Christophe André (médecin psychiatre). Bach, Brassens, Dylan, Piaf. Dans la playlist d’un spécialiste des émotions.

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L’invité du blog: Christophe André. Médecin psychiatre. Un des meilleurs spécialistes français de la psychologies des émotions. Auteur de nombreux essais de vulgarisation scientifique.

Christophe André a accompli l’essentiel de sa carrière à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Spécialisé dans le traitement et la prévention des troubles émotionnels., anxieux et dépressifs. Il a été parmi les premiers médecins à proposer à ses patients des approches de méditation laïque. Son livre « Méditer, jour après jour« , est devenu une des références de l’initiation à la méditation notamment de pleine conscience. Il a également publié plusieurs ouvrages à succès avec le moine bouddhiste Matthieu Ricard et le philosophe Alexandre Jollien dont en 2016 « Trois amis en quête de sagesse« .

Dernier ouvrage paru : Consolations. Celles que l’on reçoit et celles que l’on donne.. Éditions de L’Iconoclaste, 2022. (352 p., 21,90 €.). Pour la première fois indique l’éditeur Christophe André ajoute dans son texte une dimension personnelle en revenant sur sa propre expérience à la suite d’une maladie grave.

Écouter sur le réseau rcf:

Avec Thierry Lyonnet, Amélie Gazeau

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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?

Christophe André: à chaque fois que j’écoute Bach, bien sûr. Mais c’est logique, puisque Bach écrivait pour célébrer Dieu. Il signait ses partitions non de ses initiales, JSB, mais de SDG, Soli Deo Gloria : à Dieu Seul la Gloire… La viole de gambe aussi, par sa tonalité profonde et grave, m’éveille à la spiritualité.

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Aucune idée. Mais Dieu est dans la musique, en tout cas dans toutes les musiques qui entrent en nous et nous émeuvent.

Au paradis quelles musiques y entend-on ?

Au paradis, on entend toutes les musiques, comme dans un palais où l’on passerait de pièce en pièce, et dans chacune un musicien ou un orchestre jouerait une musique différente.

Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?

Celles qui font éprouver que le monde est beau et que la vie est une grâce, tous les chants de joie, d’amour. Mais aussi celles qui rappellent que la douleur et les épreuves seront aussi sur le chemin, celles qui appellent la consolation, des humains, et de Dieu.

Que chantent les anges  musiciens ?

Le poète Christian Bobin suggère malicieusement qu’au Paradis, lorsque Dieu est là, les anges chantent du Bach, et qu’en son absence, ils chantent du Mozart. J’aime bien cette idée. Mais ici-bas, les anges chantent à nos oreilles et à nos esprits ce dont nous avons besoin lorsque nous sommes dans la tristesse, le doute, la désolation : lorsque nous avons du chagrin, et qu’une musique nous bouleverse et nous élève et nous console, ce sont peut-être les anges qui nous l’ont envoyée…

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

La cantate de Bach, Jésus que ma joie demeure : elle m’évoque un mouvement ascendant sans fin vers le Ciel. Elle est sobre mais joyeuse, d’une joie intense et invincible. Comme un remède surnaturel à la remarque de Cioran, « la prière de l’homme triste n’a pas la force de monter jusqu’à Dieu. »

Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

La belle chanson méconnue de Claude Nougaro : Plume d’Ange. L’histoire d’un homme à qui un ange a confié une de ses plumes, en lui disant de la montrer à ses semblables : si un seul humain arrive à le croire, l’humanité sera sauvée dans l’instant. La tâche va s’avérer impossible, et le malheureux en perdra la raison. Faites le test : essayez de convaincre vos proches que la plume que vous brandissez sous leur nez est bien celle d’un ange…

Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte? 

Sur une île déserte, j’emporterais plutôt un instrument de musique. L’écoute répétée, même des musiques que l’on aime, finit par lasser. Par contre, jouer soi-même de la musique, on ne s’en lasse pas, ou moins : il y a toujours des progrès à accomplir ! Donc, je demanderai à prendre mon accordéon.

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

Une chanson que j’entendais quand j’étais gamin, et qui m’a toujours bouleversé à en pleurer : L’Hymne à l’amour, d’Édith Piaf. L’amour plus fort que la mort…

Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

En France, Georges Brassens, loin devant les autres. Pour la beauté et la créativité de sa langue, c’est un incroyable poète. Et parce que ses préoccupations sont les miennes : la fraternité, la vie, la mort, les interrogations lancinantes sur Dieu et l’au-delà. À l’étranger, Bob Dylan, dont les paroles sont bien souvent imprégnées de la quête de sens et de spiritualité, et parcourues de références bibliques.

– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?

En retombant par hasard sur Internet sur une vidéo évoquant la vie et la mort d’un chanteur hawaïen obèse et adulé par ses fans, Israel Iz, et qui chantait, en l’accompagnant au ukulélé,  la chanson issue du film Le Magicien d’Oz : Somewhere over the rainbow. Très émouvant, très « tire-larmes », comme on dit pour se protéger de ses propres émotions…

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

Bach bien sûr, et sans hésiter, l’Aria de la Suite n°3 (BWW1068).

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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