Anne ETCHEGOYEN. « Chanter mon chemin, mon Compostelle »

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Anne Etchegoyen. Chanteuse. Pèlerine sur les chemins de Compostelle.

Le dimanche 5 juin 2016, dans le cadre du 2e Forum des chemins de pèlerinage (Forum 104, Paris), la chanteuse basque Anne Etchegoyen, elle-même pèlerine des chemins de Saint-Jacques, interprètera quelques titres de son répertoire, accompagnée par le guitariste Jérôme Levatois, en avant-première d’un prochain concert à l’Olympia le 27 février  2017 et de la sortie d’un CD le 27 janvier 2017. Le concert de ce dimanche sera suivi d’un échange.
En pratique: dimanche 5 juin au Forum 104 (chapelle Notre-Dame-des-Anges, 102 bis rue de Vaugirard – 75006 Paris), de 14 h 30 à 16 h. Tarif : concert inclus dans le pass du 2e Forum des chemins de pèlerinage pour le week-end (20 euros) ; concert seul : 8 euros (dans la limite des places disponibles). Rens. : 01 45 44 01 87 ou forum104pelerinage@gmail.com
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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes,  évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?
 –Anne ETCHEGOYEN : Hélas, des chants de messe d’enterrement. Des basques comme Gurekin egon, ou bien Trouver dans ma vie ta présence. Des chants très réconfortant malgré la peine éprouvée à la perte d’un être aimé.
Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Sans aucun doute.
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Je suppose qu’on y entend au moins celles de tous nos artistes disparus J Je me souviens avoir dit à ma grand-mère dans ces derniers moments qu’elle pourrait boire du champagne (sa boisson favorite) avec son mari retrouvé au Paradis en écoutant chanter Luis Mariano qu’elle adorait. Et j’espère que nos chants sur terre passent les frontières spirituelles jusqu’à être entendus plus haut !
Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent  à la prière ?
Les musiques du Monde, les chants interprétés par des enfants ou des chœurs, les chants A capella. Certains chants basques. Quoiqu’il en soit, je crois que chacun peut avoir un chant correspondant à un moment référent de sa vie qui peut inviter à la prière. C’est plutôt une affaire personnelle, comme un couple d’amoureux peut avoir son chant. La prière comme les affinités musicales sont très subjectives.
Que chantent les anges musiciens ?
 Seuls ceux qui sont au Paradis le savent.

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
 A titre personnel Gurekin egon ou bien Trouver dans ma vie ta présence
Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Je pense qu’il m’aura déjà entendu depuis la terre, aussi en premier lieu lui poserai-je quelques questions.
Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?

  • Hey Ya (Obadia Parker) L’amour a tous les droits (Ismael Lo).
  • Hegoak (Txoria Txori)
  • Il est un coin de France
  • Guaranteed (extrait BO Into the Wild)
  • The Boxer (reprise par Mumford and Sons)
  • Gurekin egon
  • The sound of silence
  • Todo Cambia (chanté par Mercedes Sosa)
  • Gracias a la vida.

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
 Me haces bien (de Jorge Drexler chanté par Mercedes Sosa)
Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
 Violeta Parra, Simon and Garfunkel, Mercedes Sosa, Eddie Vedder, Xoel Lopez, Mikel Urdangarin, etc,.
La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
 Une chanson que je prépare avec Patxi Garat en basque et français pour mon prochain album, qui parle de ma grand-mère partie en mars dernier, et à qui je tenais beaucoup.
Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
 Gracias a la vida !?
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Le site: http://www.anne-etchegoyen.com/
A lire dans LA CROIX du 7/01/2016

Anne Etchegoyen, marcheuse au chœur basque

 
La chanteuse vient d’accomplir le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, point de départ d’un album à paraître au printemps.
Pas moins de 880 kilomètres, de Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques), sa terre natale en Pays basque, à Saint-Jacques-de-Compostelle. Puis un album, inspiré par ce pèlerinage. Son « Compostelle », Anne Etchegoyen l’avait maintes fois imaginé sans jamais le mener à bien. Jusqu’à ce qu’en 2015, il s’impose à elle, porté par une conjonction de besoins.

