Pierre AVIAT (AVIA). Musique originale du film « Lourdes. » Une chanson, une voix habitée, ma play-list. »

Publié le

Pierre AVIAT (Avia). Compositeur de la bande originale du film « Lourdes » de Thierry Demaizière et Alban Teurlai, sorti en salles le 8 mai 2019. Bande originalesur le  label JADE/Universal.

Le documentaire poursuit une belle carrière depuis sa sortie. Un film dont La Croix a pu dire:  » Durant dix mois, Thierry Demaizière et Alban Teurlai sont allés à la rencontre des malades et des bénévoles qui viennent en pèlerinage à Lourdes.Extrêmement touchant et respectueux de la foi et des diverses manières de l’exprimer, leur documentaire illustre combien la cité mariale demeure un lieu unique, où chacun s’entraide et peut se montrer tel qu’il est. ». (Bruno Bouvet).

Dans la présentation du CD le compositeur précise son parcours musical: « Je ne suis pas un élève de conservatoire, ni très bon instrumentiste, mais j’ai baigné dans un milieu musical et mélomane depuis tout petit. Après des études scientifiques, j’ai suivi une formation d’ingénieur du son à l’école Louis Lumière. Sans avoir exactement poursuivi dans cette voie, les connaissances que j’y ai acquises me sont utiles quotidiennement. À ce moment la musique était plutôt un loisir mais après avoir envoyé quelques démos, le label parisien Catalogue m’a proposé un contrat d’enregistrement. Mon album « I see that now » est sorti en 2002, et tout portait à croire que j’allais entamer une carrière d’artiste solo. Mais plus que dans le grand public c’est dans le milieu du cinéma que ma musique a commencé à circuler. C’est ainsi qu’en 2003 Denys Arcand m’a contacté pour quelques séquences musicales électro dans « Les Invasions Barbares ». La porte venait de s’ouvrir, je suis rentré. »…Il poursuit avec sa feuille de route sur le film Lourdes: « Le défi était de trouver le ton juste pour ne pas sombrer dans le pathos, beaucoup de séquences étant déjà très émotionnellement chargées. Par exemple beaucoup de parties de piano ont été épurées au fur et à mesure du montage, pour ne pas sur-dramatiser le propos. Au final il restera souvent quelques notes de piano dans une large réverbération, rappelant sans doute celle des édifices religieux, accompagnées comme j’aime le faire par des nappes de sons souvent proches du « sound design », qui amènent des aspérités et viennent faire vaciller la pureté du piano. Comme une façon d’illustrer la fragilité de la vie.  C’est l’équilibre que j’ai cherché à atteindre. Certains morceaux sont encore plus dépouillés et contiennent une unique matière sonore, souvent plus évocatrice qu’une orchestration fournie, pour traduire les souffrances intimes et les espoirs de chacun. Et puis on ne contrôle pas tout, j’ai dû aussi être happé par la dimension mystique du film dans lequel on est au cœur de problématiques fondamentales : la vie, la mort, la maladie, la foi. Et comme souvent quand on travaille sur un film on finit par s’attacher aux personnages. Tout cela finit par guider l’esthétique des morceaux. »…enfin, il donne son sentiment sur sa découverte des sanctuaires:  » Certaines séquences du film sont assez dures. On y voit des gens de tous âges en grande souffrance, quand ils ne sont pas tout simplement condamnés, et ils nourrissent un espoir énorme de guérison à Lourdes. Il y a aussi pendant quelques jours le bonheur d’être entourés, et de retrouver de la légèreté et de la joie de vivre. Et de l’autre côté, des gens qui viennent en aide bénévolement. Dans notre société hyper individualiste et plus que jamais fragmentée, c’est un monde qu’on ne montre pas. Lourdes le fait avec beaucoup d’humilité. Et en fin de compte ce qui m’a le plus marqué dans le film, après l’immédiate émotion liée à la détresse et aux témoignages des malades, c’est sûrement l’engagement des jeunes bénévoles. « 

Extrait du dossier de presse.

 

********

– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
AVIA: Dieu est omniprésent dans la musique pop anglo-saxonne et particulièrement américaine, et j’en écoute depuis toujours. De Madonna à Prince dans ma jeunesse, en passant par Kanye West ou Katy Perry on ne compte plus les références à Dieu.
Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Oui, toutes les musiques, sauf Radiohead.
Au paradis quelles musiques y entend-on?
Dans le cloud ? Sûrement la playlist “Heaven“ de Spotify
Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
Une chanson, une voix habitée qui ramène à la solitude puis au besoin d’y parer. Typiquement le « Alleluia » par Jeff Buckley, ou « Strange fruit » de Billlie Holiday, « Lilac wine » de Nina simone…
Que chantent les anges  musiciens ?
Des vocalises.
Qu’aimeriez- vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
« You know I’m no good » de Amy Winehouse.
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?
Le temps risque d’être long… Pour varier les plaisirs :
Aguas de Março, Tom Jobim & Elis Regina
Everybody’s talking, Harry Nilsson
The Wilhelm Scream, James Blake
Qamba de uma nota so, Tom Jobim
Rock your body, justin Timberlake
Take five, Dave Brubeck
New york New york, Frank Sinatra
The unanswered question, Charles Ives
« Alone Again » (‘naturally’), Gilbert O’ Sullivan
Chanson de Delphine à l’ancien (Les Demoiselles de Rochefort), Michel Legrand.
Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Peut-être Aguas de Março de Tom Jobim avec Elis Regina.
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
C’est très large, de Bach à Cliff Martinez, de Gabriel  Fauré à James Blake, de Purcell à Philip Glass, de John Barry à Tom Jobim, de Chopin à Gainsbourg, de Daft Punk à Johann Johannsson…
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Mon fils de 14 ans m’a demandé récemment si je connaissais Liberian Girl de Michael Jackson…! On l’a écouté tous les 2 à volume élevé, c’était un moment fort.
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
4’33 » de John Cage.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

    Lire la suite

À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

Les derniers commentaires

Articles des plus populaires