La sélection musicale d’Aude-Reine, Régis Anouil, vignerons au Domaine de La Bénisson-Dieu.

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Les invités du blog musical: Aude-Reine et Régis Anouil, vignerons dans la Loire.

L’an dernier à Marseille pour la messe célébrée par le pape François au stade Vélodrome, cette année à Notre-Dame de Paris, les vignerons de La Bénissons-Dieu, dans la Loire, fournissent le produit de leur vignoble de 2,6 hectares pour la messe de réouverture de Notre-Dame de Paris et de toutes celles qui seront célébrées durant l’octave.

Régis et Aude-Reine Anouil font partie de ce qu’il convient d’appeler des « néo-vignerons ». Après une première vie en région parisienne, ils se sont installés à l’été 2019 à Ambierle, sur les Monts de la Madeleine, en AOP Côte Roannaise, dans le département. de la Loire. Sur un petit domaine certifié en bio, ils produisent des vins ‘nature’. Leur motto : « Un sol vivant pour des vins qui font en…vie ! » (sur le site du vignoble)

Domaine de La Bénisson-Dieu

370 route des Belins, 42820 Ambierle

https://domaine-labenissondieu.fr/

https://www.instagram.com/domaine_de_la_benisson_dieu/?hl=fr

anouil@domaine-labenissondieu.fr

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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous

avez entendues et appréciées ?

-Régis : Sans l’ombre d’une hésitation, le chant grégorien tel que Les chantres du Thoronet, sous la direction de Damien Poisblaud, le déploie. Découvrir cette musique, c’est entrer dans une expérience musicale (elle résonne comme nulle autre à l’oreille, certes, mais surtout au tréfonds des entrailles) et cosmique (à travers elle, c’est comme si toute la Création redevenait louange et jubilation). L’offertoire Benedixisti, offertoire du troisième dimanche de l’Avent, me touche particulièrement.

-Aude-Reine : J’aime beaucoup les comédies musicales bibliques d’Etienne Tarneaud, comme « Tobie et Sara » ; je me rappelle aussi avoir été très émue en écoutant sœur Maria Keyrouz lors d’une messe dans l’église Saint-Julien-le-pauvre, à Paris.

– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Régis : La matière est vibration ; l’univers bruit de vibrations. Plus près de nous, les oiseaux ne semblent vivre que par leur chant. Tout dans la Création résonne de sons et de notes. Si Dieu est le Créateur, comment ne pourrait-il pas chérir la musique ?

Aude-Reine : Tous les récits sacrés qui parlent du paradis évoquent la musique qui y est jouée. C’est une telle source de joie et de d’exaltation que je n’imagine pas le paradis silencieux !

– Au paradis, quelles musiques y entend-on ?

Régis : Je ne sais pas, mais je pense qu’on n’y entend pas les anges jouer de la trompette. Ici-bas, la trompette des anges est une plante produisant une fort jolie fleur, tombant en clochette, mais dont la sève contient une drogue extrêmement dangereuse : une substance hallucinogène, aussi appelée le « souffle du diable »…

Aude-Reine : De même que nous découvrirons au paradis des couleurs plus belles que celles que nous admirons ici-bas, de même pourrons-nous y goûter des musiques encore plus belles que sur la terre !

– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?

Régis : Oserais-je cette réponse ? : après les vendanges, le raisin est dans la cuve ; rien de perceptible ne se passe durant un jour ou deux, c’est le silence. Puis, le troisième jour, la cuve commence à frémir ; les jours suivants, elle vibre, elle bouillonne, elle chante. La musique est douce, légère mais bien présente. Techniquement, ce sont les levures qui travaillent : desséchante approche technique des choses ! En vérité, c’est le raisin qui meurt à lui-même pour ressusciter en vin. Bienheureuse compréhension christique du métier de vigneron ! Le son d’une cuve en fermentation, c’est la musique de la vie : surabondance de la vie présente et promesse d’une vie demain transfigurée.

Aude-Reine : J’ai une affinité avec les musiques sacrées orientales, qu’elles soient juives ou arabes, leurs sonorités me transportent au ciel ! Et il y a une affinité entre elles et les chants sacrés orthodoxes ou éthiopiens.

-Que chantent les anges musiciens ?

Aude-Reine : Je pense qu’il y a autant de musiques différentes qu’il y a d’anges mais que nous pourrons entendre la pureté de voix angéliques dont certains chœurs d’enfants nous donnent l’avant-goût !

– Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

Régis : Saint Bernard (de Clairvaux) a écrit : « Dans les choses de la foi et pour connaître le vrai ,l’ouïe est supérieure à la vue. » Transportons-nous dans un monastère, à la Pentecôte ; au milieu de la nuit, le veilleur sonne l’Office des mâtines. Les frères arrivent un à un dans l’église obscure où déjà résonne l’appel à la prière, le psaume 94 : « Venez, exultons pour le Seigneur. » Ce serait ce psaume chanté dans la nuit encore noire que je choisirais.

Aude-Reine : Je choisirais l’Ave Maria de Schubert.

– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons

qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île

déserte?

Aude-Reine : la bande-son du film Barry Lindon, les suites de Bach, l’Ave Maria de Schubert, la Misa Criola de Ariel Ramirez, et les chœurs de l’Armée rouge.

En variété, j’emporterais un disque de Michel Sardou, de Jo Dassin, de Julio Iglesias, de Jacques Brel, d’Yves Montand et de Murray Head. Sans oublier le groupe suédois Abba.

-Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

Aude-Reine : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien

Sur des prés d’herbe verte il me fait reposer. »

Alleluia (3 x) » mis en musique par le Chemin neuf

– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent

pour vous ?

Régis : Jean-Sébastien Bach : les six suites pour violoncelle seul. Violoncelliste amateur, mon père les ‘massacrait’ gentiment le soir dans son bureau et, moi, enfant, depuis ma chambre située au-dessus du bureau, je m’endormais bercé par la suite de ces danses. Plus tard, je les ai entendues jouées par Pablo Casals, le son de son souffle étant aussi important que les notes qu’il interprétait. Plus tard encore, par Janos Starker, par Yo-yo Ma, d’autres encore. A chaque fois, la profondeur, l’intensité, l’humanité de la musique rendue par le violoncelle fait vibrer tout mon être !

Aude-Reine : J’ai aussi grandi en écoutant de la musique classique, et notamment Alfred Brendel au piano, interprétant Bach, avec Anne-Sophie Mutter au violon. Cela reste deux de mes interprètes préférés.

– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une

chanson, laquelle était-ce ?

Aude-Reine: Je suis très souvent émue en écoutant une musique. Ces derniers temps, je réécoute souvent des artistes des années 70-80, comme Francoise Hardy, Jacques Brel ou Michel Sardou. « Quand on a que l’amour », de Jacques Brel, cela m’émeut toujours !

-Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

Aude-Reine : Un chant d’amour : le Cantique des cantiques (interprété par Glorious.

Régis : Dieu est le tout-autre, il est au-delà de nos repères. Peut-être est-il une pièce de shamisen, cet instrument japonais à trois cordes dont les sonorités racontent, à nos oreilles occidentales, des choses venues d’ailleurs.

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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