La chanteuse née en 1980 n’est pas une inconnue. En 2013, notamment, sa voix cristalline porte un album grand public, Les Voix basques, où elle revisite des chansons du répertoire, accompagnée d’une chorale d’hommes, le chœur Aizkoa. Les concerts se jouent à guichets fermés. Le CD se vend à plus de 70 000 exemplaires.
Pourtant, Anne Etchegoyen ne se sent pas « en phase » avec son travail. Bilingue en français et espagnol, elle ne parle pas « sa » langue, le basque. « Cela me pesait », se souvient-elle. Déterminée, elle s’enferme six mois dans un barnetegi – un établissement où faire cet apprentissage difficile.
À sa sortie, elle s’affirme, devient une voix qui compte, féminine qui plus est, dans un monde masculin. Artiste et productrice, elle œuvre avec ardeur pour que les « musiques à identité culturelle minoritaire » soient diffusées le plus possible, dans les salles et sur les ondes.

La nécessité de « sortir de la boulimie et de la vitesse »

Dans son esprit chahuté par les nombreuses obligations, la nécessité s’impose pourtant de « sortir de la boulimie et de la vitesse ». De retrouver des images d’autrefois, aussi, lorsque, fillette, près de l’entreprise avicole familiale, elle voyait passer les pèlerins. Et chantait pour eux dans la chapelle des Franciscains.
« Nous vivions dans un ensemble de bâtisses, ma grand-mère d’un côté, mes parents, ma sœur et moi de l’autre », raconte-t-elle. Si précieuse, cette grand-mère s’en est allée en mars 2015, à 83 ans.
« Quand nous avons su qu’elle n’en avait que pour quelques jours, toute la famille s’est retrouvée dans sa chambre, y compris des personnes qui ne se parlaient plus. La chorale Haizegoa est venue jouer, elle a trouvé la force d’applaudir, de boire un peu de champagne. Et elle qui boudait la religion a demandé un prêtre. Nous avons communié, prié avec elle », se souvient Anne Etchegoyen.

« Compostelle », une évidence

« Compostelle » devient alors une évidence. « J’avais besoin de cette passerelle de la foi », explique la chanteuse. Elle fixe la date de son départ, lundi 21 septembre. Et s’engage avec Credo, le label religieux d’Universal Music qui produira le fruit de cette expérience.
« Ce contrat m’a obligée à me mettre en état de créativité », se félicite-t-elle. Enfin, en ce dernier jour d’été, elle laisse derrière elle sa maison natale. En amont de sa longue marche, Anne Etchegoyen avait imaginé que des musiciens la rejoignent, ou que des « invités » viennent partager des impressions sur son parcours. Mais peut-on « planifier » un pèlerinage ? Les dix premiers jours, dans cette terre basque du sud, côté espagnol, elle est une célébrité accueillie partout, choyée. Un vendredi soir au terme de sa première semaine, elle donne un concert et se sent de nouveau happée par son métier. « J’ai pris conscience que je ne souhaitais plus de visites. Je voulais penser à moi, à ma vie. »

« Le temps s’est enfin arrêté »

Célibataire sans enfant, un peu inquiète à l’idée de passer à côté de ce bonheur-là, elle se plonge dès lors dans « son » pèlerinage, intensément. De Zubiri à Pampelune, elle marche seule : « J’ai vu un panneau, se souvient-elle, une flèche bleue indiquant une petite chapelle. J’ai laissé la grande route et je l’ai suivie, ça montait. Sur place, j’ai enlevé mon sac à dos, emprunté un escalier en pierre, fait sonner la cloche, admiré le panorama extraordinaire, prié avec une sœur. Le temps s’est enfin arrêté ».
En un mois, Anne Etchegoyen a connu six jours de pluie, « où l’on se demande ce qu’on fait là ». Et du vent dans les oreilles, ou des ampoules qui obligent à passer par les urgences. Mais chaque soir, elle connaît ce bonheur exaltant, une fois douchée, de partager un verre, de préparer l’étape du lendemain, le nombre de kilomètres…

