Sébastien Fath. « Dieu est bon public. Il est bon tout court. »

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Sébastien Fath. Historien.

Né à Strasbourg en 1968, Sébastien Fath est un historien français, chercheur au CNRS, spécialisé sur le protestantisme évangélique et la francophonie protestante. 
Auteur ou co-auteur de 16 ouvrages, il est rattaché au laboratoire GSRL. http://www.gsrl.cnrs.fr/fath-sebastien/
Il a participé comme un des intervenants au documentaire « Protestants de France », en deux volets, diffusé sur France 5 les 24 avril et 1er mai 2016. Un panorama suggestif.
Il se définit comme laïque et chrétien, avec un côté « Free lance subversive » (Cf le film Brazil, de Terry Gilliam).
Amateur de musique, de voyage et de technologie numérique, il anime un blog intitulé http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/.
Il prépare un essai consacré au Gospel francophone.
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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
Sébastien FATH: J’écoute beaucoup de musique d’inspiration et d’expression chrétienne, et pas seulement parce que je prépare un livre sur le Gospel francophone. Dans cette veine, je citerai une découverte de ces dernières années que j’écoute parfois en boucle, Louez l’Eternel, de l’ensemble vocal féminin ivoirien La Harpe de David. Mais Dieu n’est pas enfermé dans le registre de la « musique chrétienne ». Par exemple, Joseph de Moustaki, ou Jésus, de Laurent Voulzy, disent en creux bien des choses sur Dieu, l’incarnation, l’humanité.
 – Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Oui. Je crois même que parfois, il la fait. « Je joue les notes telles qu’elles sont écrites, mais c’est Dieu qui fait la musique » (Bach).
 -Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Et si le paradis c’était aussi l’harmonie d’une immense chorale ? Avec du chant choral jamais entendu avant. Une myriade de voix différentes qui n’en font plus qu’une seule.

– Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
La musique Gospel invite à la prière de reconnaissance et de louange. Amazing Grace, par exemple, quel élan ! Pour l’adoration, je préfère une mélodie instrumentale sans parole. Selon que l’adoration soit solaire, ou plus troublée, la musique ne sera pas la même. Dans le second cas, l’adagio pour cordes de Samuel Barber élève et fait vibrer comme peu de musiques savent le faire. Pour l’intercession, notamment quand les fardeaux sont lourds et que gronde la révolte contre l’injustice, des formes plus âpres sont possibles. Je pense à Beds are burning de Midnight Oil, un de mes groupes préférés, ou même au rock Métal, comme The Eyes of Sharbat Gula du groupe Nightwish, que je suis allé voir en concert à Bercy.
– Que chantent les anges  musiciens ?
 Je l’ignore. Mais Bach le sait, je crois….
-Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Tout dépend du type de prière qu’on adresse.

– Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Je suis chrétien. Ma foi s’adresse à un Dieu que je rencontre tous les jours ! Et je lui chante beaucoup de choses, c’est l’inspiration qui dicte. J’aime chanter. Je joue aussi de la musique, plutôt en autodidacte (piano, guitare, violon). Je chante ce que j’aime. Dieu est bon public. D’ailleurs, il est bon tout court.
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?
Sur une île déserte, pour garder le moral, je ne prendrais que Tina Turner, Simply the Best, que je m’écoute aussi quand je fais mes pompes ! Non, je blague…. (quoique). En cliquant sur ma bibliothèque numérique iTunes, je vois 4736 morceaux. Il faut 12,4 jours pour les écouter à la suite… J’ai l’embarras du choix. S’il ne fallait en retenir que cinq, je dirais Peace in the Valley (interprétation Elvis Presley), Way Maker (de la chantre nigériane Sinach), Moi mes souliers, de Félix Leclerc, Sentinel, de Mike Oldfield, et Gabriel’s Oboe d’Ennio Morricone, pour le film The Mission. Pour compléter le Top 10, je rajouterais la Passion selon Matthieu de Bach, Grace du groupe U2, The miracle of Love d’Eurythmics, le chant Gospel Amazing Grace, et le Requiem de Mozart.
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Mes enfants m’ont beaucoup entendu le fredonner. Ils ne me contrediront pas. Il s’agit du refrain de Un jour un jour, de Louis Aragon, interprété par Marc Ogeret: « Un jour pourtant, un jour viendra couleur d’orange /
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
/ Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
 / Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
Bach, Mozart, Haendel sont des évidences, mais aussi Oum Kalthoum, Amalia Rodriguez, et la Lauryn Hill de l’album MTV Unplugged.. J’aime les voix inspirées ancrées dans la vie, qui s’éloignent du mainstream et de la presse people. De ce point de vue, il y a des choses extraordinaires dans le rap, mais je ne connais pas assez pour en parler. Parmi beaucoup de noms possibles, je savoure et apprécie beaucoup Sade Adu, dont j’ai tous les albums, le groupe australien Midnight Oil, Nneka, Mark Knopfler, et bien-sûr l’immense Edith Piaf. J’étais, et reste aussi un grand fan de Moustaki, que je suis allé écouter deux fois en concert. « Et pourtant dans le monde, d’autres voix me répondent »…. Je puise aujourd’hui beaucoup d’énergie dans les registres créatifs du Gospel francophone afro-carribéen. Marcel Boungou ou Jessica Dorsey, par exemple, ou encore Pasteur Guy dans Je suis dans la joie…. « Car Yahweh m’a libéré ».
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
Ce week-end, en écoutant WHAT IF, de Nichole Nordman, que Prince, avant sa mort, aurait paraît-il interprétée.
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Les paroles de cette chanson, un certain rabbi Yeshua les a peut-être écrites un jour dans le sable, face aux pharisiens qui voulaient lapider la femme adultère.
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A lire dans LA CROIX du 27/08/2008.

Sébastien Fath, chercheur blogueur

Lancé en 2006, le blog de Sébastien Fath, plutôt tourné vers l’Amérique, permet à cet historien et chercheur au CNRS de décrypter l’actualité sous l’angle de la religion tout en partageant ses recherches

Barack Obama saura-t-il souffler à son rival John McCain les voix des évangéliques, traditionnellement plus acquis au candidat républicain qu’au démocrate ? C’est là tout l’enjeu des trois prochains mois, souligne Sébastien Fath.
Pour ce blogueur qui a choisi de décrypter l’actualité sous l’angle de la religion, parallèlement à ses recherches au CNRS sur le protestantisme évangélique, les élections américaines sont un laboratoire d’étude à nul autre pareil. Il suffit de se rappeler le poids du vote des évangéliques dans l’élection de George W. Bush.
« Il reste à Obama beaucoup de travail à faire du côté de l’électorat évangélique blanc. Du côté des Afro-Américains, il a su atteindre une crédibilité suffisante dans ces milieux pour que le « God Gap » (le gouffre qui sépare un Parti républicain abonné au vote religieux et un Parti démocrate désespérément en mal d’électeurs croyants) ne soit plus, pour les démocrates, un handicap insurmontable », analyse Sébastien Fath sur son blog.

Sorte d’atelier de travail virtuel

Loin des clichés, de tout prosélytisme et non sans humour, ce chrétien résolument laïque et républicain propose chaque semaine de précieuses clés de lecture d’un courant devenu aujourd’hui l’une des composantes du christianisme mondial.
Originalité de ce blog lancé en 2006, le chercheur y tient aussi ses internautes au courant de ses travaux en cours… Sorte d’atelier de travail virtuel, Internet lui offre un espace de réflexion collective pour « donner des coups de sonde ». Dernier exemple en date : au moment de boucler son ouvrage sur les méga-églises, Sébastien Fath a publié une première version sur le blog et sollicité les corrections des internautes, qu’il a ensuite insérées dans la version finale.
« Le chercheur doit attendre en moyenne un an avant publication de son article. Pendant des mois et des mois, il n’a aucun retour sur son travail. Sur Internet au contraire, j’ai des réactions très stimulantes et quasiment immédiates. Cela évite de rester dans sa tour d’ivoire, en perpétuel décalage avec le public. »
Tourné vers l’Amérique, Sébastien Fath projette aussi pour les prochains mois d’explorer les églises d’immigration en France. « C’est là que ça bouge aujourd’hui. En région parisienne, huit protestants sur dix sont afro-antillais, souligne-t-il. C’est un phénomène récent et encore peu connu. »

Céline HOYEAU

 
 

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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