Ignatus (Jérôme Rousseaux). Dans la barbe de Dieu, au coeur de l’E.Pok.

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Ignatus (Jérôme Rousseaux). Auteur, compositeur et interprète.
En concert ce mardi 6 février à Paris, au Café de la Gare en quatuor autour de la performance concert e.pok.
Jérôme Rousseaux a créé le personnage d’Ignatus (1) après une première expérience musicale, à l’aube des années 90, comme chanteur-auteur du groupe « Les objets, » avec son complice Olivier Libaux. Ignatus qui serait placé sous le signe d’un nouveau professeur Tournesol, décalé et inventif. En version rock. Quatre albums marquent cette étape, sous le label indépendant Atmosphériques. Chansons et musiques électroniques sont au programme. En 2012, avec les frères Makouaya, Jérôme Rousseaux ouvre de nouveaux horizons où se rencontrent chanson française et musique traditionnelle du Congo. Cette association se traduira par plus de cent concerts.
Nouvelle étape pour notre professeurs inventeur, courant 2015, avec un spectacle aux multiples facettes, sous le nom de e.pok. Ignatus donne alors un concert dans l’Abbaye de Noirlac, près de Bourges. Dans ce cadre séculaire et singulier se mêlent sensations sonores et audaces visuelles. Une équipe se constitue composée de Nicolas Losson, électoacousticien, Hervé Le Dorlot, guitariste, Jérôme Clermont aux images et Ignatus. « Nous avons mis deux ans et une quinzaine de concerts avant de trouver notre équilibre. L’image nous a aidés à trouver le son. Quant à la musique électronique, elle a cette faculté d’évocation avec ces sons qui nous traversent…Quand le public a commencé à nous dire « Pendant une heure on est ailleurs », on a compris qu’on allait dans la bonne direction ».  constate aujourd’hui Jérôme-Ignatus.
Un album marque une autre étape de cette performance contenue en neuf compositions. Parmi celles-ci « A la barbe de Dieu » dont Ignatus nous livre pour le blog de LA CROIX quelques clés: » Notre monde est de plus en plus consumériste, matérialiste et individualiste.  Je ne suis pas croyant mais mes parents le sont, profondément (ils sont d’ailleurs abonnés à La Croix !), et je respecte leur foi, elle me touche.
J’ai un profond respect pour ceux qui ont le courage d’abandonner toute possession matérielle futile, que ce soit pour prier dans un monastère ou garder des moutons dans la montagne.  Il y a quelques années de cela, j’ai animé un atelier d’écriture dans un monastère près d’Arles, et c’était frappant de côtoyer des hommes qui avaient renoncé à toute possession personnelle.
On parle beaucoup de l’extrémisme religieux aujourd’hui et c’est un sujet qui nous touche tous au quotidien. Je n’ai pas voulu aborder ce sujet sous le prisme de la radicalisation trop conflictuel « à chaud », mais le « généraliser » et m’appuyer plutôt sur ce que je connais, sur ma culture.

Le religion est pour moi un miroir grossissant des aspirations humaines, elle peut emmener vers le pire comme le meilleur. La phrase clé de la chanson est bien sûr la dernière : « Dans la barbe de Dieu, chacun de nous voit, quelque soit son histoire, ce qu’il a envie de voir ». Celui qui veut tuer, il s’appuiera sur la religion pour justifier le passage à l’acte de cette pulsion violente qu’il a en lui. Celui qui veut prier, faire le bien, il s’appuiera aussi sur la religion pour donner une dimension « collective » voire « universelle » à sa compassion, son dévouement. La religion porte les idées de compassion et d’humilité qui manquent dans les sociétés modernes.  Mais j’ai été éloigné de la religion car j’y ai trouvé trop d’hypocrisie. Notamment dans le milieu bourgeois où l’on prie le dimanche matin et compte ses sous le lundi.

Ce projet est né d’une invitation à jouer dans la très belle abbaye de Noirlac, et pour donner une unité/direction à ce projet/album, j’ai toujours fait l’effort mental de me dire : est-ce que cette chanson aurait sa place dans le réfectoire de Noirlac (c’est là où nous avons joué). J’ai d’ailleurs également animé des ateliers d’écriture dans cette magnifique abbaye. D’où aussi, ces moments « planants » dans le disques, ces moments de « peu de sons », c’est en lien avec l’abbaye. »
(1) Ignatus, il ne s’agit pas d’Ignace en anglais (beaucoup de St Ignatius en pays anglo-saxon, n’est-ce pas?) mais de Ignatius Reilly, héros de « La conjuration des imbéciles », livre loufoque et décalé.

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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
Ignatus : les messes de Mozart et Bach.
Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Oui. Dans les abbayes cisterciennes.
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Des chœurs bouche fermée.
Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
Chants grégoriens, James Blake, « Laughing Stock » de Talk Talk, Le deuxième mouvement du concerto en sol majeur de Maurice Ravel.
Que chantent les anges  musiciens ?
« On ira tous au paradis » ?
Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Un chant de chaman.
Qu’aimeriez-vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Une des chansons de mon récent album, « Dans la barbe de Dieu ».
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?
James Blake,  Talk Talk, Radiohead, Ravel, Debussy, T. Monk, Bashung, Joao Gilberto, Fela.
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Serge Gainsbourg, Alain Bashung
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Le dernier album de Babx, «Ascensions ».
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Le silence.

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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