« Mon chemin, Mon Compostelle »

Le 21 octobre, enfin, Saint-Jacques-de-Compostelle se présente. Elle se pose la veille à 5 kilomètres pour dormir, afin d’atteindre la cathédrale au matin calme. « À 8 heures, les cloches ont sonné pour nous. À 8 h 04, les premiers camions arrivaient, les premiers touristes peu après. » Elle poursuivra jusqu’à Muxia, et la chapelle Notre-Dame-de-la-Barque, face à l’océan.
« Saint-Jacques, commente-t-elle, cela te donne foi en toi pour d’autres défis. » Son album sortira au printemps. « J’aimerais qu’il s’appelle Mon chemin, Mon Compostelle. Un disque au gré de mes pérégrinations, avant le reste de ma vie. »
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Les « vertus humanistes » du chant choral
« La solitude ne me gêne pas, et j’ai besoin de me retrouver seule pour être bien avec les autres, explique Anne Etchegoyen. Pour autant, je viens du chant choral. Ma mère était secrétaire de la fédération du Pays basque, de sorte que déjà toute petite, j’assistais à des concerts de chœurs.
Il existe un rôle social de la chorale, elle est aussi porteuse de vertus humanistes, car elle permet la rencontre, les échanges d’énergies et les sourires ! En vérité, je ne m’imagine pas faire un disque tout entier où je chanterais seule. »

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A lire sur le site de l’hebdomadaire Pèlerin au au 11 mai  2016.

