L’invité du blog: Éric Julien.
Un nouveau défi pour Éric Julien, chanteur, compositeur, interprète: offrir une chanson inspirée par mois sur sa chaîne Youtube. « Comme une bouteille à la mer pour nourrir notre Espérance par les temps qui courent » confie l’artiste qui a mené jusqu’en fin 2017 une autre activité dans les aumôneries de prisons. Aujourd’hui, il a fondé une association DStress Coaching qui anime des parcours de coaching et de communication non-violente en détention. Une vingtaine de coachs interviennent dans une dizaine de lieux. C’est à partir de cet engagement qu’Éric Julien s’inspire pour ces nouvelles chansons. Une chanson par mois,enregistrée avec quelques proches, certaines à partir des psaumes, d’autres autour d’hymnes de la liturgie des heures, revisités par l’artiste. Enregistrement et partition à disposition sur sa chaîne Youtube. A partager largement, spécialement vers ceux qui traversent des moments difficiles.
Le site: dstress-coaching.fr
« Je ne manque de rien » : vous y croyez, vous ? Il y a des parts de moi qui ont toujours faim. Faim de reconnaissance, faim d’être accepté, faim de ce truc ou d’un nouveau machin, faim de tout et de rien… Pourtant, j’aime ce psaume 22 écrit il y au moins 22 siècles : son auteur – ou ses multiples auteurs – connaissaient le manque comme moi. Mais ils voulaient donner aussi la parole à cette part centrale de nous-mêmes qui sait qu’elle peut s’appuyer sans réserve sur l’épaule d’un Berger solide, celui qui me donne la vie à chaque seconde. Lui seul peut m’apporter un soutien suffisamment solide face aux ravins dangereux de ma vie. Lui seul saura combler ma faim d’être aimé.
[SPREAD] : le nom d’un élan musical pour tenir bon dans les moments difficiles. Dans un studio d’enregistrement, le spread indique la capacité d’un lieu à permettre la diffusion d’un son. Dans une petite pièce, le son est étouffé, dans une cathédrale, il résonne longtemps. Comme l’élan de la vie en nous.
Pour que cette chanson (et les suivantes) ait un spread maximum, merci de vous abonner et de soutenir la diffusion de ce lien !
Si vous souhaitez télécharger la partition, recopiez ce lien dans votre navigateur : www.vivrelapaixduchrist.fr/wp-content/files/Je_ne_manque_de_rien_-_Ps_22_vf.pdf
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–Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
– Éric Julien: j’ai beaucoup de mal à répondre à cela car j’ai le travers de guetter un sens spirituel à tout ce qui entre dans mes oreilles. Et je vois que c’est assez rare de que je ne trouve rien du tout ! Il y a cependant des musiques où cette énergie spirituelle est évidente : l’Ave verum de Mozart, beaucoup de chorals de Bach, particulièrement Ich ruf zu dir (BWV 639) qui est connu à l’orgue mais dont Alfred Brendel a fait une adaptation émouvante pour piano. En musiques de variétés, Toulouse, de Claude Nougaro, par exemple, ne parle pas de Dieu mais de la beauté d’une ville et de l’amour d’un homme pour la vie qu’il y a trouvé. Pour moi cela parle aussi du lien à Dieu qui se nourrit de nos émotions, de la beauté, de nos liens.
Dans la musique pop je vois que je suis très sensible aux orchestrations et aux textes du groupe ColdPlay qui doivent beaucoup à la personnalité forte de Chris Martin. C’est un homme spirituel et cela s’entend dans ses réalisations à la fois extraordinairement aériennes et dynamiques. Les paroles n’ont pas forcément à être explicites : si vous écoutez I leave again de Petit Biscuit, vous entendez une chanson d’amour. Mais de la même façon que le Cantique des cantiques ne nomme jamais Dieu, j’aime écouter beaucoup de chansons d’amour telle que celle-là comme si c’était une prière. Le Christ est en tout, comme disait saint Paul.
–Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Si Dieu est le Dieu de la vie, le Dieu de ce qui bouge, respire et vibre, il est, de fait, le Dieu en qui s’originent toutes les musiques. La musique c’est l’expression sonore de la puissance de la vie et de toutes les émotions qui y sont liées.
Je ne me pose donc pas la question de savoir s’il l’aime, à mes yeux le contraire est impossible. Mais en écoutant une musique j’essaie de percevoir quelle empreinte il y a déposé au vu… ou à l’insu de son compositeur.
– Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Je m’amuse souvent à imaginer que le Royaume de Dieu est aussi un formidable et ininterrompu concert géant où des milliards d’êtres vivants chanteront leur joie et leur admiration pour Celui qui les a sauvés de la mort. Dans ce festival ad vitam æternam, je rêverai de pouvoir chanter avec Michel Berger, avec Claude Nougaro et Nilda Fernandez, entre autres, qui, à mon avis, sont déjà sur scène.
–Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
Je passe beaucoup de temps à chercher et à travailler à la fois les sons et les harmonies. L’agencement sonore des fréquences, c’est quelque chose de magique et, en même temps, d’assez mathématique, ce que Bach – le 5° évangéliste ! – avait complètement intégré. Parfois j’entends des agencements si beaux qu’ils sont en eux-mêmes une prière qui s’élève, un merci au Dieu de la vie. Il m’arrive aussi de trouver cela dans certaines comédies musicales, des Bandes Originales (B.O) de films. Dans ces agencements magiques, souvent lyriques, j’observe que le silence (entre les notes) joue un rôle discret mais décisif. La musique est comme la domestication du silence… ou son apprentissage.
–Que chantent les anges musiciens ?
Ils font des chœurs magnifiques et inoubliables dans le super concert permanent des cieux.
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
J’ai écrit une musique sur le cantique de Zacharie (à venir sur YouTube) et j’aime me la chanter le soir. J’aimerai écrire sur le Magnificat mais c’est un texte très difficile à mettre en musique si on souhaite le respecter. Par contre je commence à être content d’une version pop du Gloria que je suis en train de finir. Je m’inspire de textes bibliques ou, parfois, d’hymnes de la Liturgie des heures, car, pour moi, là est la source. Il y a là un trésor que j’aimerai contribuer à faire mémoriser comme les paroles de la B.O de nos vies. Jésus et ses disciples connaissaient les psaumes par cœur et c’était pour eux une prière naturelle qui structurait leur existence quotidienne dans un lien permanent à l’invisible. La musique, qui traîne toujours un peu en bruit de fond de nos cerveaux, peut nous aider à ne pas perdre le fil divin, mêmes plongés dans l’hiver d’une épidémie déprimante.
– Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
I’m Yours de The script. Ca m’évoque quelque chose comme le psaume 50. Et juste avant le Passage, si j’ai encore l’énergie, j’aimerai chanter A sky full of stars, de ColdPlay : « Parce que tu es un ciel, parce que tu es un ciel plein d’étoiles, Je vais te donner mon cœur, Parce que tu illumines le chemin, Je veux mourir dans tes bras. »
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
Dans le désordre :
– Hymn for the week-end, ColdPlay (ah, quel texte !)
– le 23° concerto pour piano de Mozart
– Shallow, Lady Gaga & Bradley Cooper (BO de A star is born)
– Casse-noisette, Tchaïkovski
– A million dream, BO de The greatest showman
– I need a friend, ColdPlay
– Summer Day, Tom Odell
– Le requiem, de Fauré
– Les marquises, Jacques Brel
– Song for her, Manu Katche
Mais la play-list bouge toujours un peu avec le temps !
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
« Vive Dieu » de Gaëtan de Courrèges et Jean Debruynne, issu du livre Folk-psaumes. Toute une époque ! L’album, enregistré en public à la chapelle saint Bernard, était puissant. Il fait partie de ceux qui m’ont donné envie d’écrire et de chanter à mon tour. Quand il y a un chœur, une foule qui chante, cela m’emballe aussitôt. La musique pour moi, c’est un acte choral.
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
En France, Michel Berger pour les mélodies. Johnny pour la voix ! Nougaro aussi. Ainsi que Julien Clerc pour la sensibilité de L’horizon chimérique, par exemple. La voix et les textes de Calogero me touchent aussi beaucoup. En classique : Bach, Mozart, Chopin, et Tchaïkovski pour la joie dansante. Entre classique et pop, j’aime beaucoup l’écriture harmonique si riche de John Featherstone. Son Te Deum notamment, et une chanson particulièrement : Viens nous parler, que je chante souvent dans ma paroisse.
A l’étranger, Sting pour la recherche harmonique, les Beattles pour les mélodies inoubliables, Queen pour la folie opératique. ColdPlay pour le lyrisme spirituel, U2 pour leur album All that you can’t leave behind. Il y en a tant d’autres…
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
When I need a friend de ColdPlay. Je ne m’attendais pas à ce choral classique en plein milieu de leur dernier album. La conjugaison de cette douce mélodie et de la force des paroles me donne des frissons. A chaque fois, je pense à la phrase de Jésus : « Je nous vous appelle plus mes serviteurs, je vous appelle mes amis. »
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Oups ! Jocker. Mais ce serait Lui, c’est à dire, joyeux, harmonieux, choral, enthousiasmant, et plein d’humour !
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