Andrée GRISE. « J’ai été invitée à jouer des instruments pour la gloire de Dieu »

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Andrée Grise. Auteur, compositeur, interprète.
Une artiste qui s’impose par sa voix et sa ferveur dans un répertoire à dimension spirituelle. Sa plongée dans le chant gospel au moment de ses études lui permet d’intégrer ensuite un groupe professionnel, Gospel Legend Sisters, dirigé par Jackon M’pongo. De sa maman Andrée a hérité le sens du courage, de la persévérance mais aussi de l’humilité et de la dignité dans les épreuves. Métisse d’origine camerounaise Andrée Grise  vient de sortir un EP de six titres (« Garder ma foi », label Decca) tout à son image, habité par la Parole de Dieu. Elle s’est entourée de musiciens en harmonie avec sa joie de croire et de chanter. Ils sont emmenés par Jean-Claude Ghrenassia aux côtés de Jean-Marc Reyno aux guitares, Amar Mohali aux percussions et Khalil Malouene au piano. Un vrai coup de coeur à découvrir et faire partager.
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Quelles sont les musiques, anciennes ou
récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
Andrée Grise: En musique anciennes il y a Händel « Messiah Hallelujah », « Thank you »
de Richard Smallwood. « For every mountain » de Kurt Carr. « Let me
touch you » de Kirk Franklin. Ce sont des chants qui m’ont beaucoup
touché par la beauté des choeurs et des arrangements, par la puissance
de l’interprétation et du texte. Et puis il y a tous les chants d’église
français qui sont tellement forts parce que j’en comprends le sens. Ils me
touchent profondément.
 – Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Oui. Les psaumes de David le prouvent. David louait Dieu et il jouait de la
musique. Il l’élevait. Les chants permettent de se connecter à Dieu. Ils
permettent de se préparer à la prière. Jésus dit aux pharisiens « S’ils
se taisent les pierres crieront ». Car lorsque Jésus entre à Jérusalem il
y a une foule qui crie et qui chante la gloire de Dieu. Et parfois, il se
peut que nous n’ayons plus la force de prier alors on chante.
« Chanter c’est prier deux fois », citation attribuée  à Saint Augustin. Psaume 33 :
Célébrez l’Eternel avec la harpe, jouez bien de vos instruments en
l’acclamant ! D’ailleurs c’est ce qui m’a incitée à jouer de la guitare. J’ai cru lire,
jouez de tous les instruments à la gloire de Dieu. J’y ai vu comme une
invitation.
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
 Je ne pourrais pas vousdire. Je ne sais pas. Il y a une chanson qui dit « Tu es ma lumière, tu me conduis, tu as donné un sens à ma vie, et tu m’as aimé, tu t’es
donné, je te louerai pour l’Éternité ». Des musique qui rappellent tous
les miracles de Die u et très rythmées.
 – Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?
La louange. Toutes les louanges qui rappellent la puissance, la bonté
de Dieu. Sa miséricorde envers nous et sa fidélité. Et les louanges où
nous l’appelons où nous le supplions de répondre à nos prières.
Que chantent les anges musiciens ?
Ils doivent intercéder pour nous, ils doivent certainement implorer
Dieu d’avoir pitié de nous et de bien vouloir nous pardonner.
Encore et encore. Voilà pourquoi Dieu nous pardonne.
Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Ce serait un chant d’adoration.
–  Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Je lui dirai sûrement merci. Merci mon Dieu d’avoir répondu à mes
prières, d’être toujours resté à mes cotés même quand je croyais
que tu n’étais pas là. De m’avoir rendu capable. Je sais que tu m’as
toujours gardée alors merci et prends soin des miens. Que la
bénédiction qui était sur ma vie se prolonge toujours dans la vie de
ceux que j’aime et qui me sont chers.
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
 J’apporterai plutôt ma guitare. Ainsi je pourrais jouer toutes
les chansons. C’est vrai. Si je suis sur une île déserte j’en
composerai des nouvelles et j’aurais ma guitare pour en créer
infiniment. D’ailleurs dans Esaie il y a écrit « Chantez un cantique
nouveau, chantez ses louanges aux extrémités de la terre, vous
qui voguez sur la mer, Iles et habitants des îles ».
Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Là comme-ça je ne vois pas. J’ai tellement écouté de musiques et
ce depuis l’enfance. Donc, peut-être un refrain chanté par Michael
Jackson.  Billie Jean ou Thriller. Je m’enrichie et je me nourris de
styles musicaux de tous horizons. En fait il y a bien un chant que
j’ai entendu dans une église, chanté par une chorale mais
impossible de m’en souvenir c’était un chant en français,
MA-GNI-FIQUE. Ca m’a marqué parce-que c’est à ce moment que j’ai
reçu mon appel. Celui d’honorer ma promesse chanter mes plus beaux
chants pour Dieu.
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour
vous ? 
Il y a les compositeurs de musiques classiques bien sur,
j’apprécie beaucoup Frédéric Chopin, Sergei Rachmaninoff, pour les
auteurs-compositeurs, Stevie Wonder, Marvin Gaye. Aretha Franklin.
Jean-Jacques Goldman, Charles Aznavour et Jacques Brel. Et pour
les interprètes Shirley Bassey et Whitney Houston. Je me suis exercée
sur leurs voix d’ailleurs. Luciano Pavarotti. Alors je ne me lasse pas
d’écouter ses interprétations. J’ai tenté de trouver sa biographie. pour
connaitre son chemin et sa méthode de travail. Je suis une grande
fan, je regrette de ne pas l’avoir vu chanter pour de vrai. Dans le Jazz il y a Nina Simone. Incomparable. Il y a aussi U2, Elton John et Phil colins.
Et les génies du gospel Richard Smallwood, Kirk Franklin. Pour ne
citer qu’eux. Tous comptent. Mon oreille a été éduqué, formé par tous
ces chanteurs, interprètes et compositeurs. Mais le fond, le contenu,
ce qui rend vrai ma musique, ce qui la rend vivante c’est bien l’amour
que j’ai pour Dieu. Et l’amour qu’il me rend.
 – La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une
chanson, laquelle était-ce ?
Cet été j’ai regardé l’émission TV « Musiques en fête 2016 » à
Orange. Très belle émission d’ailleurs et j’ai été émue et touchée
par deux chants. Je me suis dit que si je n’avais pas été une
chanteuse de gospel j’aurais aimé être une cantatrice. Bon encore
aurait-il fallu avoir l’organe. Et j’ai pensé qu’à bien des égards
l’Opéra et le Gospel se ressemblent, se rencontrent. Ce sont des
musiques qui vous soulèvent et qui ne peuvent pas vous laisser
indifférent. Leurs échos sont purs.
Saint-Saëns « Samson et Dalila » interprétée par Alisa Kolosova et
Boito « Mefistofele » finale, les Phalanges Célestes interprétée par
Vitalij Kowaljow et Florian Laconi. Honnêtement, je crois que je l’ai
postée sur ma page facebook. J’ai écouté et réécouté. La beauté
du choeur,  j’ai été émue aux larmes par ces deux chants.
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Il serait tous les sons qui nous touchent, ceux qui s’écoutent dans
le silence. Lorsque le temps semble s’arrêter…
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A voir sur la chaîne KTO. Son premier intime (21/05/2016)
A lire dans La Croix du 13/12/2016

