Eric Julien, « Toutes les partitions mènent à Dieu. »

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Eric Julien, auteur compositeur interprète. Après avoir été animateur à Radio Notre Dame, journaliste à Bayard Presse et permanent au Service National des Vocations, il est aujourd’hui engagé dans la catéchèse pour adultes et anime un groupe biblique à la prison de Fleury- Mérogis, en région parisienne.
Il offre ces semaines une double actualité: tout d’abord la sortie de son album (Bayard Musique) de douze chansons. « Des Nouvelles du ciel ».  Avec l’ami pianiste Dominique Fauchard, qui a réalisé l’album, Eric Julien démontre ses qualités d’artiste de scène et en studio. La Bible lui est familière et lui livre les clés des « chansons » de ce disque aux allures de pèlerinage intérieur. A l’image de ce « Prodigal son », inspiré par la parabole du Fils Prodigue ou encore son approche des Béatitudes, dans le titre « Heureux ».  Les psaumes sont une source d’inspiration. Les mots se font prière, aux accents des instruments du groupe qui accompagne Eric Julien. « Des nouvelles du ciel » tient de la profession de foi à l’adresse d’un public large et du message d’espoir livré par ceux qui vivent l’enfermement. « Tout ce qui n’est pas donné est perdu », comme le propose un proverbe indien en serait la trame. Eric Julien ne ménage les dons reçus pour partager avec autrui en publiant également un roman. « Une brise légère »( éditions Salvator, 274 p., 18 €) associe, là encore, les modes du contemporain et de la source biblique. Ce « Dieu dans le métro » au fil d’une rencontre improbable, ne rate pas son projet, lire les signes des temps et témoigner d’une Présence.  
Eric Julien répond, à son tour,  aux questions du blog.    
Quelles sont les chansons, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
Eric Julien : Parmi les anciennes, la Création de Haydn. Evidemment ce n’est pas une chanson mais presque : un enthousiasme fou devant la beauté de la vie.
Parmi les (presque) récentes, « Jésus » de Voulzy et « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » J’aime cette idée de fête qui me fait irrésistiblement penser à l’histoire du fils prodigue. Et ce vers qui dit « quand le bonheur passe près de vous il faut savoir en profiter » qui me fait penser au guimmick préféré de Jésus : « Le royaume est au milieu de vous ». Sous-entendu : qu’est-ce que vous attendez, bande d’idiots. Foncez !
Selon vous, Dieu aime-t-il les chansons ?
– Il adore.
Au paradis quelles musiques y entend-t-on ?
– Tout. Puisqu’il m’arrive de parler à Dieu en écoutant le groupe U2 comme du Mozart, je me dis que toutes les partitions mènent à lui. Ce ne sont que de multiples et complémentaires chapelles d’un même édifice qui élève notre intérieur lourdaud vers ses altitudes.
Que chantent les anges musiciens ?
– Il faudrait leur demander. J’imagine que dans cet ailleurs dont nous savons si peu de choses et dont nous éspérons tant, la musique atteint des sommets.
–  Si la prière était une chanson laquelle choisiriez-vous ?
– Peut-être « Tonight » d’Elton John. J’y entends comme un psaume symphonique et quelque chose du combat de Jacob avec l’ange. L’ange me dit de m’obstiner dans ma quête de l’autre, sans jamais le mépriser. Au fond, avec Dieu comme avec nos proches, nous composons pour le moment une chanson d’amour en cours d’écriture. Remplir une feuille blanche avec les mots justes, c’est un combat contre le vide, comme remplir une vie avec juste de l’amour.
Qu’aimeriez vous chanter à Dieu en le rencontrant ?
– Les béatitudes. Et, en toute humilité, sur la musique avec laquelle je les ai habillées, qui leur va comme un gant ! En tous cas, le connaissant, je sais qu’aucun de nous ne chantera seul mais en chœur avec Lui et avec toute l’humanité. La rencontre de Dieu n’aura rien d’un examen de passage genre radio-crochet. Pour moi, le Jugement dernier c’est Dieu qui nous rend justes… comme on se met à chanter juste. Parfois je me dis que le Royaume ce sera comme une immmense chorale de Gospel exultante, un « bœuf » éternel de gens heureux de se retrouver enfin libérés de toutes leurs fausses notes.
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les chansons qui sont vos préférées ?
