Grégory TURPIN, chanteur, co-dirigeant de Première Partie, co-organisateur du Jesus Festival à Paray-le-Monial
Du 8 au 10 juillet, le sanctuaire de Paray-le-Monial accueille le Jesus Festival où la louange sera centrale. Un pari pour concrétiser un renouveau de la musique chrétienne populaire. Le chanteur Grégory Turpin en dessine les enjeux.
NDLR. (Le festival a accueilli d’après les organisateurs plus de 4 000 participants. Un succès pour cette première édition.)
Le site : https://jesusfestival.fr/
–Vous co-organisez au titre de votre maison d’édition Première Partie Music (avec le directeur de la communication de la communauté de l’Emmanuel et les responsables du portail web protestant évangélique Top Chrétien) à Paray-le-Monial un premier « Jesus Festival ». Quelle est votre ambition pour ces trois jours, du 8 au 10 juillet?
Grégory Turpin : je parlerai volontiers d’une initiative entre amis et promoteurs de la musique chrétienne. Nous en rêvions. Il a fallu s’accrocher pour réussir finalement à monter ce premier festival après deux reports. Du fait des difficultés sanitaires liées à la pandémie de Covid. Nous avons donc l’ambition de proposer une édition annuelle de ce festival et de concrétiser un style nouveau pour ce type de rassemblement. Avec le souci de manifester l’unité des confessions chrétiennes autour de la musique.
–Plus précisément ?
– Nous nous sommes plus ou moins inspirés du succès du plus grand festival de musique chrétienne le « Big Church Day Out » qui rassemble plus de 30 000 personnes dans le Sussex. Nous démarrons plus modestement à notre échelle en comptabilisant plus de 3 000 participants et vingt groupes sur scènes pour cette première. A Paray cet été l’ambiance sera familiale (manèges, food trucks, buvette) dans un cadre approprié. Nous espérons pour la suite investir aussi d’autres lieux. Les artistes n’hésiteront pas à venir chanter en toute simplicité au coin du feu après leurs concerts. Le Jesus festival compte quatre scènes et affiche un budget de 280.000 euros. Je voudrais également que le Jesus Festival s’inscrive dans le prolongement du festival (pionnier en la matière) de Pâques à Chartres qui de 2003 à 2010 avait permis notamment de faire émerger toute une nouvelle génération d’artistes. Aujourd’hui il importe, par exemple, de s’inscrire dans le registre des musiques urbaines (rap, hip hop, Rn’b) si familières pour les jeunes. Deux groupes se produiront à Paray.
–Le renouveau de la musique chrétienne semble aujourd’hui venir des artistes liés aux Eglises Évangéliques.
-Ils ont toujours été présents. Pour ma part les musiciens professionnels qui m’accompagnent depuis des années sont des Chrétiens Evangéliques. On peut regretter que le monde Catholique est plus ou moins délaissé depuis quelques années la musique chrétienne au sens large, hormis dans le domaine de la liturgie et de la louange. Il est temps de se demander quel sera l’avenir de la musique chrétienne en France et de lui en donner les moyens. Tant au niveau du modèle économique que de la création. Il serait dommageable que la seule création en ce domaine vienne des pays anglophones, notamment de l’Amérique du Nord. Je compte prendre une initiative dans ce sens avec mon prochain album début 2023. Le festival est aussi un appel aux jeunes pour qu’il s’engagent en faveur de la musique. Et qu’ils puissent en vivre !
– La louange bien représentée dans le cadre du festival ne peut résumer toute la musique chrétienne ?
-Nous en sommes conscients. Pour les Évangéliques c’est une forme de prière naturelle. Dans le monde catholique la louange a été trop souvent perçue comme un moyen d’animation au service d’un public très jeune. Alors qu’il s’agit de s’adresser à un large public. La louange peut être ce sas ouvert à destination de celles et ceux qui sont en recherche spirituellement. Vous avez noté que des artistes disons profanes (Hugues Auffray, Laurent Voulzy, Natasha St-Pier et bientôt d’autres) proposent aujourd’hui des tournées dans les cathédrales. Je salue leurs initiatives. Cela doit nous encourager nous-mêmes à ne pas baisser les bras.
Recueilli par Robert MIGLIORINI
Le site : https://jesusfestival.fr/
Une trentaine d’artistes à Paray dont Natasha St-Pier, Hillsong LondoN et un after avec Samuel Olivier (ce vendredi) ; Glorious, Matt Maher, le collectif Cieux Ouverts (samedi) ; Matt Marvane, Dan Luiten et Sébastien Corn (dimanche)
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Au Jesus Festival, « louer est la meilleure façon de prier »
Du vendredi 8 au dimanche 10 juillet, de jeunes festivaliers se sont emparés d’une prairie de Paray-le-Monial, en Saône-et-Loire. Au programme : concerts et temps de prière, pour les plus de 3 000 chrétiens réunis autour de petits et grands noms de la louange catholique et évangélique.
