L’invité du blog: Le P.Sylvain Gasser (éditeur, auteur, réalisateur de podcasts).

Éditeur et musicologue, Sylvain Gasser, prêtre assomptionniste, a travaillé aux Éditions Bayard et collabore aussi régulièrement à la presse religieuse et musicale. Il intervient comme chroniqueur à la radio RCF et dans les pages du mensuel Prions en Église où il réalise des podcasts sous le titre: « Prie-Dieu« . La série proposée sur abonnement vient de passer les cent numéros. Des entretiens sur la prière et la vie spirituelle à ne pas manquer.

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Quelles sont les musiques évoquant Dieu, anciennes ou récentes, que vous avez entendues et appréciées ?

-Sylvain Gasser: Le Dream Requiem de Rufus Wainwright, créé à Paris le 14 juin 2024, en pleine dissolution (merci, monsieur le Président…). Un pur chef-d’œuvre ! Le CD sort en janvier 2025. Un Requiem pour les personnes que nous avons perdues dans la crise de la Covid-19, pour le passé dont nous sommes coupés et pour l’avenir auquel nous ne savons pas encore comment nous connecter, un Requiem pour le contact humain, la solidarité et la voix humaine qui sont tous devenus dangereux et contagieux pendant la pandémie.

–Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Il me plaît à penser que Dieu pointe l’oreille où meurt un point d’orgue.

–Au paradis, quelles musiques entend-on ?

Les cyclones sonores de Bach, les explosions de Messiaen, les chrismations de Bruckner et les déferlements de Mahler.

–Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?

Les monodies du plain chant latin, les organa de l’école Notre-Dame (Léonin et Pérotin), et les musiques répétitives d’aujourd’hui (Pärt, Glass, Reich, Górecki, Tüür)

–Que chantent les anges musiciens ?

Les compositions de Johann Sebastian Bach, pour donner davantage de crédit à Cioran : « S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu. »

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

Spiegel im Spiegel d’Arvo Pärt.

Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

« In paradisum » du Requiem de Duruflé.

Quelles sont, dans votre discothèque personnelle, les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte ? 

• La Symphonie n° 2 en mi mineur, op. 27 de Serge Rachmaninov par Evgueni Svetlanov et l’orchestre du Théâtre du Bolchoï (Melodiya, 23 mai 1964).

• The Mad Lover, par Théotime Langlois de Swarte au violon et Thomas Dunford au luth. Rien que pour les 3’41 du « Ground from The Mad Lover Suite (Aire V) » de John Eccles (Harmonia mundi, février 2019).

• La Folia, par Jordi Savall (AliaVox, 1998).

• La Turangalîla-Symphonie d’Olivier Messiaen par l’orchestre symphonique de Toronto placé sous la direction de Seiji Ozawa (RCA, 7-9 décembre 1967).

• Le Quatuor à cordes n° 1, « Sonate à Kreutzer », JW VII.8 de Leoš JANÁČEK par le Quatuor Pražák (Praga, 24 et 26 mars 2013)

• La Trilogie cosmique de Guillaume Connesson, par l’orchestre royal national d’Écosse placé sous la direction de Stéphane Denève (Chandos, 2 et 3 juillet 2009).

• Postlude à l’office de complies de Jehan Alain, par sa sœur Marie-Claire à l’orgue (Intrada, 8 juin 2004).

• Le Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, op. 47, par Ginette Neveu, le Philharmonia Orchestra placé sous la direction de Walter Süsskind (21 novembre 1945).

• Les Six sonates pour violon seul, op. 27 d’Eugène Ysaÿe par James Ehnes (Onyx, juin 2020).

• Le Quatuor n° 3, « Mishima » de Philip Glass par le Quatuor Kronos (Nonesuch, août 1993).

Pas d’enregistrements de Bach : les anges m’ont tout pris.

–Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

Auteurs : Fiodor Dostoïevski, Georges Bernanos, Gilles Baudry, Philippe Jaccottet.

Compositeurs : Rachmaninov, Ravel, Pärt.

Interprètes : Le chef russe Evgueni Svetlanov, le chef alsacien Charles Munch, le violoniste canadien James Ehnes.

–La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?

C’était au Festival de Lanaudière (Québec), en juillet 2023. Le jeune chef vénézuélien Rafael Payare dirigeait l’orchestre symphonique de Montréal dans un Till Eulenspiegel (Richard Strauss) d’anthologie.

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

Amen, d’Henryk Górecki.