Andrée Grise, dans la lumière du gospel

Choriste dans de grands ensembles de gospel pendant des années, Andrée Grise chante aujourd’hui sa foi haut et clair, en solo.
Andrée Grise, à l’église Saint Augustin à Paris, le 12 mars 2016

Andrée Grise, à l’église Saint Augustin à Paris, le 12 mars 2016 / DECCA

Andrée Grise déborde de projets. 2017 doit marquer un tournant pour la musicienne qui sortira un premier album solo. Avec déjà à son actif Garder ma foi (1) un EP (Extended Play, mini-album de quelques chansons), Andrée Grise fait entendre sa voix. Un gospel plein de fraîcheur et de justesse qui chante haut et clair la louange de Dieu.
Il lui faut maintenant faire en sorte d’être « découverte » pour s’imposer dans le métier : sortir son album, donner des concerts, faire des « premières parties », faire parler d’elle, passer à la radio, sur Internet… Un parcours semé d’embûches que la chanteuse de 39 ans trouve nettement plus compliqué que d’écrire des chansons ou de les interpréter.
« La musique n’est pas un souci. Des morceaux, j’en ai plein ! La composition, c’est pour moi la chose la plus simple, confie Andrée Grise. Et aussi loin que je me souvienne j’ai toujours chanté, proposé des mélodies. »

« Je suis en accord avec ce que je veux »

