Charles Wright. De Johnny Hallyday à Charles de Foucauld. Musiques et expérience spirituelle.

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Charles Wright. Journaliste, éditeur, écrivain.
Vient de publier: « le Chemin du coeur. L’expérience spirituelle d’André Louf », 1929-2010, aux éditions Salvator, 21 €.
Historien de formation, Charles Wright est journaliste, éditeur et écrivain. Charles Wright a été également plume d’un ministre et a été novice dans un monastère cistercien. Il a notamment publié À quoi servent les moines ? (Éditions François Bourin, 2011) et Casanova ou l’essence des Lumières (Éditions Bernard Giovanangeli, 2008, Prix Guizot de l’Académie française).
Pour son récent essai consacré au moine cistercien Dom Louf, Charles Wright a durant une année interrogé de nombreux témoins et étudié les multiples écrits du père abbé. Un travail digne d’une « enquête policière », comme aime à le dire le journaliste… Pour lui, l’ermite Dom Louf était « un père spirituel » comme on en cherche tous. Abbé du monastère trappiste du Mont des Cats, puis ermite, André Louf (1929-2010) fut l’un des pionniers de l’aventure intérieure. Ce livre balise les chemins vers « la vie vivante » et vers le coeur profond : ce lieu de Dieu où la grâce, la paix et la joie coulent de source en chacun de nous. »
Présentation sur KTO.
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-Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
-Charles WRIGHT: Récemment, les Chants de l’extase de Hildegard von Bingen.
-Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Non seulement il aime la musique, mais il se sert d’elle pour entrer en relation avec nous. Je crois qu’il nous parle à travers une sonate, une mélodie qui sont comme des manifestations, des révélations de sa beauté.
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Je crois qu’on entend la playlist, la bande-son de sa vie. J’espère qu’y résonnent toutes ces chansons qui ont comptées, auxquelles sont associées des moments heureux ou malheureux de notre existence. Pour moi, parmi une multitude de titres : « Souvenirs, souvenirs » de Johnny, « Lets’ straighten out » de O.V Wright, « C’est pas vrai » ou « Ronsard 96 » de Dany Brillant, « La balade nord irlandaise » de Renaud, « Un homme heureux » de William Sheller, « Sur mon cou » et « Les voyages immobiles » d’Etienne Daho, « Les oiseaux (1) » de Balavoine, « Lemon tree », de Fools garden, associé à jamais à mon pote d’enfance, « Porque te vas » de Jeannette, ou encore « Space Oddity » de David Bowie.

-Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
Banalement : le grégorien qui est vraiment pour moi le chant de la prière, la mélodie qui exprime le plus justement les vagues de l’âme, les vagues à l’âme. Mais aussi les chants polyphoniques byzantins, notamment ceux qui sortent du chœur de l’abbaye de Chevetogne, en Belgique.
-Que chantent les anges musiciens ?
Les chants mélanésiens qu’on entend au début de La ligne rouge, le film de Terrence Mallick : https://www.youtube.com/watch?v=j924qaMb0d8 Ou le Gloria africain qui retentit au moment de l’apparition de l’ange à Joseph et à Marie dans L’Evangile selon saint Matthieu, le film de Pasolini.

-Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

« Et incarnatus est », extrait de la Messe en ut mineur K.427 de Mozart. La mélodie, les vibratos de la voix, le son de la flûte peuvent m’arracher des larmes.
-Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

Je me tairais. Il y a une mélodie dans le silence.
-Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?

« Demain c’est loin », de Iam.
-« ma souffrance », de Diams.
-« C’est écrit », de Francis Cabrel.
-« Requiem pour un fou » et « Derrière l’amour », de Johnny Hallyday.
– « Dis lui toi que je t’aime », de Vanessa Paradis.
-« Mama lova », de Oxmo Puccino.
– « Killing me softly with his song », des Fugees.
-Les offices du chœur de l’abbaye sénégalaise de Keur moussa.
– « D’aventure en aventure » de Serge Lama.
– « L’hymne des chérubins » et « Vierge pure » de Eucharistia. Chants de la liturgie orthodoxe en français (ensemble harmonie géorgienne).
-Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Le chant de la prière scoute : « Seigneur-Jésus, apprenez-nous à être généreux, à vous servir comme vous le méritez. A donner sans compter, à combattre sans souci des blessures…. »
-Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Mozart. Bruce Springsteen. Bach. Ottis Redding. Les Beatles. Teléphone, Leonard Cohen, etc,
-La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
« Les paradis perdus », de Christophe. « L’amour solitaire », de Juliette Armanet. Étrangement aussi : la voix éraillée de Zaz dans « Éblouie par la nuit ». Mais aussi les notes de piano de Bohemian raphsody (Queen), et l’harmonica de Bruce Springsteen dans The river ou Thunder Road qui suscitent, à chaque écoute, une émotion intacte.

-Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
« Pour moi, la vie va commencer », de Johnny H. La vie spirituelle est une perpétuelle marche en avant, un dynamisme, un pèlerinage, un élan. « Jamais arrière » était la devise de Charles de Foucauld que je reprends volontiers à mon compte.
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Sur le site de LA CROIX

Dom André Louf, à la découverte de l’homme intérieur

Deux ouvrages remarquables révèlent la richesse de Dom André Louf, qui sut s’accepter homme pour entrer en relation avec Dieu.

• Le Chemin du cœur. L’expérience spirituelle d’André Louf (1929-2010), de Charles Wright, Salvator, 296 p., 21 euros
• S’abandonner à l’amour. Méditations à Sainte-Lioba, de Dom André Louf, Salvator, 270 p., 22 euros
Que traduit le sourire lumineux de Dom André Louf, tel qu’il éclate sur la couverture du livre que consacre Charles Wright à celui qui, mort en 2010 à l’âge de 80 ans, fut abbé du Mont des Cats pendant trente-quatre ans ? La joie, sans nul doute, de vivre un compagnonnage quotidien avec Dieu, joie dont il témoignait auprès d’un très large public par ses conférences et ses écrits, au point de devenir l’une des plus célèbres figures monastiques et spirituelles du XXe siècle.
Mais ce sourire ne laisse rien transparaître de l’expérience spirituelle ô combien douloureuse vécue par le trappiste belge, à moins qu’il en soit l’accomplissement, ce qui pourrait expliquer le choix de l’éditeur…
Car c’est bien cette expérience intime, aux tréfonds de soi-même, que l’auteur a choisi de raconter ici, d’une plume d’une rare qualité, aussi dense que fluide. Dans sa préface – petit bijou d’introspection –, Charles Wright n’en fait d’ailleurs pas mystère : en plongeant dans la vie et dans les archives, parfois inédites, de Dom André Louf durant une année entière, il s’est trouvé un guide pour l’aider à traverser « le désert » de son existence.
Un ancien abbé avait dit à l’auteur : « Le propre de la paternité spirituelle est d’éveiller au désir de vie et de bonheur qui habite au plus profond de nous. » Désir de vivre, désir d’aimer Dieu et les hommes si souvent contrarié, empêché par des forces intérieures que l’homme ne peut pas contrôler, faute de les avoir identifiées et acceptées… Fin psychologue, doué d’un sens relationnel hors normes, Dom André Louf s’est attaché à partir à la rencontre de ce que saint Pierre appelait « l’homme caché du cœur » et saint Paul « l’homme intérieur ».
Tendant un miroir à l’âme du lecteur, le livre, fruit également de très nombreux entretiens avec les proches du moine, décrit les étapes de cette aventure intérieure, qui tient plus de la sortie en haute mer ou de la randonnée dans une forêt hostile que de l’aimable promenade de santé. Les remous, devenus parfois vagues insubmersibles, les obstacles qui ne semblent ne devoir céder à aucun levier de la volonté humaine, font partie intrinsèque de ce parcours dont la dureté peut conduire à le refuser.
Dom André Louf a fait lui-même, écrit Charles Wright, l’expérience de « ce chemin sur lequel chaque croyant s’engage, avance et progresse, croisant sur ce parcours des virages serrés qu’il faut savoir négocier, des passages à ne pas rater ». Entré au Mont des Cats à l’âge de 18 ans, dans les Flandres françaises, voisines de sa Belgique natale, le jeune Jaak (son prénom de baptême) vit des débuts monastiques pour le moins torturés.
Les questionnements intimes ne le lâcheront jamais. À quoi doit-il consacrer sa vie ? À la mission hors d’Europe ? À la recherche historique ? À la vie cloîtrée ? Aux avènements inattendus – son élection, à l’âge de 33 ans, comme père abbé du Mont des Cats – succèdent les épreuves – la difficulté du gouvernement, le refus de l’ordre des chartreux de la compter dans ses rangs, en 1972.
Et jamais André Louf ne cessera de chercher sa place. Et jamais, non plus, il ne cessera de faire partager aux autres la profondeur de ses interrogations et la richesse de ses prières. Ses méditations à Sainte-Lioba, en Provence, où il s’établit en ermite les dix dernières années de sa vie, en sont le lumineux témoignage.

Bruno Bouvet

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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