Anne IBOS-AUGE (Musicologue). Religieuses, copistes, ménestrelles, trobairitz, trouveresses au Moyen-Age.

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L’invitée du blog: Anne Ibos-Augé. Docteur eh musicologie, chercheuse associée à l’IREMus (Sorbonne université), enseigne l’histoire de la musique et l’analyse musicale.

Vient de publier: Les femmes et la musique au Moyen-Age, éditions du Cerf, 288 p.,

« Qui sont les musiciennes du Moyen Âge ? Que chantent-elles ? De quels instruments jouent-elles ? Sont-elles de simples interprètes ? Des compositrices ?
On connaît la mystique Hildegarde de Bingen ou la reine Aliénor d’Aquitaine. Elles sont pourtant bien plus nombreuses qu’on ne le pense : chanteuses, compositrices, instrumentistes, religieuses, copistes, ménestrelles, trobairitz et trouveresses, mécènes… Issues de toutes les strates de la société, familières des cours, des couvents ou arpentant les rues, elles sont ici étudiées sous un angle inédit, dans l’intimité de leur vie quotidienne.
Du xiie siècle jusqu’au début du xve, voici racontées ces musiciennes oubliées, consacrées ou profanes, protectrices et dédicataires, ainsi que les grandes figures de la fiction : héroïnes de poèmes et de chansons, en France et en Europe. »

(Présentation de l’éditeur)

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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?

-Anne Ibos-Augé: Lassus, Lagrime di San Pietro ; Purcell, Anthems ; Couperin, Leçons de ténèbres ; Bach, Cantate Weinen, klagen, sagen ; Haydn, Die sieben letzten Worte unseres Erlösers am Kreuze ; Ligeti, Requiem

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Voici, entre autres, ce que j’ignore.

Au paradis quelles musiques entend-on ?

Un divin silence.

Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?

Les monodies d’Hildegard von Bingen ; les grands motets de Rameau ; les Illuminations de Britten…

Que chantent les anges musiciens ?

Des motets pluritextuels (combinant latin et langue d’oïl) des derniers fascicules du manuscrit dit « de Montpellier » (copié à Paris aux xiiie – xive siècles)

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

Le motet In me transierunt de Roland de Lassus

Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

4’33 de John Cage (parce qu’ainsi, c’est lui que j’entendrais, ce qui me paraît bien plus intéressant)

Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?

Guillaume de Machaut, Motets

François Couperin, Treizième Ordre de pièces pour clavecin

Marin Marais, Suittes (sic) d’un Goût étranger

Hélène de Montgeroult, Sonates pour le fortepiano avec accompagnement de violon

Ludwig van Beethoven, Quatorzième quatuor op. 131

Franz Schubert, Le Voyage d’hiver

Claude Debussy, Prélude à l’après-midi d’un faune

Arnold Schoenberg, Le Pierrot lunaire

Pierre Boulez, Le Marteau sans maître

Kaija Saariaho, L’Amour de loin

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

« Soufrés, mari, et si ne vous anuit, demain m’arés et mes amis anuit » (un refrain au sens médiéval du terme, en langue d’oïl, qui signifie « Patientez, mon mari, et si cela ne vous ennuie pas, je serai à vous demain mais cette nuit, à mon amant »)

Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

Roland de Lassus ; Francesca Caccini ; Josef Haydn ; Ludwig van Beethoven ; Robert Schumann ; Pierre Boulez ; Kaija Saariaho ; Olga Neuwirth ; Thomas Adès

– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?

Haydn, Die sieben letzten Worte unseres Erlösers am Kreuze (version orchestrale interprétée par Ricardo Minasi et de l’ensemble Resonanz)

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

The Unanswered Question de Charles Ives

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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