« Compostelle », un concert-rencontre d’Anne Etchegoyen
Gaële de La Brosse
Pèlerin : Vous venez d’effectuer le pèlerinage de Compostelle au départ de Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques), votre terre natale. Comment est né ce projet ?
Anne Etchegoyen : Mon projet est né il y a plusieurs années. Je suis originaire de Saint-Palais, dans le Pays basque intérieur, et durant toute mon enfance j’ai vu des pèlerins qui traversaient le village, certains pour dormir au couvent des franciscains avant de reprendre la route au matin.
Puis, fin 2012, après une rupture sentimentale, j’ai ressenti un besoin profond de prendre le large, simplement, légèrement, pour faire une introspection. Mais à cette époque, je préparais le projet des « Voix Basques » qui devait aboutir quelques mois plus tard ; aussi ai-je dû repousser mon départ.
Ce concours de circonstances m’a permis de mûrir l’idée et de me préparer. En 2015, j’ai perdu ma grand-mère paternelle dont j’étais proche, et j’ai pu constater à quel point, dans ces moments, il est nécessaire, voire salutaire, de croire et se rattacher à une force supérieure divine. Je me suis beaucoup interrogée sur le besoin de croire, a fortiori aujourd’hui, dans notre société en quête d’identité. C’est à ce moment que j’ai fixé la date du départ.
Comment s’est déroulé ce pèlerinage ?
Il s’est très bien passé. D’abord en termes de conditions physique et météorologique, qui sont deux points essentiels : seulement six jours de pluie en un mois et deux jours de marche, et seulement quelques ampoules à partir de la troisième semaine.
Mes souvenirs concernent surtout les rencontres humaines et les lieux. Je voulais et suis partie seule, mais j’ai croisé de nombreux pèlerins, et il est toujours très enrichissant et porteur de réflexions d’apprendre un peu de leur histoire, de savoir ce qui les a poussés à prendre la route.
Parmi mes meilleurs souvenirs, je citerais : la chapelle de Zabaldika, entre Zubiri et Pampelune, où j’ai vraiment vécu un moment de plénitude ; l’arrivée à Saint-Jacques au petit matin, pour être seule sur la place en entendant les cloches sonner à 8 heures ; ma rencontre avec Pascal, un pèlerin parti en mai 2013, qui avait été jusque Fatima et revenait à pied pour travailler chez Emmaus. Il avait quitté sa maison après avoir perdu femme et enfant dans un accident, et sombré dans l’alcoolisme.
N’avez-vous pas souffert de la solitude ? Était-elle nécessaire ?
Non, je n’en ai pas souffert du tout. Je crois que selon les personnes et leurs motivations respectives, elle est nécessaire ou pas. Me concernant, dans mon souhait de marche introspective, elle l’était.
Chantiez-vous en chemin ?
Cela m’est arrivé, dans quelques églises ou chapelles, ne serait-ce que pour le plaisir de l’acoustique. J’ai également chanté au cap Finisterre où m’ont rejoint mon guitariste, Jérôme Levatois, et un ami auteur compositeur, Patxi Garat. Ou encore lors d’une messe dans la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, deux jours après mon arrivée. Et enfin, dans la chapelle de Muxia, au bord de la mer.
Vous avez en effet poursuivi jusqu’à l’océan. Comment cet épilogue de votre voyage s’est-il imposé à vous ?
Au fur et à mesure que l’on marche, on échange et on apprend des choses. J’avais eu la chance d’être préparée et conseillée par le président de l’association jacquaire de mon département, Bertrand Saint-Macary, qui m’avait donné beaucoup d’informations et de références historiques. Il m’avait notamment appris qu’auparavant, les pèlerins allaient jusqu’à Muxia.
Mais c’est d’abord le passage au cap Finisterre (Fisterra, en galicien) qui s’est imposé à moi. Au bout de 800 km, je n’en étais plus à 80 près ! J’avais envie d’aller « au bout du bout », « là où on ne peut aller plus loin ». La fin de l’histoire était ainsi plus concrète…
Aviez-vous l’intention de produire un CD sur Compostelle au retour, ou l’idée a-t-elle germé sur le chemin ?
J’en avais l’intention avant. Je suis chanteuse, et c’est un état. Aussi, comment une expérience aussi importante et chargée de sens dans ma vie pouvait-elle ne pas influencer ma nature d’artiste ?
Votre CD paraîtra le 27 janvier 2017, et vous vous produirez à l’Olympia à partir du 27 février 2017. Quel en sera le titre ? Chanterez-vous en français, en basque ou en espagnol ?
Je chanterai majoritairement en basque, mais aussi en français et espagnol. Il devrait s’agir d’une histoire en 12 chansons, racontant quelques étapes, quelques états même, par lesquels je suis passée durant ce pèlerinage. Le titre (provisoire) est « COMPOSTELLE, du Pays basque à Saint-Jacques ».
Pour ce concert, où avez-vous puisé votre inspiration ? Dans l’histoire du chemin ? les rencontres ? les paysages ?
Un peu dans l’histoire, mais il s’agira surtout de mon propre chemin. De ce qu’il m’a apporté, dans mes réflexions de femme, de Basque. En fait, partir si loin à pied en ces moments curieux que vit le monde n’a fait que renforcer mon appartenance à ma terre natale. Savoir d’où je suis pour mieux savoir où aller. Renforcer mes croyances. Peut-être croire davantage en moi. En somme, le chemin est à tous, mais chacun y fait le sien.
Allez-vous ensuite faire une tournée en province ?
Oui, et sans doute aussi en Espagne.
Si vous deviez résumer ce que ce chemin vous a apporté ?
Les choses n’ont que l’importance qu’on leur donne.
 
 
 

Une réponse à “Anne ETCHEGOYEN. « Chanter mon chemin, mon Compostelle »”

  1. Avatar de pascal guillot
    pascal guillot

    Oui, c’est bien de défendre votre patrimoine basque et le plaisir de le chanter.
    En revanche, oublierait-on de penser à panser la transmission du patrimoine au sens large du terme ? l’art du chant s’apprend comme la lecture des partitions (qui ne sont pas des fiches avec qq accords ?).

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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