La difficulté, c’est de surmonter une timidité qui l’a conduite à rester pendant des années dans le relatif anonymat des chœurs plutôt que d’affronter la surexposition du soliste. Et d’accomplir un parcours auquel cette femme, mariée et mère de deux enfants, ne se destinait pas à l’origine, mais qui est devenu une évidence.
« Aujourd’hui, j’ai l’impression que je suis en accord avec ce que je veux, ce que je devrais être, en accord avec moi-même », confie Andrée Grise. Son chemin est passé par de nombreuses étapes, et, à un moment décisif, par un appel, un besoin, celui de chanter sa foi.
D’abord, il y a eu l’enfance parisienne d’une fille unique, entre une mère entrepreneur et un père engagé en politique. Sa mère, aujourd’hui décédée, originaire du Cameroun, a été la « première femme noire à créer des produits ethniques pour les cheveux des Noires et les salons de coiffure spécialisés, à Barbès dans les années 1970 » sous la marque Miss Bamy. Son père, lui aussi décédé, travaillait dans l’équipe d’un député socialiste des Yvelines. Andrée est timide, mais sa mère, qui chante elle-même, lui dit : « Tu devrais te mettre au gospel ! »

Choriste, à l’école du gospel

La jeune fille se lance « pour travailler (sa) voix », mais entreprend des études sans rapport avec le chant. Un BTS action commerciale, un premier emploi dans l’informatique… « Et puis j’arrête pour me lancer dans la musique ! » Andrée devient choriste du groupe Gospel Legends qui se produit toujours en France, à l’étranger, et anime des soirées privées.
« Choriste, ça forme au métier, et à s’adapter, raconte-t-elle. Lors des soirées événementielles, le client arrive avec la liste des chansons qu’il veut entendre. Il faut prendre la partition et se lancer. Le gospel, pour sa part, forme à la résistance vocale. Dans ce type de soirées et dans les concerts gospel, on attend toujours de nous la performance vocale et physique. » Une rude école. La jeune femme sera choriste, entre autres, du chanteur canadien Marc Antoine et du jazzman italien Raphaël Gualazzi.

« L’envie de chanter des prières »

Elle a envie d’aller plus loin. « M’entendre dire que j’avais une belle voix ne me suffisait plus. » André Grise se demande pourquoi elle chante « Et j’ai senti un appel. L’envie de chanter des prières, de louer Dieu, de le remercier. » Comme elle veut « dire quelque chose qui me ressemble », ce sera en français, même si elle peut interpréter les gospels traditionnels anglais. « L’Évangile, la bonne nouvelle, les valeurs partagées, la paix, nous les recevons directement en français », dit-elle.
Andrée Grise apprend à jouer de la guitare, alors qu’il lui paraissait impossible de se passer d’accompagnateur, et commence la scène en solo. « La foi a été ce qui m’a aidé à tenir, à briser toutes les paroles d’opposition. La parole biblique j’y crois, elle me dit que malgré l’âge, le temps qu’il faut, il est possible d’atteindre ses rêves, son objectif. »
Aujourd’hui, en plein mixage de son album, toujours en train de suivre ses cours de guitare, de travailler, elle chante des hymnes radieux, comme Il Est ou Que ma louange, des chansons où elle « se met à nu » et partage ardemment sa foi. « Je le fais, il se passera ce qu’il devra », explique-t-elle simplement. Sa musique, son parcours, sa sincérité, sont aussi « une façon de montrer à mes enfants comment se comporter dans la vie et les aider à chercher leur propre vérité ». Sans être à l’abri du doute, Andrée Grise avance sur son chemin.
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Son inspiration. Sa mère
« Si je suis devenue ce que je suis, c’est par parallèle avec ce que ma mère a vécu. Cette sagesse, cette force dont elle faisait preuve. C’était une femme qui ne lâchait rien et qui s’est battue avec humanité pour ce en quoi elle croyait. Elle qui est venue du Cameroun, restait reconnaissante envers la France où elle a bâti une entreprise. C’est elle qui m’a mise au gospel. Croyante, elle a semé la foi en moi sans me l’imposer. Il faut être prêt pour faire ce métier. On est tellement à nu, à découvert. Si on n’a pas en soi des choses solides, on peut vite se perdre.
Il faut être bien entouré, avoir grandi et vivre avec les bonnes personnes. Quand je regarde quel a été mon chemin, j’y reconnais l’aide de plusieurs personnes. Et surtout celle de ma mère. »

Nathalie Lacube

(1) Garder ma foi, EP Decca/Universal, six titres à télécharger sur Internet.

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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