Christophe Henning, écrivain dans l’air du temps et la ballade d’un homme heureux façon Sheller

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Christophe Henning, écrivain et journaliste de presse magazine (Hebdomadaire Pèlerin, Bayard), vient de recevoir le prix de littérature religieuse 2011 pour « Le jardinier de Tibhirine, » écrit avec Jean-Marie Lassausse (Bayard, 149 p., 18 €). Il publie ces jours, avec Dom Thomas Georgeon, la biographie de Frère Luc, le médecin au monastère de Tibhrine (Editions Bayard, 224 p., 19 €).
Sur le site de l’association des écrivains croyants qu’il préside depuis 2009 Christophe Henning s’explique: « Les articles, travaux et livres que j’ai pu mener pour mieux comprendre et connaître Tibhirine m’ont fait rencontré Dom Thomas Georgeon, aujourd’hui père abbé du monastère de Frattocchie (Italie). Il a été volontaire pour faire revivre le monastère de Tibhirine. Si le projet n’a pu aboutir, Dom Thomas est resté profondément marqué par les moines de l’Atlas et notamment Frère Luc, le médecin, incarné à l’écran (Dans le film « Des hommes et des dieux » NDLR) par Michael Lonsdale. Avec l’accord de la famille du moine assassiné avec ses frères le 21 mai 1996, à partir de ses documents personnels, de nombreux témoignages inédits,  nous avons voulu raconter la vie étonnante, discrète, évangélique de Frère Luc. »
Christophe Henning, né en 1961 à Lille, est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages dont un premier roman Il fallait Osée (Desclée de Brouwer, mars 2009), après plusieurs biographies comme Petite vie des moines de Tibhirinne (DDB, 2006), Vous, c’est la charité, biographie de Mgr Rodhain (Le Sarment, 2002), et des essais, Oser décider (avec Marie-Luce Brun, Atelier, 2005), La liberté de l’amour, conversation avec Colette Nys-Mazure, DDB, 2005), et Ils n’ont pas choisi les trottoirs de Manille (avec Dominique Lemay, Presses de la Renaissance, octobre 2009). Il a succédé en 2009 à la présidence l’association des écrivains croyants à Elise Fischer. Le prix des Ecrivains croyants 2011 sera remis le mardi 7 juin à François Sureau pour Inigo (Gallimard) en catégorie littérature, et à Véronique Margron pour Fragiles existences (Bayard), dans la catégorie essai.
 
Selon vous, Dieu aime-t-il les chansons ?
Ca ne fait pas de doute… Comme les autres expressions artistiques, la musique est une porte vers l’intime et l’indicible. Si la chanson est ce lieu de rencontre, alors Dieu s’en réjouit évidemment !
Au paradis, quelles musiques y entend-on ?

Sans doute écoute-t-on une sorte de « world music céleste » qui conjugue la mélancolie du fado, la liberté du jazz, la joie chaloupée de la samba, la splendeur des grandes orgues, la générosité de l’opéra, le rythme entêtant des cymbales tibétaines… Une « musique du monde » qui a des intonations de Pentecôte, et que chacun reçoit selon sa propre « langue ».
Que chantent les anges musiciens ?
Ils chantent la gloire de Dieu ! Et saint Iréné nous a dit que « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant »… Les anges chantent donc l’homme vivant : ils ne doivent pas manquer d’inspiration !
–  Si la prière était une chanson, laquelle choisiriez-vous ?
Le chant des psaumes d’abord, et le magnifique Salve Regina cistercien, mais que j’écoute volontiers dans l’une ou l’autre abbaye, incapable d’être suffisamment à l’aise avec l’interprétation pour le chanter seul, dans le secret. Les chants de Taizé, ensuite, avec ce qu’ils ont de capacité de méditation et de simplicité, d’imprégnation et de ritournelle : « Bonum est confidere in domino », par exemple… Enfin, il est des refrains « païens » qui sont comme une prière… Je pense par exemple à « Nous prendrons le temps de vivre », de Georges Moustaki, ou « Une prière » de Michel Jonasz…
Qu’aimeriez vous chanter à Dieu en le rencontrant ?
Je crois bien que je resterai sans voix… Chanter un « merci » !
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les chansons qui sont vos préférées ?
Le choix est difficile… Jacques Brel voisine avec Cesaria Evora, Thomas Fersen avec Melody Gardot, Natalie Dessay avec Dick Annegarn, Tryo et Tri Yann, Cabrel ou Compay Segundo… Tout dépend de l’air du temps ! Parfois, j’arrête tout et j’écoute le silence que Julos Beaucarne nous conte « le chanteur du silence », cette histoire d’un concert où l’artiste et le public interprètent un magnifique… silence. « Si le chant n’épouse le silence, alors il n’est pas », écrivait le poète Guillevic.
Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
« Je veux être un homme heureux », de William Sheller. Je crois que les paroles m’ont touché tout d’abord, mais aussi parce que j’ai découvert cette chanson en concert, avant même qu’elle ait été enregistrée… Il y a un appel au bonheur tellement puissant dans cette chanson, mais pas un bonheur égoïste : Sheller y décrypte en peu de mots le défi des « gens qui s’aiment », le temps qui passe, le désir, le pari, la vie !
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
J’ai déjà parlé de Sheller… Les grands restent malgré tout Brel, Brassens, Edith Piaf, Charles Trenet, Nougaro, Léo Ferré… J’ai une attention toute particulière pour ceux qui savent construire un accompagnement musical précis, mais qui peuvent aussi se mettre au piano ou à la guitare et se mettre à chanter… Du coup, les enregistrements publics sont souvent une belle découverte. Non seulement parce qu’il y a une surprise musicale, mais aussi la magie de l’instant, de l’événement… C’est sans doute le journaliste que je suis qui est sensible à cet « instantané », instant donné.
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une chanson, laquelle était-ce ?
 C’était il y a quelques semaines en écoutant le nouveau CD de Souad Massi, alors que les jeunes des pays du Maghreb se levaient pacifiquement pour réclamer plus de justice. Sa voix porte à la fois une tendre fragilité et une force incroyable, comme dans « Tout ce que j’aime », une émotion pudique et vraie.  Et si Souad Massi chante des histoires d’amour, mêlant arabe et français, c’est une manière de vivre ensemble, et d’ouvrir un avenir plus humain.
Si Dieu était une chanson laquelle serait-ce ?
Dieu serait plutôt le chef d’orchestre du chant du monde… Ce pourrait être « L’hymne à la joie », peut-être ? L’Alleluia de Haendel !
A consulter, le site des écrvains croyants: http://www.ecrivainscroyants.fr/page/2/

 CHRISTOPHE HENNING: « Oh Happy day », lors d’un mariage, c’était un vrai chant de joie ! « Quand on n’a que l’amour » dans laquelle Brel parle certainement de Dieu. Et L’office de la Passion, écrit par André Gouzes.

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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