une voie d’accès à la vie spirituelle et à l’intériorité?
– Dès l’adolescence, au Chili : je suis allé à l’invitation de mon frère à un concert du guitariste de jazz, l’Américain Pat Metheny (Il venait de sortir le disque « Still life (Talking) ». J’ai reçu cette musique comme celle qui réveille les rêves et un cri qui cœur qui monte alors en nous. A l’époque je passais volontiers du rock des années 70-80 au Jazz. Et voilà que je me suis rendu compte que la musique peut restaurer l’âme et le corps. Autre choc, celui d’un concert du guitariste espagnol Narciso Yepes et son célèbre concerto d’Aranjuez. Je me suis demandé alors si je serai capable un jour de jouer un jour comme ces virtuoses. Depuis je suis ce chemin d’excellence et d’humilité au service de la musique. Avec le souci de l’éveil et de l’accompagnement de chacune et chacun, notamment auprès des jeunes publics. Dans les années qui viennent je vais poursuivre dans cette voie. A la suite d’une carte blanche que m’avaient confiée les organisateurs du festival de guitare classique de Nice. J’ai aussi été marqué sur ce chemin par le parcours et l’œuvre du compositeur Olivier Messiaen, sorte de saint François des temps modernes. La nature si présente dans ma vie depuis mes années de scoutisme inspire nombre de mes compositions. Au contact de la nature j’ai goûté cette simplicité des choses et la nécessité de s’ouvrir à la beauté de la Création. Je me souviens encore sur ce registre d’un séjour au Bénin dans des paysages incroyables.
–En quoi la guitare est-elle une voie spirituelle, une forme de prière à six cordes ?
-J’aime beaucoup jouer de la guitare dans les moments de prière et d’intériorité. Je me souviens de cette expérience à l’abbaye de Lérins dans une chapelle du monastère à l’invitation des moines, où je jouais pour les pèlerins de passage. Je travaillais alors sur les dons de l’Esprit Saint. Chaque concert est un voyage. La guitare est un instrument magnifique pour partager ce qui est le plus précieux au plus intime de soi. Cela n’empêche pas de vouloir jouer de tous les instruments. En ce moment je découvre la force du buggle, de la famille des cuivres. C’est toute la puissance de la musique et des pratiques artistiques que de nous faire découvrir ce qui est essentiel pour chacun. Je suis convaincu que la musique permet de vivre des expériences de visitation, de consolation, de restauration sources de joie. Sur ce dernier point j’ai été marqué par des interventions auprès de publics en difficulté. Comme des prisonniers d’une Centrale en Normandie. J’ai vu l’un d’eux se reconstruire au fil des jours. La guitare donne un visage heureux et réconfortant de l’Évangile. Je sais que cette conviction d’une musique restauratrice dépasse le seul cercle des croyants.
–Qu’est ce qui a marqué votre parcours ecclésial récemment ?
-Je me présente aujourd’hui comme Chrétien. Je retiendrais dans mes expériences ecclésiales les formations au sens large assurées de 2014 à 2018 pour les jeunes animateurs du Frat (Fraternel) à Lourdes, ce rassemblement qui réunit tous les deux ans des lycéens d’Ile de France. J’accompagnais tout au long de l’année un groupe de jeunes pour les former sur le plan artistique et musical. Autre moment significatif dans mon parcours, lorsque permanent de Fondacio, un mouvement international présent dans une vingtaine de pays, j’ai participé à l’instance de communion du renouveau charismatique. A l’invitation de la Conférence des Évêques de France cette instance réunit les délégués des communautés, groupes de prière. J’y ai beaucoup appris surtout sur la nécessité de l’ouverture aux autres sensibilités et expériences. De même que mes séjours en Afrique dans les communautés méthodistes. Il ne suffit pas seulement de vivre en bon voisinage mais de faire communauté. C’est aussi Fondacio qui m’a donné l’opportunité de découvrir la France et d’y vivre.
– Comment cette passion musicale doit elle se traduire dans le chant des communautés chrétiennes ?-
-En évitant l’esprit de chapelle. Dans une célébration, un rassemblement, il importe de tout faire pour faciliter la rencontre. Entre sensibilités, entre générations. A chacun de discerner sur ce point sur la meilleure voie pour y parvenir. J’aime beaucoup l’orgue ou la guitare. Mais pas seulement. Et je regrette que l’on ne donne pas plus de moyens aux communautés pour prendre au sérieux la force de la musique dans la vie spirituelle. Cela dit, je ne me présente pas d’abord comme un artiste chrétien. Je suis un Chrétien qui compose de la musique. Avec l’exigence de veiller à la qualité musicale de ces œuvres pour être reconnue et toucher un large public. Croyants ou non. Sans tomber dans l’élitisme. De l’excellence et du cœur, voilà quelle est ma partition.
Propos recueillis par Robert MIGLIORINI
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Votre verset d’Évangile préféré
Dans l’Évangile de Jean : « Jésus lui dit: «Moi non plus, je ne te condamne pas; vas-y et désormais ne pèche plus.»]
Votre lieu de ressourcement
La nature.
Une rencontre qui vous a marqué
Un critique d’art qui à la fin d’un concert m’a donné confiance
Votre maître en musique
Olivier Messiaen et Jacques Berthier pour le chant « O ma joie et mon espérance ».
Un chant liturgique
Le gospel « Amazing grace ».
Trois albums que vous mettez dans vote valise ?
Un œuvre de l’Américain Steve Reich, Pat Metheny et son « Still Life (Talking) » et une compilation des chansons du Chilien Victor Jara, assassiné en 1973.
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