Allain Leprest, amour et révolte… »Lorsque l’heure en sera venue »

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A ne pas manquer: « Leprest symphonique », les derniers enregistrements d’Allain. (Tacet) vient de paraître en décembre 2011. La direction musicale de Romain Didier. Un hommage émouvant. La voix déchirante et fragile de Lesprest, des textes à couper le souffle, toujours au bord du précipice. Les couleurs musicales de l’ami Didier. Un très grand moment.
Allain Leprest est mort ce 15 août. Un article paru dans La Croix en 2009 évoquait ce destin et ce talent. Cet auteur avait eu des mots très durs pour exprimer, à la suite de Ferré et tant d’autres, son refus d’un Dieu qui se soucie de l’humain. Et pourtant, il ne laissait jamais indifférent. 
 Les mots chair, les mots sang. Allain Leprest, chanteur 
La notoriété et ses convenances ne sont pas le propre de cet artiste au parcours en dents de scie. Que sait-on d’Allain Leprest ? Sinon que ce fils de menuisier, entré en chansons en y jetant sa propre vie, est reconnu par ses pairs. Au point de recevoir, régulièrement, des récompenses à faire pâlir plus d’un. Il y a peu, une quinzaine d’entre eux, de Jacques Higelin à Sanseverino en passant par Olivia Ruiz et Hervé Villard, lui offraient un premier hommage en interprétant son répertoire. Bel éclectisme. Tout récemment, Allain Leprest, rescapé de nouvelles épreuves, a reçu un grand prix de l’académie Charles-Cros, pour l’ensemble de sa carrière.
 À 54 ans, le bonhomme normand installé en banlieue parisienne s’apprête à sortir un album en duo avec François Lemonnier, Parol’ de manchot (Chant du Monde), et présente ses nouvelles chansons sous le titre Quand auront fondu les banquises. Un modèle du genre. Tout reste à vif chez ce rebelle, aux mots capables de saisir les choses de la vie. Le poids d’une absence, une scène mémorable ou la quête d’une fraternité populaire. Jamais au repos, souvent au bord de l’abîme. Le titulaire d’un CAP de peintre en bâtiment est entré en poésie par nécessité, au début des années 1980. Il n’a pas ménagé sa peine.
 À la façon d’un Jacques Brel dont on devine que l’ombre n’est pas loin. Il sait ramasser les formules pour parler des retraités, du sort des personnes SDF ou des charmes du tabac. Avec des mots chair, des mots sang, le cantique des créatures qui ne croit pas au Ciel. En 1985, Allain Leprest est remarqué, une première fois, lors du festival du Printemps de Bourges. Son incandescence ne passe pas inaperçue. On salue cette écriture réaliste et inspirée où se dessine un monde meilleur. En 1992, il sort aux côtés de l’accordéoniste Richard Galliano, grâce au flair de Pierre Barouh à la tête des Éditions Saravah, un de ses disques les plus réussis, Voce a mano. En 1995, il fait salle comble à l’Olympia de Paris. Bon camarade, il travaille aussi régulièrement pour d’autres.
 Fidèle animateur d’ateliers d’écriture réunis, dans un café en bas de chez lui, à Ivry, Allain Leprest ne fait pas grand-chose comme les autres. Pour lui, le « Bon Dieu a les bras trop courts » pour nous aider. Le « chagrin, qui a le temps pour lui et le pied marin », n’a pourtant qu’a bien se tenir, à distance. Son dixième album qui vient de paraître, réalisé avec le complice Romain Didier, compte quelques chefs-d’œuvre où Allain Lesprest tente d’imaginer la suite. La voix vacille un peu et les images sont rudes. Nous ne sommes pas dans le divertissement. L’artiste ne renonce à rien, parfois égaré dans « le rayon des doutes ». Il resserre les rangs avec les frangins et les frangines du monde des vivants et leur livre le fruit de ses voyages intérieurs. Une chanson rare.

« Quand auront fondu les banquises », album Tacet. 4 F/L’autre distribution.
MIGLIORINI Robert
A écouter « Chez Leprest », en 2 volumes où des artistes rendent hommage à l’homme et l’oeuvre.

 http://www.myspace.com/allainleprestofficiel
A NE PAS MANQUER:  une émission spéciale sur France Inter ce samedi 10 septembre avec  Philippe Meyer « La prochaine fois je vous le chanterai » (de 12 à 13 heures). http://www.franceinter.fr/emission-la-prochaine-fois-je-vous-le-chanterai
Ecouter: sur le site de la revue « Je chante! » nombreux hommages: http://www.jechantemagazine.com/Allain_Leprest/Blog/Entrees/2011/8/25_Obseques_dAllain_Leprest_au_cimetiere_dIvry%2C_mardi_23_aout_2011Telegramme_de_Frederic_Mitterrand%2C_ministre_de_la_Culture.html

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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