Lina, catholique de Lyon, est venue au Jesus Festival avec son amie Stacy, protestante. Deux confessions chrétiennes différentes, mais un même tee-shirt floqué « Love Like Jesus » et une envie de participer à l’« unité des chrétiens », lors de la première édition du festival de louange et de musique chrétienne Jesus Festival, organisé du vendredi 8 au dimanche 10 juillet à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire).

« C’est un festival entre chrétiens qui se rencontrent par et pour Jésus », précise Louis-Étienne de Labarthe, un des fondateurs du festival et le directeur de la communication de la communauté de l’Emmanuel, qui a fait du sanctuaire de Paray son fief. Organisé avec ses « amis » de la plateforme évangélique Top Chrétien, le festival, financé par l’Emmanuel, a souhaité « rassembler le plus possible ». Il affiche un ratio équilibré, entre « 58 % de catholiques et 42 % d’évangéliques » parmi les 3 700 visiteurs. Pour ce faire, l’organisation a misé sur la réunion des grands noms de la louange chrétienne, tels que le groupe londonien de la méga-église pentecôtiste Hillsong ou Glorious, tête d’affiche du festival.

Unis par la programmation du festival

Victoire, 9 ans, est « surtout venue » pour voir le groupe de pop louange de Lyon. « Je les adore », glisse-t-elle en compagnie de ses parents. C’est aussi en cherchant un concert de Glorious que ceux d’Augustin et Malo, 17 et 14 ans, ont découvert le festival. « Louer est la meilleure façon de prier, explique un des deux adolescents, assis dans l’herbe devant l’espace prière. « Nous nous sentons plus proches du Seigneur dans la joie. » Samedi après-midi, le groupe a rempli le chapiteau principal du site, avec leur recette à succès, entre louange festive, témoignages de foi et temps de prière.

Une recette aussi adoptée par les évangéliques du Collectif cieux ouverts, qui fait salle comble en dernière partie de soirée samedi, avec ses chants d’adoration. La foule est conquise dès les premières notes de leur tube Abba Père. « Ton cœur est grand ouvert et je viens plonger dans tes bras », reprend le public, les bras tendus vers le ciel.

« Ouvrir l’Église au monde »

À la fin de la performance, l’animateur du festival enjoint au public de « répandre la Bonne Nouvelle ». Grâce à ses allures classiques de festival de musique, avec pétanque et food trucks, ses organisateurs souhaitent aussi « inviter des gens qui ne sont pas habitués à rentrer dans nos églises », souligne Louis-Étienne de Labarthe.

Pour Emmanuel, coordinateur de la pastorale des jeunes de Caen, il ne s’agit pas tant « de ramener les gens à l’église que d’ouvrir l’Église au monde ». Rap, R’n’B, électro… tous les moyens sont bons pour développer des « portes d’entrée » vers l’Évangile. « Plus le message est moderne, mieux il passe », admet Gilbert, venu de Dijon pour Glorious et surpris par les performances des rappeurs chrétiens Gab et Tendry, qui se sont produits sous le chapiteau de la petite « scène prairie » du festival.

Évangéliser au travers de la musique

Nuwave, un « DJ chrétien », s’inscrit lui aussi dans cette volonté de moderniser la musique religieuse à des fins missionnaires. Ancien artiste reconnu, celui qui se considère comme « un avant-gardiste » affirme « avoir reçu un appel » pour « évangéliser au travers de (sa) musique ». Ses sonorités électroniques entremêlées de témoignages de foi ou de paroles d’Évangile font danser les plus jeunes festivaliers dans la poussière de la buvette. « Il y a un vrai créneau à prendre », lance Paul, séminariste du diocèse de Bayeux et Lisieux, conquis par l’artiste de 25 ans.

Un créneau à prendre et à occuper dans la durée, ce que comptent bien faire les organisateurs du Jesus Festival : ils ont d’ores et déjà prévu une 2e édition, du 7 au 9 juillet 2023.

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« Monter quelque chose de grand chez nous aussi »

Armand, membre du groupe de pop louange Hopen

« Il y avait un créneau à prendre pour monter quelque chose de grand chez nous aussi, il était temps de se réunir autour d’un festival chrétien », constate Armand, membre d’Hopen, groupe de pop louange qui s’est produit samedi après-midi sur la scène du Jesus Festival. Des initiatives existent déjà, telles qu’« Amen toi » en Normandie ou « Mad in France » dans la Drôme. Mais elles restent limitées, alors que ce type d’événement est ancré depuis des décennies dans la tradition chrétienne anglo-saxonne. Depuis 2009, le « Big Church Day Out » rassemble chaque année des dizaines de milliers de fidèles évangéliques en Angleterre pour annoncer l’Évangile et louer Dieu. « Un modèle » dont voulaient s’inspirer les organisateurs du Jesus Festival.