Noëlle Faubry, sculpteur.
Jeune fille de Panama/
Noëlle Faubry vient de présenter à Notre -Dame de Pentecôte (La Défense), encore visible ce lundi 15 octobre, une exposition autour du thème « Exils, maux de terre, mots d’amour ». Elle explique sa démarche: « Mon travail est figuratif, il consiste à essayer de capturer et raconter des instants de vie : saisir l’instant, la vie, dans ses dimensions les plus dures comme les plus joyeuses, mais toujours en essayant d’en traduire ce qu’elles contiennent de douceur, de générosité, ou d’espoir. Et, par-dessus tout, exprimer la relation.
Je travaille l’argile, et l’associe souvent au bois. Bois flotté, bois issu de vieux mobilier, bois trouvé dans la nature ou les rebuts. L’histoire portée par ces souches, branches ou morceaux de planches fait écho à la situation racontée par l’argile. La plasticité de la terre permet de saisir la crispation d’un geste, l’amertume d’un pli d’expression, la raideur du corps révolté autant que l’ « effritement » de soi-même dans la détresse. De la même manière, elle permet de révéler l’ombre d’un sourire naissant, la douceur d’un geste de tendresse.
Cherchant à traduire la relation, je ne m’éloigne jamais beaucoup de sujets liés à la vie familiale. Couple, paternité, maternité, liens au sein de la fratrie ou avec les grands-parents. Ces pièces expriment souvent de la tendresse, des moments de complicité.
Dans le but de créer un espace dynamique et expressif, j’insiste sur le croisement des regards ou le langage des gestes. J’explore aussi les limites de la capacité de l‘argile à supporter les porte-à-faux (jeune femme portant son enfant à bout de bras au-dessus de sa tête, ou bien en dévers sur une épaule, geste d’élan retenu, ou pas suspendu dans le vide).
Peu à peu s’est élargi le champ des émotions exprimées par ces statues. Alors que mon travail exprime généralement beaucoup de sérénité, j’ai travaillé durant une année (2007) pour un service hospitalier, à une série sur le thème de l’angoisse. Là encore, la plasticité de la terre permet de saisir la crispation d’un geste, l’amertume d’un pli d’expression, la raideur du corps révolté autant que l’ « effritement » de soi-même qui suit la panique…
Il m’est arrivé de passer du temps sur d’autres thèmes, celui de la forêt avec la sculpture animalière, ou celui de la lecture, par exemple, captant toutes sortes de lecteurs dans des circonstances variées
Mais depuis 2014 je me suis surtout concentrée sur la souffrance des personnes arrachées à leur vie par la pauvreté, les aléas climatiques ou la guerre, essayant de dire quelque chose de leur vie : migrants, réfugiés, gens de la rue, ou dans des camps, enfants soldats … en montrant leur beauté et combien nous partageons les mêmes rêves.
Je suis venue tard à la pratique artistique, grâce au soutien de sculpteurs reconnus : en 1998 auprès de Josy Hamel au Havre, puis de Fanny Gaignard à Saint-Malo, et Debesh Goswani à Rennes. Durant une douzaine d’années, j’ai aussi travaillé d’après modèles vivants avec un groupe d’amis artistes de Saint- Malo.
Dans le même temps je passais une Licence d’Art plastiques, ce qui m’a permis d’intervenir ponctuellement avec grand plaisir dans des classes de primaire. Aujourd’hui, je travaille seule dans un atelier au milieu de la nature près de Saint-Malo. »
« Tâcher de comprendre un peu mieux ce que je vois, pour tâcher de comprendre un peu mieux ce qui m’attire et m’émerveille »
Alberto Giaccometti
« L’art affirme ce que l’homme a de meilleur : l’Espérance, la Foi, l’Amour, la Beauté, la Prière… Ce dont il rêve, ce en quoi il espère… (…) L’artiste exprime l’instinct spirituel de l’humanité. Son œuvre traduit la tension de l’homme vers l’éternel, le sublime, le tout-puissant (…) Mais qu’est-ce au juste que l’art ? (…) Une déclaration d’amour. La conscience de sa propre dépendance à l’égard des autres. Un aveu. »
Andreï Tarkovski
« Ouverture attentive et émerveillée à l’autre »
Gérard Garouste
Voir le site de l’artiste: http://www.noelle-faubry.com/
Prochaine exposition: du 23 novembre au 3 décembre à Palaiseau (91) dans la galerie Ephémère (133, rue de Paris)
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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
–Noëlle FAUBRY: Louis and the good book (Amstrong), The Golden Gate quartet, Que ma joie demeure (Bach), ce qui correspond à des souvenirs d’enfance. Plus récemment, citons le chant des soeurs de Beaufort (Monastère des Dominicaines
Notre-Dame de Beaufort, 35540 PLERGUER).
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
C’est drôle de penser à Dieu comme ça. Mais oui, puisqu’il aime passionnément les hommes, il aime leur musique.
–Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Vraiment je n’arrive pas à me poser cette question…
– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
De préférence les sons graves et les mélodies profondes. Pas forcément lentes : cela dépend si l’on veut célébrer et louer ou bien entrer dans l’intériorité du dialogue. Alors la lenteur et la répétition deviennent intéressantes (refrains de Taizé par exemple)
– Que chantent les anges musiciens ?
Alors là ???
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
La sarabande de Haendel.
– Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
La prière d’Ignace de Loyola : « Prends Seigneur et reçois » et Le Notre Père de Rimsky Korsakov.
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
– Hurricane Bob Dylan
– Les chants Yiddish et la musique Klezmer, particulièrement le disque interprété par Ami Flammer, Moshe Leiser,et Gérard Garreau
– Myriam Makeba, son premier disque avec « Pata Pata » (qui date des années 60), maintenant introuvable (au plus près de sa voix, orchestration très naturelle et discrète, folk)
– Un disque d’Anne Sylvestre des années 70
– et ceux de Leonard Cohen des mêmes années (ou steer your way)
– N’importe quel album de Bruce Springsteen : tous, si la valise est assez grande !)
– Bach in Lambarene
– Ferrat chante Aragon
– Cat Stevens, beaucoup, mais surtout « look at me, I’m old but I’m happy »
– Sibelius, par exemple Finlandia
– Des ballades écossaises
– Et tant encore…
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Le canon de Pachelbel qui était notre « tube » familial lorsque nous étions enfants et adolescents. Nous le chantions à plusieurs voix et il a marqué tous les grands moments de notre vie. Parmi les musiques plus populaires il y en a tant ! Disons aujourd’hui « Sacco et Vanzetti, Here’s to you » de Joan Baez
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Ma maigre culture musicale est très éclectique, mes goûts vont de Mozart ou Bach ou Grieg, à Métallica, en passant par Brel ou Anne Sylvestre, Bruce Springsteen, la musique africaine… : tous comptent pour moi !
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Show must go on (The queens) et The sound of silence (Simon and Garfunkel) : ces musique me parlent de mon fils de 22 ans tué dans un accident.
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Les dernières paroles du chant de Moustaki : « Et nous ferons de chaque jour toute une éternité d’amour que nous vivrons à en mourir »
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