– Il y en a tellement et pour toutes les heures du jour ! Je commence souvent ma journée avec Bach. La messe en si, les chorals… En milieu de journée je vais plus fouiner dans le rayon rock et variétés. Jonasz pour son humanité (Les lignes téléphoniques, Mister Swing) ; Berger pour ses mélodies inusables (Quelques mots d’amour) ; Hallyday pour sa voix formidable et lorsqu’il a de bons auteurs (Tenessee) ; Souchon pour l’humour délicat et le choix des mots (Foule sentimentale, Sous les jupes des filles) ; Brel, bien sûr (Les Marquises, La chanson des vieux amants…). En fin d’après-midi, je me dirige souvent vers le jazz. Il y a moins de paroles mais les mélodies sont des chansons aussi. En ce moment, j’écoute beaucoup le dernier disque de Manu Katché. Le soir, je vais souvent faire un tour du côté des concertos pour piano de Chopin. Il y a aussi la voix de Nougaro dans son dernier disque, qui nous reste comme l’humble berceuse d’un assoiffé de la vie. « Dansez sur moi » c’est bien la chanson de notre vie : nous dansons jour après jour sur la petite musique de l’Esprit Saint sans, souvent, réaliser combien Il est celui qui nourrit nos entrelacements humains les plus forts.
Quelle est la chanson qui vous a le plus marqué ?
– Le cantique de Zacharie. A chaque début de journée, et même pendant, jusqu’au milieu des foules du métro, il m’arrive de me le fredonner sur une psalmodie des moines de la Pierre Qui Vire. C’est la promesse qu’il n’y a aucun instant de nos jours qui ne soit dépourvu de sens, d’une direction, bien que cela nous échappe souvent. Ce texte nous inscrit dans une histoire qui nous dépasse et nous assure que nous ne sommes pas des produits jetables.
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
– Entre autres, Bach pour cette écriture si parfaite, cette beauté logique et envoûtante. Mozart pour la force des mélodies. Dans mon livre je cite, pour le premier, le choral 639 et, pour le second, le second mouvement du 23° concerto comme des lieux où l’on peut deviner au travers des lignes mélodiques quelque chose qui évoque la présence bienveillante de Dieu. J’aime aussi énormément le travail de Sting qui a une vraie intelligence d’écriture. Pour l’énergie, U2 est imbattable.
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une chanson, laquelle était-ce ?
– « Je veux » de Zaz. J’y ai trouvé une vraie fraîcheur, un ton réellement nouveau dans une production actuelle plutôt atone. Et puis « La quête », de Brel, que j’ai réécouté récemment par hasard. C’est formidable, l’option « aléatoire » dans les baladeurs. Je redécouvre régulièrement des trésors de ma discothèque dont j’avais oublié l’existence.
Si Dieu était une chanson laquelle serait-ce ?
– Impossible à dire. Depuis que saint Paul a dit que le Christ est en tout, je ne peux m’empêcher d’en chercher l’empreinte dans toutes les paroles et toutes les musiques qui passent à portée de mon oreille. J’avoue que je rencontre dans les chansons plus de signes de sa présence que de signes d’absence. Il y a une chanson dans laquelle j’ai tenté de décrire qui est Dieu pour moi, « Aimez-vous », que j’ai écrite à partir de la demande de Jésus et, en même temps, à partir de ce proverbe Indien : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu ». C’est tout Lui, ça.
Le site: http://www.belleisleproductions.com/livrecd.html
Ecouter: http://world.idolweb.fr/bayard-musique/eric-julien/des-nouvelles-du-ciel/3260050785808.html
Le livre, extraits: http://www.unebriselegere.com/une_brise_legere/extraits.html

3 réponses à “Eric Julien, « Toutes les partitions mènent à Dieu. »”

  1. Avatar de Fikmonskov
    Fikmonskov

    Une fausse note dans ce texte : Zaz, « Je veux »… Un hymne à l’égoïsme hypocrite de notre époque…

  2. Avatar de Clerks
    Clerks

    « Je Veux d’l’amour, d’la joie, de la bonne humeur, ce n’est pas votre argent qui f’ra mon bonheur, moi j’veux crever la main sur le coeur… »
    Egoïsme hypocrite, ça ? Bof.

  3. Avatar de Fikmonskov
    Fikmonskov

    Je veux, JE, JE, JE. MON bonheur…
    Cette nana ne parle que d’elle, tout le long de la chanson.

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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