Lecture en 3 min.
Lina, catholique de Lyon, est venue au Jesus Festival avec son amie Stacy, protestante. Deux confessions chrétiennes différentes, mais un même tee-shirt floqué « Love Like Jesus » et une envie de participer à l’« unité des chrétiens », lors de la première édition du festival de louange et de musique chrétienne Jesus Festival, organisé du vendredi 8 au dimanche 10 juillet à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire).
« C’est un festival entre chrétiens qui se rencontrent par et pour Jésus », précise Louis-Étienne de Labarthe, un des fondateurs du festival et le directeur de la communication de la communauté de l’Emmanuel, qui a fait du sanctuaire de Paray son fief. Organisé avec ses « amis » de la plateforme évangélique Top Chrétien, le festival, financé par l’Emmanuel, a souhaité « rassembler le plus possible ». Il affiche un ratio équilibré, entre « 58 % de catholiques et 42 % d’évangéliques » parmi les 3 700 visiteurs. Pour ce faire, l’organisation a misé sur la réunion des grands noms de la louange chrétienne, tels que le groupe londonien de la méga-église pentecôtiste Hillsong ou Glorious, tête d’affiche du festival.
Unis par la programmation du festival
Victoire, 9 ans, est « surtout venue » pour voir le groupe de pop louange de Lyon. « Je les adore », glisse-t-elle en compagnie de ses parents. C’est aussi en cherchant un concert de Glorious que ceux d’Augustin et Malo, 17 et 14 ans, ont découvert le festival. « Louer est la meilleure façon de prier, explique un des deux adolescents, assis dans l’herbe devant l’espace prière. « Nous nous sentons plus proches du Seigneur dans la joie. » Samedi après-midi, le groupe a rempli le chapiteau principal du site, avec leur recette à succès, entre louange festive, témoignages de foi et temps de prière.
Une recette aussi adoptée par les évangéliques du Collectif cieux ouverts, qui fait salle comble en dernière partie de soirée samedi, avec ses chants d’adoration. La foule est conquise dès les premières notes de leur tube Abba Père. « Ton cœur est grand ouvert et je viens plonger dans tes bras », reprend le public, les bras tendus vers le ciel.
« Ouvrir l’Église au monde »
À la fin de la performance, l’animateur du festival enjoint au public de « répandre la Bonne Nouvelle ». Grâce à ses allures classiques de festival de musique, avec pétanque et food trucks, ses organisateurs souhaitent aussi « inviter des gens qui ne sont pas habitués à rentrer dans nos églises », souligne Louis-Étienne de Labarthe.
Pour Emmanuel, coordinateur de la pastorale des jeunes de Caen, il ne s’agit pas tant « de ramener les gens à l’église que d’ouvrir l’Église au monde ». Rap, R’n’B, électro… tous les moyens sont bons pour développer des « portes d’entrée » vers l’Évangile. « Plus le message est moderne, mieux il passe », admet Gilbert, venu de Dijon pour Glorious et surpris par les performances des rappeurs chrétiens Gab et Tendry, qui se sont produits sous le chapiteau de la petite « scène prairie » du festival.
Évangéliser au travers de la musique
Nuwave, un « DJ chrétien », s’inscrit lui aussi dans cette volonté de moderniser la musique religieuse à des fins missionnaires. Ancien artiste reconnu, celui qui se considère comme « un avant-gardiste » affirme « avoir reçu un appel » pour « évangéliser au travers de (sa) musique ». Ses sonorités électroniques entremêlées de témoignages de foi ou de paroles d’Évangile font danser les plus jeunes festivaliers dans la poussière de la buvette. « Il y a un vrai créneau à prendre », lance Paul, séminariste du diocèse de Bayeux et Lisieux, conquis par l’artiste de 25 ans.
Un créneau à prendre et à occuper dans la durée, ce que comptent bien faire les organisateurs du Jesus Festival : ils ont d’ores et déjà prévu une 2e édition, du 7 au 9 juillet 2023.
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« Monter quelque chose de grand chez nous aussi »
Armand, membre du groupe de pop louange Hopen
« Il y avait un créneau à prendre pour monter quelque chose de grand chez nous aussi, il était temps de se réunir autour d’un festival chrétien », constate Armand, membre d’Hopen, groupe de pop louange qui s’est produit samedi après-midi sur la scène du Jesus Festival. Des initiatives existent déjà, telles qu’« Amen toi » en Normandie ou « Mad in France » dans la Drôme. Mais elles restent limitées, alors que ce type d’événement est ancré depuis des décennies dans la tradition chrétienne anglo-saxonne. Depuis 2009, le « Big Church Day Out » rassemble chaque année des dizaines de milliers de fidèles évangéliques en Angleterre pour annoncer l’Évangile et louer Dieu. « Un modèle » dont voulaient s’inspirer les organisateurs du Jesus Festival.
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