Moustaki toujours…

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Ne pas manquer de relire l’entretien accordé récemment par Georges Moustaki à l’ami Jean-Yves Dana (La Croix du 14 octobre) et repris en divers médias. Preuve que le public attend des nouvelles d’un artiste cosmopolite qui « se voyage » comme le dit  la psy et écrivain Julia Kriteva. Il  confirme dans cet entretien qu’il ne chantera plus. Voici  l’occasion de reprendre contact avec un répertoire et un auteur-compositeur et interprète reliant les générations.
Georges Moustaki n’a jamais mâché pas ses mots. Plus dérangeant que ne le laisse voir au premier regard les apparences. Ses chansons en écho au christianisme, « Joseph » ou « Humblement, il est venu », chantées depuis par toutes les jeunesses du monde, avaient été, en 1969, censurées dans certains pays européens. En s’adressant  à Joseph, sur un mode personnel, « Tu aurais pu mon vieux Joseph », il a trouvé les mots pour approcher le mystère. On se souvient que ce motard émérite avait rencontré l’abbé Barreau, alors curé des « loubards ». Il faut réécouter une curiosité « Le jugement dernier », sur un texte de Georges Brunon  (Evan, son nom d’artiste) et une musique de Joseph Mustacchi et qui fut interprété par Hugues Aufray et Moustaki lui-même. A ne pas confondre avec la chanson portant le même titre dont les auteurs sont Pierre Delanoë et Gilbert Bécaud.
Comme Camus, Georges Moustaki se définit comme un « citoyen de la langue française.  Né en 1934 à Alexandrie, dans une famille d’origine grecque, Giuseppe  Mustacchi arrive en France en 1951. Les débuts ont été difficiles. Giuseppe emprunta son prénom de scène à Georges Brassens et tenta d’abord de se faire connaître dans les cabarets de la rive gauche parisienne. Il a écrit pour d’autres – Milord (Edith Piaf), Henri Salvador, Reggiani ou Barbara – sans convaincre encore sur son avenir comme chanteur. La chronique rappelle que la maquette du « Métèque » avait d’abord été refusée, trois ans plus tôt, par une maison de disques. Pia Colombo l’avait interprété – à la deuxième personne -, sans suite, et Reggiani, sollicité, avait conseillé à Moustaki de la chanter lui-même. Ce fut chose faite en 1969.
 Il aura  suffi d’un passage dans l’émission de Denise Glaser, « Discorama », (1) pour que le public adopte cet autoportrait d’un voyageur venu d’ailleurs et contant fleurette. Belle irruption dans l’air du temps. « J’ai commencé à chanter tard, à 35 ans. J’ai fait, ensuite, plusieurs fois le tour de l’Hexagone. Si je n’avais pas eu d’appels de l’étranger, je me serais vite fatigué », assure l’habitant heureux de l’île Saint-Louis, à Paris.
« J’aime revenir sur mes pas », confiait-t-il encore. Sans nostalgie. Le Brésil a été  une de ses destinations favorites depuis que ce fils de libraire a lu Jorge Amado. Amateur de gospel et de jazz, l’enfant d’Alexandrie est tombé amoureux des littératures et des musiques latines. Depuis, il est devenu ce « Bahianais de coeur » qui déambulait dans ce pays-continent où l’ont accueilli Vinicius de Moraes, Jobim ou Chico Buarque. En les côtoyant, il a adopté le costume de scène blanc. Il témoigne encore de son attachement au destin des peuples du Moyen-Orient. « Je commence toujours la lecture du journal par les pages qui concernent cette partie du monde », explique l’enfant de famille séfarade grecque d’Égypte.
Georges Moustaki est désormais  un témoin hors pair d’un certain âge d’or de la chanson française.   « Je ne pensais pas chanter aussi longtemps », lançait-il au début des années 2.000 en présentant un de ses récents albums . Son œuvre se poursuit aujourd’hui, sous une autre forme. 
L’entretien paru le 14 octobre 2011. http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Musique/Georges-Moustaki-La-maladie-a-fait-naitre-de-nouvelles-nostalgies-_NG_-2011-10-13-722781
« Joseph » Voir les paroles sur son site: http://www.creatweb.com/moustaki/Findex.htm et la partition.
Sur le site de l’INA, le fameux entretien avec Denise Glaser: http://www.ina.fr/divertissement/chansons/video/I00016180/moustaki-sur-sa-carriere.fr.html

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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