L’invitée du blog: Anne Le Maître, autrice, aquarelliste et professeur de géographie. Prix littéraire de la liberté intérieure 2023.
« Un si grand désir de silence« , aux éditions du Cerf (192 p.,) a reçu en septembre 2023 le prix littéraire de la liberté intérieure, lors de la sixième édition du prix décerné par « Le jour du Seigneur« , en partenariat avec la librairie La Procure, la radio RCF, le quotidien « Ouest-France« .
« Au milieu du brouhaha, des bruits du monde et de nos propres pensées, comment retrouver le sens du silence ? Dans notre société saturée de paroles et d’images, a-t-on oublié qu’il était parfois bon de se taire, un peu ? Gratuit, improductif et en définitive profondément subversif : si on faisait dans nos vies une place au silence pour écouter ce qu’il nous dit de l’accueil et de la disponibilité, de l’ascèse et de l’ouverture ?
C’est ce à quoi nous invite Anne Le Maître dans une réflexion nourrie de références littéraires et d’anecdotes empruntées à son itinéraire personnel.
Une promenade enchanteresse en terre de silence. »
Aquarelliste et professeur de géographie, Anne Le Maître a publié une vingtaine d’ouvrages dont Sagesse de l’Herbe, quatre leçons reçues des chemins, et Dijon, carnet d’artiste pour lequel elle a reçu le prix Bourgogne Culture.
(Présentation de l’éditeur)
« Née à Châtenay-Malabry en 1972, poète et aquarelliste, Anne Le Maître écrit aussi à partir de l’épreuve, du deuil, loin d’une vision facile d’un silence béat. Au fil des pages, l’autrice suit ce cheminement humain et poétique qui ouvre à la transcendance : « Jusqu’où nous mènera l’expérience qu’est l’absence de bruit si nous apprenons à nous tenir dans ce creux où tant de rencontres deviennent possibles ? » À ce qu’elle désigne comme « la civilisation du vacarme », elle oppose un désir d’abbaye, une aspiration à la contemplation intérieure. »
Christophe Henning dans le quotidien La Croix (28 septembre 2023)
…… »Quelle définition donneriez-vous au silence ?
Il n’est pas forcément l’absence de bruit. C’est un état intérieur d’apaisement du tumulte en soi. Le silence permet à la fois d’être davantage dans la justesse vis-à-vis de son être intérieur et beaucoup plus disponible à ce qui arrive. Les deux s’enrichissent simultanément et si l’un va sans l’autre, il y a déséquilibre. Le silence est ainsi ce lieu intérieur dans lequel le dialogue entre ce qu’on est profondément et ce qui advient dans la relation avec les autres peut s’épanouir. »
Extrait de l’entretien avec Anne-Laure Filhol dans l’hebdomadaire LA VIE daté du 20 mars 2024 où Anne Le Maître tient une chronique spirituelle.
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–Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
-Anne LE MAITRE : La passion selon saint Jean de J.-S. Bach est un sommet indépassable depuis plusieurs siècles.
Dans les musiques plus récentes même si cela commence à dater, j’ai un faible pour cette méditation interprétée par Graeme Allwright, mais qu’il n’a, je crois, pas écrite lui-même (les paroles sont du père dominicain Maurice Cocagnac), Au cœur de l’arbre. « Au cœur de l’arbre il y a le bois / au cœur du bois, il y a la planche / et de deux planches on fait la croix / qui tient Dieu dans ses branches ».
–Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Je pense que quelque part, Dieu est musique. Que la musique dit quelque chose de sur-naturel.
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Je ne peux m’en faire une idée et rien que pour cela, j’ai envie d’y être. Découvrir encore plus beau, encore plus intense que ce que la musique déjà, sur Terre, peut nous offrir, cela doit réellement être ineffable.
–Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
J’ai un faible pour les musiques répétitives, qui portent à l’apaisement du rythme et à l’entrée en prière. C’est la force des litanies, par exemple. Je suis par exemple très sensible aux prières chantées de Taizé. Mais je suis également très sensible au chant grégorien ou aux musiques des débuts de la Renaissance.
–Que chantent les anges musiciens ?
Peut-être pour l’éternité, chantent-ils le « gloire à Dieu » entonné au matin de Noël…
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
S’il fallait n’en retenir qu’une, ce serait presque assurément la cantate Ich habe Genug, de J.S. Bach.
– Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
« Que tes œuvres sont belles », bien sûr. Ou, là encore, le « ich habe genug », qui dit si bien « j’ai assez, mes yeux ont vu le Seigneur ».
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte ?
Voilà un vrai défi ! Alors, pour parler un peu de chanson, je dirais, sans idée d’ordre :
– La mémoire et la mer, de Léo Ferré
– Kathy’s song de Simon et Garfunkel
– Les eaux de mars, par Georges Moustaki
– Les mains d’or, de Bernard Lavilliers
– Septembre, de Barbara
– Famous Blue raincoat de Léonard Cohen
Et pour les œuvres musicales :
– La Passion selon saint Jean de J.S. Bach
– Le Nisi Dominus de Vivaldi
– L’album « Aux marches du palais » (chansons traditionnelles) par le Poème Harmonique de Vincent Dumestre.
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
J’ai grandi bercée par les chansons populaires que me chantait ma mère et que j’ai appris, et chanté à mon tour. Aux marches du palais, ou Le roi a fait battre tambour, qui ont une grande force d’évocation poétique. A mon tour, je les chante aux enfants qui m’entourent et ils ne s’en lassent pas.
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Ma jeunesse a été accompagnée par le trio Ferré / Brassens / Brel, bien sûr, transmis par mes parents et dont je ne me suis jamais lassée. Mais aussi, pour le pendant féminin, Anne Sylvestre et Barbara. Ils n’avaient pas beaucoup de disques mais j’ai littéralement usé ceux-ci.
Leonard Cohen n’est jamais très loin.
J’ai également grandi avec la voix chaude de Jacques Douai, qui chantait si merveilleusement les poètes. Je connais des dizaines de ses harmonisations de Ronsard, Aragon, Pierre Seghers ou … J’en ai gardé le goût d’apprendre par cœur : je crois que je connais des centaines de chansons. De manière générale, poésie et chanson vont pour moi presque toujours de pair et ce que j’aime avant tout dans la chanson, de quelque époque qu’elle soit, c’est (tout de suite après la mélodie), le texte.
Enfant, je faisais d’ailleurs partie d’une manécanterie. J’y ai découvert (et gardé) ce bonheur si particulier de pouvoir chanter à plusieurs voix, de m’accorder à d’autres voix que la mienne.
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
La Maison, de Clara Ysé, la semaine dernière. Je la suis depuis ses débuts (Libertad, Le monde s’est dédoublé) et je vais bientôt aller la découvrir en concert.
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
La voix du vent dans les branches !
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