Antoine-Marie IZOARD (journaliste). Sur des musiques de Palestrina et de Marco Frisina,

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L’invité du blog: Antoine-Marie Izoard, directeur de la Rédaction de l’hebdomadaire catholique Famille Chrétienne.

L’hebdomadaire « Famille Chrétienne » publie ce semaine (13-19 décembre 2025) son numéro spécial 2 500 (lancement en 1978) . A cette occasion la rédaction donne la parole sur le rôle qu’a pu jouer Famille Chrétienne dans la vie de ses lecteurs, dans sa dimension familiale, spirituelle, intellectuelle… Peut-être y a-t-il un avant et un après tel ou tel article, dossier, interview ?–

Le directeur de la rédaction partage ses coups de coeurs musicaux.

Directeur de la Rédaction de Famille Chrétienne depuis 2016, Antoine-Marie Izoard a commencé sa carrière au journal français de Radio Vatican. Il a ensuite assuré la direction de la communication de l’archidiocèse de Bordeaux avant de repartir pour Rome où, pendant 11 ans, il a dirigé l’agence de presse I.MEDIA, spécialisée dans l’actualité du Vatican. A ce titre, il a effectué une quarantaine de voyages pontificaux à travers le monde.

https://www.famillechretienne.fr/

Sur rcf: https://www.rcf.fr/articles/points-de-vue/antoinemarie-izoard-famille-qui-traine

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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées ?

Antoine-Marie Izoard: beaucoup de ce que j’écoute au quotidien parle de Dieu ! Toutefois, je partage avec mon épouse une admiration particulière pour le travail de l’Italien Marco Frisina, prêtre, compositeur et chef du chœur du diocèse de Rome. Ses compositions ont rythmé nos années romaines en famille – 18 ans tout de même ! – et nous l’avons écouté récemment en concert dans la Cité éternelle, pour le plaisir des oreilles et du cœur. En France, Marco Frisina reste peu connu, même si son Anima Christi est souvent repris lors de messes, ou encore l’Alléluia du Cantico dell’Agnello. Pour toute ma génération, il y a aussi le fameux Jesus Christ, you are my life, tellement associé aux inoubliables JMJ de Rome en l’an 2000, et à la figure de Jean-Paul II, le pape de ma jeunesse et de ma croissance chrétienne !

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Assurément, il est à l’origine de toute création ! J’aime d’ailleurs penser qu’il aime toutes les musiques, à condition qu’elles véhiculent un message d’Amour, car il est Amour. 

Au paradis quelles musiques y entend-on ?

Si une musique monte de la terre jusqu’au Paradis, c’est certainement celle de Giovanni Pierluigi da Palestrina ! Ce compositeur italien génial, maître de chapelle au Vatican dont on célèbre le cinquième centenaire de la naissance, a réellement sauvé la musique polyphonique sacrée lors de la Contre-Réforme. Je l’écoute sans cesse, et j’espère sincèrement continuer à l’entendre pour l’éternité quand viendra l’heure…

Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?

Outre les compositions de Palestrina et Marco Frisina, je suis sensible aux chants de Taizé, ayant participé à plusieurs rassemblements de cette communauté, et que j’ai placé dans ma playlist pour ma prière personnelle, en marchant notamment. 

Il y a aussi le registre des liturgies ordinaires. Je suis chantre en paroisse, et je m’efforce de ne pas seulement « animer » des messes, mais de leur donner une âme, de faciliter la prière des fidèles. Dans nombre de paroisses, le cantique « Regardez l’humilité de Dieu » remporte un succès légitime. Jeune compositrice de talent, Anne-Sophie Rahm l’a écrit en s’inspirant d’un texte de saint François d’Assise aux frères de son ordre. Mais il y a tant d’autres cantiques ! 

Que chantent les anges musiciens ?

« Gloria in excelsis Deo » si je m’en tiens à la tradition… mais certainement tout autre chant de louange, et dans toutes les langues de la terre ! Je garde un souvenir ému de la Pastorale des santons de Provence d’Yvan Audouard, entendue tant de fois dans mon enfance sur un vieux tourne-disque et au début de laquelle l’ange Boufaréou raconte qu’il a joué de la trompette « à s’en faire péter les veines du cou » pour annoncer la naissance du Divin petit. 

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

Palestrina, encore et toujours ! Son Sicut Cervus est une pure merveille, une prière d’une grande intensité qui s’appuie sur le Psaume 41 : « Comme le cerf languit après les sources d’eaux : ainsi languit mon âme après vous, mon Dieu ». Nul ne peut résister à la beauté de cette pièce. Palestrina y fait entrer les voix les unes après les autres, pour implorer Dieu. Et puis ce sont les ténors qui commencent… ce qui n’est pas pour me déplaire !

Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

Même si je n’ai plus de jambes pour danser et de mains à battre en rythme : « Comment ne pas Te louer » ! Et si j’ai encore mes bras, je chanterai bien un des chants gestués que l’on prend dans ma communauté Foi et Lumière, avec mes amis porteurs d’un handicap mental : « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi… ». Ce serait histoire de le remercier de m’avoir accueilli, malgré mes faiblesses, moi aussi.
 

Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte ? 

C’est un choix cornélien qui, avec les plateformes de musique, pourrait être facilement résolu… avec sous enceinte sur une île déserte, il est certain que je fredonnerai ces dix morceaux :
– Le Sicut Cervus de Palestrina, c’est une évidence…
– Le Miserere d’Allegri, qui frise avec la beauté céleste de Palestrina.
Ti seguirò (Je Te suivrai) et Eccomi (Me voici) de Marco Frisina, bien sûr !
Sultan of swing, de mon groupe fétiche Dire Straits. Vous me permettez d’emmener la collection complète sur l’île ?
Dio vi Salvi Regina, cantique marial corse qui me donne des frissons… même si je suis Gascon.
La symphonie des éclairs, de Zaho de Sagazan, c’est magique ! 

Göttingen, de Barbara, une chanson tellement puissante.
Partenaire particulier, pas pour sa musicalité et ses paroles… (!) mais pour danser (et parce que c’est un cousin qui l’a composé).
Just can’t get enough, de Depeche Mode, pour continuer à danser ! 

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

Plus qu’un refrain, c’est une prière assez courte et presque litanique que je chante régulièrement, et qui a toujours compté dans les moments importants de ma vie, la prière d’abandon de Charles de Foucauld : « Mon Père, mon Père je m’abandonne à Toi… »

Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

En plus de tous ceux que j’ai déjà nommés ? Bach et Mozart, certainement… et Supertramp. Vous vous souvenez des chansons du Père Aimé Duval ? Elles m’ont aussi beaucoup marqué, dans ma plus tendre enfance, parce que ma mère les fredonnait et qu’elles racontent l’Évangile avec simplicité.

– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?

Voilà encore une histoire de famille… Je suis toujours très ému lorsque j’écoute Misericordia, un morceau composé par l’un de mes filleuls et neveu, Augustin Izoard, interprété merveilleusement notamment par son frère Théau. L’un de mes frères, aussi, le chante à merveille. Découvrez-le à votre tour ! (https://www.youtube.com/watch?v=pI6Cts_xrpo)

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

L’Oratorio de Noël de Bach, chanté dans ma jeunesse. Il est à la fois solennel et céleste, glorieux et doux, comme cet Enfant dans lequel Dieu s’incarne sur terre. Bon temps de l’Avent ! 

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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